Bouger pour changer d'emploi ? Pas si simple

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Par AFP
Publié le 06 octobre 2017 - 19:02
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Des employés et syndicalistes de l'équipementier GM&S manifestent à Egletons lors de la visite d'Emm
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Des employés et syndicalistes de l'équipementier GM&S manifestent à Egletons lors de la visite d'Emmanuel Macron, le 4 octobre 2017
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Chercher du travail loin de chez soi quand son entreprise ferme? Pas si simple, car la mobilité ne se pose pas de la même façon à Paris ou à Tulle, qu'on soit cadre informatique ou ouvrier, famille monoparentale ou jeune actif.

Emmanuel Macron a fait grincer cette semaine en estimant lors d'un aparté filmé que "certains", visant les salariés creusois de GM&S, feraient mieux de regarder s'ils ne pouvaient pas trouver un travail à la fonderie Constellium d'Ussel (Corrèze) située à plus de deux heures de route et qui, elle, a des difficultés à recruter.

Alors que certains postes ont du mal à trouver preneur, que des régions peinent à attirer des salariés et que la France compte plus de trois millions de chômeurs, la mobilité géographique des travailleurs est brandie en étendard: changer d'endroit ou/et de métier pour ne plus être au chômage ou évoluer dans son entreprise.

Et d'autant plus que certains emplois disparaissent -- un million d'emplois perdus dans les usines depuis 2001-- et que la révolution numérique bouscule le paysage des métiers.

Mais est-ce si facile de "bouger"?

"Ce n'est pas si simple de dire: +Vous cherchez un emploi ? Vous habitez Lille, allez à Marseille+", explique à l'AFP Charlotte Pouhin, présidente de la Fédération des acteurs de la relocation et de la mobilité géographique (FAR), qui aident les entreprises à la mobilité de leurs salariés. "Il faut que la mobilité géographique professionnelle soit accompagnée, sinon ce sont des catastrophes économiques et familiales", ajoute-t-elle.

"Il y a des coûts visibles et invisibles", explique-t-elle. Au titre des "coûts visibles", le déménagement par exemple. Parmi les "coûts invisibles" pour les entreprises: l'emploi du conjoint, l'obtention du permis de conduire, les frais d'essence, la nécessité d'une nounou pour remplacer des grands-parents qui gardaient les enfants, sans parler des gardes dans les familles recomposées ...

Selon une étude de la direction du Trésor de septembre 2013, "être propriétaire occupant ou locataire d'un logement social, limite par rapport au fait d'être locataire du parc privé, les mobilités professionnelles, lorsqu'elles impliquent un déménagement".

- 'crispation' des pouvoirs publics -

"Il y a les crédits de maison, il y a des familles, le travail du conjoint", résume un délégué CGT de GM&S interrogé après les propos polémiques du président de la République. L'activité des femmes a aussi changé la donne ces dernières années.

D'après un rapport de l'inspection des finances (IGF) et de l'inspection des affaires sociales (IGAS) de janvier 2016 sur la "mobilité géographique des travailleurs", "les comparaisons internationales indiquent que la situation de la France en matière de mobilité est intermédiaire par rapport aux pays comparables".

Thomas Sigaud, sociologue (Université de Tours, Cnam) le confirme: "Les Français sont dans la moyenne supérieure" pour le taux de mobilité résidentielle, devant l'Italie, l'Espagne ou la Grande-Bretagne par exemple. Il a observé dans une de ses études, portant sur la période 1970 à 2012, que "depuis les années 2000, il n'y a pas de corrélation claire entre le retour à l'emploi et le déménagement".

"On voit depuis une dizaine d'années une certaine crispation des pouvoirs publics autour de la question de la mobilité géographique", relève-t-il. "Même en période de forte tension sur l'emploi, les Français bougent beaucoup plus que ce qu'on dit, ils bougent entre autres pour l'emploi mais ils ne bougent probablement jamais seulement pour l'emploi", explique-t-il.

La mobilité est plus forte chez les jeunes et chez les actifs les plus qualifiés.

Des cadres peuvent changer d'emploi quatre ou cinq fois "en restant en région parisienne", souligne M. Sigaud, mais souvent dans "des carrières sécurisées". Il note aussi "une sédentarité des employés" due à la concentration des emplois de service autour des grandes villes mais aussi "une mobilité" de la part des ouvriers qui peuvent traverser les frontières pour aller en Allemagne par exemple.

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