Bataille Suez-Veolia : le fonds français Ardian entre dans le jeu

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Par Katia DOLMADJIAN - Paris (AFP)
Publié le 01 octobre 2020 - 10:32
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Enfin un allié pour Suez contre le raid de Veolia? Le fonds français Ardian a fait part de son "intérêt" jeudi pour racheter 29,9% de son capital à Engie, qui s'est donné jusqu'à lundi pour valider l'offre à 3,4 milliards d'euros de Veolia.

Depuis des semaines, Suez, géant des services à l'environnement, s'oppose à la manœuvre de son rival Veolia, mais il était jusqu'à présent incapable de monter une offre alternative avec des investisseurs afin de conserver son indépendance.

Jeudi matin, le fonds Ardian a finalement annoncé dans un communiqué avoir "fait part à Engie de son intérêt pour l'acquisition d'une participation de 29,9% de Suez détenue par Engie".

"Cette marque d'intérêt est soutenue par le conseil d'administration de Suez et par l'administrateur représentant les salariés", a mis en avant la société d'investissement, historiquement lié à l'assureur Axa.

Suez a rapidement confirmé son "soutien" à la démarche.

C'est "un plan qui du point de vue de l'intérêt des différentes parties prenantes a un certain nombre de vertus", a salué Philippe Varin, président de Suez, auprès de l'AFP. Elle "coche toutes les cases", a ajouté Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise européen de Suez.

Ardian explique souhaiter "constituer un consortium d'investisseurs institutionnels privés et publics, à dominante française, pour réaliser ce projet et lancer une offre publique amicale".

La "lettre d'offre indicative" de quatre pages datée de mercredi, consultée par l'AFP, ne contient aucun élément chiffré. Elle envisage une "proposition indicative" de prix pour les actions Suez sous dix jours, soumise à finalisation "dans un délai de six semaines".

Ardian se dit aussi prêt à un "engagement fort envers Suez", avec la poursuite du plan stratégique de la direction actuelle et la "préservation de l'emploi dans les métiers stratégiques".

Mercredi soir, Jean-Pierre Clamadieu, président d'Engie, avait balayé "une vague marque d'intérêt qui ne contenait ni le prix, ni le consortium d'investisseurs au nom duquel il était fait, ni les conditions d'exécution..."

A l'issue d'un long conseil d'administration -réuni juste avant l'expiration de l'offre déposée par Veolia- le groupe énergétique avait indiqué accueillir "favorablement" les termes améliorés de celle-ci, d'un montant de près de 3,4 milliards d'euros.

- "Clarifications" -

Estimant que la nouvelle offre de Veolia "répondait" à ses attentes en termes de prix et de garanties sociales, Engie a précisé qu'il avait toutefois demandé au groupe "d'étendre la validité de sa nouvelle offre jusqu'au 5 octobre 2020 afin que Veolia formalise son engagement inconditionnel de ne pas lancer d'offre publique d'achat qui ne soit pas amicale". Une demande à laquelle Veolia a accédé quelques minutes plus tard.

Toujours mercredi, Veolia avait une nouvelle fois tendu la main sans succès à Suez, énième développement dans un feuilleton qui agite la place de Paris depuis un mois.

Il avait proposé à Suez une période de discussions de six mois "pour rechercher les bases communes d'un accord" et s'était engagé pendant cette période à ne déposer "une offre publique portant sur 70,1% du capital de Suez qu'à la condition qu'elle soit amicale".

En contrepartie, Veolia avait demandé à son concurrent de désactiver la fondation de droit néerlandais qui devait abriter son activité Eau France, une "pilule empoisonnée" destinée à faire capoter un rachat. Engie a ensuite demandé que Veolia renonce à ce préalable pour "qu'on arrive à une offre qui soit clairement et sans aucune ambiguïté une offre amicale", a expliqué M. Clamadieu.

A plusieurs reprises ces dernières semaines, l’État - par ailleurs actionnaire d'Engie à hauteur de 23,6% - a manifesté son souhait de temporiser et d'apaiser les relations entre les protagonistes.

Suez a promis jeudi de travailler "dans un esprit de dialogue ouvert recommandé par le ministre". "Nous avons cinq jours pour discuter les points concernant les failles que nous avons dénoncées et obtenir des clarifications", a indiqué M. Varin.

Les enjeux sont élevés: Suez estime que la concurrence est menacée et que près de 5.000 emplois pourraient être supprimés en France si l'opération allait à son terme, ce que dément fermement Veolia. Ce dernier a ainsi réitéré son engagement de "maintenir l'ensemble de l'emploi des salariés en France".

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