Confinement : le "17" assailli d'appels parfois farfelus

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Par Myriam CHAPLAIN RIOU, avec les bureaux de l'AFP en région - Lyon (AFP)
Publié le 26 mars 2020 - 17:07
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Un centre d'appels d'urgence à la police, joint à travers le 17, à Paris le 11 avril 2014
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Un centre d'appels d'urgence à la police, joint à travers le 17, à Paris le 11 avril 2014
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

Mon mari peut-il passer le week-end chez sa maîtresse ? Un inconnu caresse mon cheval, risque-t-il de le contaminer ? Le "17", numéro d'urgence de la police et de la gendarmerie, reçoit des milliers d'appels, parfois saugrenus, depuis le début du confinement.

"Il y a eu une explosion des appels, multipliés par trois" les premiers jours du confinement. Depuis, "ça se résorbe, mais leur nombre reste important", souligne à l'AFP un porte-parole de la gendarmerie dans le Nord.

"Des gens appellent pour tout et rien, parce qu'ils s'ennuient. Ils veulent juste parler", explique de son côté un policier.

A Dijon, une femme a utilisé le 17 pour lancer un vibrant appel au secours. "Après mon divorce, j'ai réussi à retrouver quelqu'un. Mais il habite à 25 kilomètres de chez moi. Comment faire avec le confinement ?", a-t-elle demandé à l'agent, sans autre solution à lui proposer que la verbalisation. "Mais on s'aime !", a-t-elle plaidé.

Des pépites surgissent aussi sur le terrain, au moment des contrôles, comme cet homme en Picardie, "contrôlé à plus de 50 km de chez lui, qui a expliqué au gendarme avoir besoin d'acheter du cassoulet". Ou un autre qui "s'est déplacé pour faire laver sa voiture. Pas vraiment une situation d'urgence".

Au Centre opérationnel de gendarmerie (COG) d'Ile-et-Vilaine, une personne inquiète "nous a appelés parce qu'elle avait l'habitude d'acheter sa viande halal à Lorient alors qu'elle habite dans notre département", raconte un gendarme.

"On a des appels sérieux pour des renseignements" mais aussi "des appels dits abusifs qui frisent la débilité, quand même", reconnaît-il.

- "mon voisin sort trop souvent" -

"On a eu un couple assez libertin qui voulait savoir si le mari pouvait passer le week-end comme d'habitude chez sa maîtresse !". Mais il y a aussi, dit-il, "le tout venant des violences intrafamiliales, les problèmes de voisinage en légère augmentation".

La fermeture imposée des restaurants et des bars a suscité des appels du style: "le bar à côté de chez moi est encore ouvert et il est plus de minuit", explique un responsable de l'Ain.

Au COG du Rhône, "on a un afflux d'appels chaque jour après les informations. Pour des questions qui méritent d'être posées ou... pour savoir si on peut sortir sa poubelle avec le confinement", s'amuse un gendarme.

En Gironde, l’augmentation des appels est forte, "de l'ordre de 40 à 50%" en zone police. "C'est exclusivement pour des renseignements comme +j'ai sorti mon chien ce matin, est-ce que je peux le faire ce soir ?".

Les voisins sont souvent scrutés de près.

Il y a "quelques appels de dénonciation", reconnaît-on au COG de l'Ardèche. "Mon voisin discute avec beaucoup de gens et ne respecte pas le confinement" ou "il y a trop de monde chez mon voisin".

Le Centre opérationnel de la gendarmerie de Privas "a reçu quelque 600 appels par jour au début du confinement". "Il y a toujours un pic quand il y a des annonces de nouvelles mesures par le gouvernement. Aujourd'hui, ça tourne autour de 300".

"On a régulièrement des appels pour savoir si on a le droit de se déplacer pour telle ou telle raison. Mais aussi... pour dénoncer: +mon voisin sort trop souvent+", note-t-on dans la Drôme.

Les forces de l'ordre soulignent pour autant que les appels pour signaler des rassemblements ne "sont pas de la délation, mais de la dénonciation, parce que derrière il y a un intérêt sanitaire et donc général".

burs-cha/fga/alc

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