Coronavirus : Macron attendu sur la durée du confinement et pour esquisser "un horizon"

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Par Dominique CHABROL, Laurence BENHAMOU et Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 13 avril 2020 - 06:00
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Emmanuel Macron, le 7 avril 2020, à La Courneuve
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© GONZALO FUENTES / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron, le 7 avril 2020, à La Courneuve
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Emmanuel Macron devrait prolonger pour plusieurs semaines le confinement imposé le 17 mars au nom de la lutte contre le Covid-19, alors que l'inquiétude monte sur les conséquences sociales de l'épidémie, qui a fait près de 15.000 morts.

Le président, qui doit parler juste après les applaudissements de 20H00, devrait avant tout souligner que la crise sanitaire est loin d'être maîtrisée, en dépit de chiffres plutôt encourageants en ce long week-end de Pâques.

Selon un dernier bilan lundi soir, l'épidémie de coronavirus a fait 14.967 morts en France, 574 de plus depuis dimanche. 9.588 personnes sont mortes dans les hôpitaux (335 de plus en 24 heures) et 5.379 dans les maisons de retraite et autres établissements médico-sociaux.

Pour le cinquième jour consécutif, le nombre de patients en réanimation a également baissé: 24 patients en moins depuis dimanche.

Pour cette nouvelle prise de parole solennelle très attendue, Emmanuel Macron "devrait évoquer une date de fin de confinement courant mai, au moins après le pont du 8-10 mai", selon plusieurs de ses proches.

"Une date suffisamment lointaine pour qu'on comprenne qu'on pourra alors commencer un début de déconfinement partiel, mais extrêmement progressif", mais également "suffisamment proche pour esquisser la France d'après", fait-on valoir dans l'entourage du chef de l'Etat.

Le déconfinement, déjà amorcé dans quelques pays européens, s'annonce comme une entreprise infiniment délicate.

L'opération pourrait s'avérer catastrophique si n'était pas mis en place un système de tests massifs et d'isolement des personnes infectées, selon une étude réalisée notamment par l'Inserm qui laisse entendre qu'il ne pourrait pas intervenir avant fin mai-juin.

"La levée du confinement sans stratégie de sortie entraînerait une deuxième vague écrasant largement le système de santé", selon le résumé de l'étude, mise en ligne dimanche et révélée lundi par Le Monde.

"Il ne faut pas trop rapidement se projeter dans le jour d'après. Nous entrons pour de nombreux mois" dans une crise "qui sera extrêmement profonde", a prévenu de son côté Stanislas Guerini, le délégué général de La République en marche, comme pour préparer les esprits. La réouverture des commerces et des écoles, en particulier, semble encore lointaine.

Le chef de l'Etat aborde cette étape lesté d'une défiance de l'opinion envers sa gestion de la crise. Elle se cristallise, selon les sondages, sur la question de la disponibilité des masques et des tests de sérologie.

Il ne devrait pourtant pas s'avancer lundi sur des décisions très concrètes, comme le port généralisé du masque, la méthode de tests ou le traçage des malades, sur lesquelles il laisse généralement s'exprimer le Premier ministre Edouard Philippe ou le ministre de la Santé Olivier Véran.

Dans une lettre publiée lundi matin, le patron du PS Olivier faure appelle le chef de l'Etat à ne donner à 20H00 "aucun signal de relâchement" dans la lutte contre le virus, tout en présentant "un horizon plausible aux Français" pour l'étape qui suivra le confinement.

- "Volonté de rassemblement" -

M. Faure sonne également l'alarme sociale, en soulignant que "chaque jour qui passe, la crise sanitaire et le confinement accroissent les inégalités et les fractures sociales dans notre pays".

"Une part de la population ne se nourrit plus à sa faim", relève-t-il avant de demander au gouvernement "une aide exceptionnelle de 300 euros par foyer, et une majoration de 100 euros par enfant, pour tous les ménages bénéficiaires des minima sociaux, des aides au logement et de l’allocation de rentrée scolaire".

Le Secours Catholique redoute aussi un basculement dans "la grande précarité" de nombreux Français, notamment les étudiants et les intérimaires.

Après quatre semaines de confinement, le bien-être des enfants préoccupe également de plus en plus. "Le temps passe, le stress monte", a expliqué le psychiatre Richard Delorme sur France Inter.

"On ne les voit pas tellement dans la rue. On les met devant la télévision, devant les écrans et ils sont très tendus", souligne ce chef du service de psychiatrie de l'enfant à l'hôpital parisien Robert-Debré.

Le chef de l'Etat a décalé sa prise de parole à lundi pour prendre le temps de consulter, des médecins --dont le professeur Didier Raoult, héraut du traitement à l'hydroxychloroquine contre le Covid-19, avec qui il s'est entretenu presque chaque jour, selon un proche--, mais aussi des élus, associations et homologues européens.

"Sur ces décisions lourdes, il a une vraie volonté d'union et de rassemblement, en prenant des avis directement sur le terrain", souligne un membre de son entourage. Il devait encore s'entretenir dimanche et lundi avec les présidents des deux assemblées, Gérard Larcher et Richard Ferrand, ainsi que plusieurs maires de régions différentes, ou encore la chancelière allemande, Angela Merkel.

Autre sujet sur lequel il est attendu: la question de la fermeture des frontières nationales ou de l'UE, même s'il sera au menu d'un sommet européen virtuel fin avril.

L'opposition a multiplié de son côté ses critiques de la gestion de la crise. Le député LR Eric Ciotti s'est dit "en colère" qu'on ait "laissé mourir nos vieux" du Covid-19 dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Et Marine Le Pen (RN) a dénoncé "l'inertie d'une véritable bureaucratie qui fait que l'on a le sentiment que rien n'avance".

D'aucuns s'essaient aussi à concevoir le jour d'après : le numéro deux de la France insoumise, Adrien Quatennens, appelle ainsi à "profiter d'une mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie pour penser un autre modèle."

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