Au procès Merah, la douleur déchirante des parties civiles

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Par AFP
Publié le 25 octobre 2017 - 16:44
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Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire tué par Mohamed Merah, et présidente d'une associat
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Latifa Ibn Ziaten (c), mère du premier militaire tué par Mohamed Merah, et présidente d'une association pour promouvoir la paix auprès des jeunes, au tribunal de Paris, le 2 octobr
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Mohamed Merah a fait bien plus de sept victimes: des parents et des proches sont venus le rappeler mercredi devant la cour d'assises de Paris où le frère du tueur est jugé, exprimant leur douleur intacte plus de cinq ans après les faits.

Entre larmes et colère, ils ont raconté, chacun avec ses mots, comment ils ont appris la mort de leur proche, leur incompréhension, leur vie brisée et leur deuil impossible.

Certains ont aussi exprimé leur révolte face à l'attitude d'Abdelkader Merah à l'audience et sa façon d'"instrumentaliser" l'islam.

Abdelkader Merah est jugé pour "complicité" des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed, qui avait ensuite été tué par la police. Il comparaît auprès d'un délinquant, Fettah Malki, qui a fourni l'une des armes et un gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah.

"L'islam, c'est la paix, pas la haine et la terreur, ce n'est pas tuer des enfants innocents. C'est vivre avec les autres, apprendre des autres, ce n'est pas convertir les autres", a dénoncé Albert Chennouf, père d'un militaire tué à Montauban.

"J'ai beaucoup entendu parler de l'islam durant ce procès mais cet islam-là, je ne le connais pas, c'est une couverture pour une autre religion qui s'appelle terrorisme. Tous ces jeunes qui se disent musulmans nous causent du tort. A cause d'eux, on est stigmatisé deux fois", a dénoncé Ahlem Legouad, sœur aînée d'un autre militaire tué à Montauban.

Une autre de ses sœurs, Radjia, a dit avoir découvert à l'audience "un sixième pilier de la religion musulmane: le jihad": "Je suis petite-fille d'imam et mon grand-père ne m'a jamais inculqué ces valeurs-là".

"Il y a dans cette salle beaucoup de super-avocats mais c'est comme une scène de théâtre. Moi, c'est mes tripes que je vous donne aujourd'hui pour faire front à ces assassins", a-t-elle ajouté.

- 'Eichmann de quartier' -

"Est-ce cela, la loi d'Allah?", a lancé à l'accusé, sans le regarder, Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire tué par Merah, devenue une messagère de la paix auprès des jeunes dans les cités, les écoles et en prison.

"Est-ce qu'il ne pouvait pas aider son petit frère à prendre le bon chemin plutôt que d'en faire une bombe à retardement?", a-t-elle demandé.

Autre victime à témoigner, Loïc Liber, ex-militaire au 17e régiment parachutiste de Montauban. Seul survivant de la tuerie du 15 mars dont il est sorti tétraplégique, il a exprimé par vidéotransmission, mais sans image, d'une voix essoufflée, l'insupportable "cauchemar" qu'est devenue sa vie.

"Il a suffi d'une balle pour que mon corps change. J'avais de la joie de vivre quand j'étais debout et l'espace d'un éclat, de quelques secondes où un homme m'a tiré dessus dans le dos comme un lâche, j'ai été dans un fauteuil électrique et sous assistance respiratoire. C'est terrible, je souffre beaucoup". "Ce procès ne me rendra pas mon corps, mais je serai plus serein en me disant que justice aura été faite, que les crimes ne restent pas impunis dans notre pays", a-t-il expliqué.

Plusieurs membres de la famille Sandler, dont un père et ses deux enfants ont été tués par Mohamed Merah à l'école juive Ozar Hatorah le 19 mars, ont également exprimé leur souffrance.

Samuel, père et grand-père des trois victimes, dont la famille a connu la déportation, a confié qu'il ne pensait pas qu'on pourrait à nouveau tuer des enfants en France parce qu'ils étaient juifs. Il a qualifié Abdelkader Merah de "maître à penser" de son frère" et "d'Eichmann de quartier", en référence au criminel nazi Adolf Eichmann.

La sœur de la mère des victimes, Orly Haïm, a raconté combien la "maison des Sandler" avait fêté la naissance d'Arié, tué à 5 ans, comme une victoire sur les nazis car leur lignée n'allait pas s'éteindre.

"Chez nous, on dit que celui qui sauve une vie sauve l'humanité", a-t-elle rappelé. "Alors je vous laisse imaginer le contraire".

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