Aude : LR et FN instruisent un procès en "naïveté" contre Macron

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Par Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 26 mars 2018 - 14:25
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Le président français Emmanuel Macron le 8 mars 2018 à Paris
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© CHRISTIAN HARTMANN / AFP
Le président des Républicains Laurent Wauquiez, photographié le 27 janvier 2018,juge Emmanuel Macron d'une "coupable naïveté" face au terrorisme
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"Naïf", Emmanuel Macron? Droite et extrême droite se déchaînent contre le chef de l'État après les attaques jihadistes de l'Aude et remettent sur la table leurs propositions radicales, de la rétention des individus "les plus dangereux" aux expulsions.

"Il faut les mettre hors d'état de nuire (les islamistes) avant qu'ils ne fassent couler le sang", a martelé lundi matin le président des Républicains, Laurent Wauquiez, lors d'une allocution "solennelle" au siège parisien du parti, derrière un pupitre barré d'un bandeau noir en signe de deuil.

Le leader de la droite a exigé le rétablissement de l'état d'urgence et "l'expulsion immédiate des étrangers" qui "incitent à la haine de la France".

Plus tôt, Marine Le Pen avait formulé des exigences similaires, en invoquant la "prévention". "Il faut arrêter de distribuer la nationalité française n'importe comment et à n'importe qui", avait estimé la présidente du Front national, quand son homologue des Républicains a pour sa part fustigé les étrangers "dont les familles ont bénéficié du généreux système social de notre pays et qui se retournent aujourd'hui contre la France".

"Le FN a réussi à convaincre Wauquiez sur l'islamisme: tout arrive", a tweeté dans la foulée le parti d'extrême droite.

- "Aveuglement"-

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'est cependant gardé de reprendre l'appel de Marine Le Pen à la démission du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. "C'est le président de la République que l'on vise", décrypte la garde rapprochée de Laurent Wauquiez, qui entend s'imposer comme premier opposant au chef de l'État.

M. Wauquiez n'a d'ailleurs pas eu de mots assez durs à l'endroit d'Emmanuel Macron: "aveuglement", "irresponsabilité politique", le président de la République est d'une "coupable naïveté" et "ne combat pas le terrorisme".

L'auteur de l'attaque jihadiste de l'Aude, Radouane Lakdim, ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Né au Maroc le 11 avril 1992 et arrivé en France dans les premiers mois de sa vie, il avait été naturalisé en 2004.

"Il faisait l'objet de la part des services de renseignement d'un suivi effectif toujours en cours en mars 2018, mais qui n'avait pas permis (...) de mettre en évidence des signes précurseurs d'un passage à l'acte, ni des velléités de départ sur la zone irako-syrienne", a déclaré lundi le procureur de Paris François Molins.

"Nous sommes en guerre. Le pire est devant nous", a estimé Guillaume Peltier, vice-président de LR, jurant que des propositions de loi étaient "prêtes". Aucune ne figure dans la niche parlementaire LR du 5 avril.

- Voix discordantes -

Richard Ferrand, chef de file des élus LREM à l'Assemblée, a dénoncé un "concours de démagogie" qui "divise", tandis qu'un député de la majorité a évoqué des "charognards" et fait valoir que "pour un attentat commis, combien d'autres déjoués", rejoint par le président du groupe MoDem à l'Assemblée, Marc Fesneau, qui a fustigé "l'irresponsabilité" de M. Wauquiez et Mme Le Pen.

Chez LR, d'aucuns se sont d'ailleurs montrés prudents, voire en désaccord, avec les mesures envisagées par Laurent Wauquiez.

"Je ne vais pas dire qu'avec l'état d'urgence on aurait évité ça", a dit le chef de file des élus LR à l'Assemblée, Christian Jacob, tandis que l'ex ministre LR Thierry Mariani, partisan d'une alliance avec le FN, doutait de la rétention administrative des fichés S.

Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, s'est également montré sceptique sur les propositions de Laurent Wauquiez en appelant à "appliquer l'arsenal législatif" existant.

L'ex-directeur de la police nationale, Frédéric Péchenard, vice-président de LR en Ile-de-France, s'est également dit opposé à la rétention et au rétablissement de l'état d'urgence.

Il a été rejoint par le syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT) qui, dans un communiqué, a estimé que la fiche S "génère non seulement tous les fantasmes, mais une course populiste effrénée aux fausses bonnes solutions, parfois proposées par ceux qui ne les ont jamais mises en œuvre en étant au pouvoir".

"Cette +sacralisation+ confuse de la fiche S, qui n'est absolument pas l'alpha et l'oméga des services de contre-terrorisme", a abondé l'eurodéputé LR Arnaud Danjean, par ailleurs ex-agent de la DGSE, qui l'a jugée "exaspérante".

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