Dans les facs occupées, système D et entraide pour préparer ses partiels

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Par Isabelle TOURNÉ, avec Hervé GAVARD à Toulouse - Paris (France) (AFP)
Publié le 14 avril 2018 - 19:59
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L'entrée de l'université de sciences humaines Jean Jaurès dans le quartier du Mirail , à Toulouse 10 avril 2018
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© REMY GABALDA / AFP
Comment réviser ses partiels dans une fac occupée ? A Tolbiac ou Toulouse, des étudiants misent sur le système D et des réseaux d'entraide pour préparer leurs examens, dont ils ne savent même pas s'ils auront bien lieu.
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Comment réviser ses partiels dans une fac occupée ? A Tolbiac ou Toulouse, des étudiants misent sur le système D et des réseaux d'entraide pour préparer leurs examens, dont ils ne savent même pas s'ils auront bien lieu.

A la fac de Tolbiac, occupée depuis près de trois semaines par des opposants à la loi sur les nouvelles conditions d'accès à l'université, les premiers partiels de langue sont normalement prévus la semaine prochaine. Mais tous ne pourront pas être organisés normalement.

"Tout est mis en œuvre pour qu'ils aient lieu dès lundi, mais c'est à chaque département d'informer les étudiants des lieux, heures et conditions d'examens", indique l'université Panthéon-Sorbonne, dont dépend Tolbiac.

Ainsi, Léa, étudiante en deuxième année en histoire, a reçu une convocation pour l'anglais mais pas pour l'italien.

Marie, en double licence histoire-éco, n'aura, elle, pas de partiel d'anglais car son professeur "a décidé que les conditions n'étaient pas réunies pour qu'il soit organisé dans de bonnes conditions".

"On est dans le flou total", déplore Clément, en deuxième année d'économie.

Pour Jérémy, également en deuxième année d'éco, le plus compliqué est "d'entrer en contact avec des secrétariats qui sont fermés depuis trois semaines". "On espère pouvoir passer les examens dans les meilleures conditions possibles, mais on ne sait pas où, ni quand ni comment", ajoute-t-il.

Après une semaine de vacances dans dix jours, les partiels des principales matières (sciences économiques, sciences humaines, histoire, philosophie...) sont censés démarrer début mai.

"Même si certains doivent se tenir au centre Pierre-Mendès France à Tolbiac (le site actuellement bloqué, ndlr), qui sera peut-être encore occupé à cette date, on part du principe qu'ils auront bien lieu, donc on révise comme on peut", explique Marie, qui travaille avec des amis ou à la bibliothèque.

Clément, qui habite en région parisienne, préfère rester chez lui. "C'est un peu compliqué car je n'ai plus d'ambiance de travail, du coup je décroche un peu". Il s'entraide avec ses camarades, par mail, au téléphone et sur les réseaux sociaux: "on s'échange des infos, on complète nos cours, on se fait passer des corrigés"...

- "C'est flou" -

Certains professeurs ont rassuré leurs élèves, en leur promettant que les examens ne porteraient que sur les parties du cours étudiées.

D'autres ont contourné le blocage en organisant des cours dans des annexes de Tolbiac.

Fabrice Rossi, prof de statistiques, a, lui, enregistré des vidéos explicatives avec des exercices corrigés qu'il poste sur une plateforme de l'université. Il prévoit d'ailleurs d'investir dans un "meilleur micro".

Une association étudiante de Tolbiac, "H comme histoire", qui organise habituellement des débats sur l'histoire, s'est mise à proposer des "séances de révision collective". Dans une salle d'un café du XIe arrondissement, son président, Guillaume Lewkowiez, dit vouloir recréer une atmosphère universitaire pour les étudiants souhaitant réviser.

A Toulouse, l'université Jean-Jaurès (sciences humaines) est bloquée depuis le 6 mars, mais l'administrateur provisoire maintient sa volonté d'organiser les partiels la première quinzaine de juin, et la session de rattrapage dans les 15 premiers jours de septembre. Les examens auraient lieu à l'université si celle-ci est débloquée, ou pourraient être délocalisés.

"C'est flou et on est très inquiets", lâche un étudiant en licence de géographie. "On n'a aucune information sur les modalités d'examens, donc la seule solution, c'est travailler par nous-mêmes", confie-t-il. "Mais sur quoi ?"

Beaucoup de professeurs ont transmis des conseils, des photos et des bibliographies sur une plateforme de cours en ligne "pour que les étudiants puissent travailler seuls", raconte l'un d'eux.

Dans certaines matières, des profs organisent aussi des rencontres avec des étudiants, dans des "arrière-salles" de cafés ou de restaurants "pour maintenir les liens". Même si "la valeur pédagogique" de ces rencontres est "assez faible", relève ce professeur.

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