Bach fait vibrer l'Auvergne profonde le temps d'un festival

Auteur:
 
Par Céline CASTELLA - Pontaumur (France) (AFP)
Publié le 15 août 2019 - 17:05
Image
L'intérieure de l'église romane de Pontaumur qui abrite l'orgue d'Arnstadt pendant le festival "Bach en Combrailles" à Pontaumur, dans le centre de la France, le 13 août 2019.
Crédits
© PHILIPPE DESMAZES / AFP
L'intérieure de l'église romane de Pontaumur qui abrite l'orgue d'Arnstadt pendant le festival "Bach en Combrailles" à Pontaumur, dans le centre de la France, le 13 août 2019.
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Quel est le point commun entre les Combrailles et la musique de Bach ? A priori, aucun. Pourtant, églises et bistrots de ce territoire rural d'Auvergne vivent depuis vingt ans au rythme du compositeur à l'occasion d'un festival.

A Pontaumur (Puy-de-Dôme), commune des Hautes Combrailles de quelque 600 âmes, les habitants de la région se mêlent aux spécialistes venus parfois de l'étranger pour assister aux concerts donnés dans l'église pendant l'événement "Bach en Combrailles".

"C'est grâce à ce festival que j'ai découvert la musique de Bach, je suis venue écouter un premier concert, puis un deuxième et rapidement tous les concerts, je suis devenue une passionnée de Bach !", s’enthousiasme Marie-Claire Givelet, qui réside à une vingtaine de kilomètres.

La petite église romane abrite depuis 2004 la seule réplique en Europe de l'orgue d'Arnstadt, en Allemagne, sur lequel Bach a composé à ses débuts.

Spécialement créé pour le festival, l'instrument est réputé auprès des organistes qui doivent parfois s'adapter à ses particularités.

"Il ne faut pas avoir peur d'un projet très exigeant en milieu rural. La réussite, c'est de ne pas avoir fait de compromis avec le répertoire. C'est important d'entendre l'oeuvre de Bach telle qu'il la jouait", estime Vincent Morel, directeur artistique du festival qui s'achève samedi.

A l'origine, l'idée "folle" d'un jeune vétérinaire de campagne, Jean-Marc Thiallier, amoureux de son terroir et de ses paysans avec lesquels il voulait partager sa passion pour le compositeur baroque.

"Il a eu cette volonté de créer un festival consacré à Bach dans cette région impossible, où il y a peu de moyens de transports, mais il arrivait à convaincre de tout, il avait ce culot", explique son ami Patrick Ayrton, organiste et claveciniste, directeur artistique du festival durant de nombreuses années.

"Un jour, il m'a demandé de le suivre pour un vêlage. En arrivant à la ferme, il a ouvert les vitres de sa voiture pour laisser s'échapper les notes de Bach pendant qu'il travaillait", raconte le musicien, décrivant un homme "magnétique, à l'intelligence fulgurante".

-Création d'une cantate-

Au début des années 2000, Jean-Marc Thiallier se lance un nouveau défi: construire un orgue pour le festival. Ce sera celui de Pontaumur. Mais l'histoire finit mal, le vétérinaire disparaît tragiquement peu de temps après son inauguration.

Depuis, amis, famille et artistes n'ont cessé de développer son projet. Pour fêter ses vingt ans, le festival accueille cette année pour la première fois une création: une cantate, commandée au compositeur français Philippe Hersant et jouée samedi en clôture.

Églises, café communal, salle des fêtes, cinéma, théâtre: plus d'une vingtaine d'événements sont proposés aux 5.000 festivaliers dans différents lieux de la région.

Les "cafés-Bach" permettent à ce public éclectique de se rencontrer et de partager autour de la musique: "Ce qui nous a intéressés au-delà de Bach, c'est cette idée de faire vivre les Combrailles (...), nous avons participé à d'autres festivals où il n'y avait pas ce projet de faire vivre une région", explique Bernadette Pradalié, venue de Clermont-Ferrand pour profiter d'un maximum de concerts.

Des auditions d'orgue gratuites sont programmées tout au long de la semaine: "le plus important, c'est de savoir comment on parle aux gens qui n'écoutent pas Bach toute la journée", assure M. Morel qui organise également en amont des rencontres avec les collégiens des environs.

L'enjeu désormais, "c'est d'aller plus loin avec les acteurs du territoire".

Le pari de Jean-Marc Thiallier est-il réussi? "Oui, mais c'est toujours un combat", admet-il: "On n'est pas là pour faire vivre un bâtiment du XIIe, un château du XVe, une abbaye (...). On est là pour et uniquement pour le répertoire, dans ce territoire."

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.