Eric Lorinet, prêtre et aérostier, monte au ciel en Lorraine

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Par Murielle KASPRZAK - Hagéville (France) (AFP)
Publié le 29 juillet 2019 - 17:06
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Le prêtre et pilote de montgolfière Eric Lorinet s'active dans sa nacelle, le 27 juillet 2019 sur la base aérienne de Chambley-Bussières, en Meurthe-et-Moselle
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Le prêtre et pilote de montgolfière Eric Lorinet s'active dans sa nacelle, le 27 juillet 2019 sur la base aérienne de Chambley-Bussières, en Meurthe-et-Moselle
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Une main gantée sur la manivelle déclenchant le brûleur, les yeux rivés sur les autres ballons qui volent autour, Eric Lorinet, un prêtre féru de montgolfières, n'en oublie pas pour autant d'admirer le paysage lorrain.

"Quand on est dans un ballon, c'est magique, même après 600 vols", ajoute-t-il. A sa main, une montre avec des montgolfières. Sur le fond d'écran de son téléphone portable: un ballon rouge.

Pour être un bon pilote, il faut être "calme, patient, méthodique, plus contemplatif qu'hyperactif, et conserver une aptitude à s'émerveiller", résume M. Lorinet, ordonné prêtre en 2000.

Agé de 51 ans, il est l'un des 1.135 pilotes et copilotes inscrits à la 16e édition du Grand Est Mondial air ballon (Gemab), organisée depuis vendredi et jusqu'au 4 août sur l'aérodrome de Chambley-Bussières (Meurthe-et-Moselle).

Prêtre à Montélimar (Drôme), il a pris congé de ses 45.000 paroissiens pour participer au plus grand rassemblement au monde de montgolfières, selon les organisateurs. Si le temps le permet, pendant les dix jours du festival, il pourra voler avec un ballon que lui a confié la Région Grand Est.

Lundi, à l'aube, il était dans sa nacelle prêt pour le décollage en ligne simultané. Mais le record, établi en 2017 à 456 aérostats, n'a pas été battu.

La veille, Eric Lorinet a décollé peu après 20H00 avec quelque 300 montgolfières. Des rouges, des jaunes, des bleues, des multicolores, une en forme de coccinelle, une autre en forme de tournevis.

"C'est magnifique, on a le beau temps qui arrive", s'extasie l'aérostier devant le panorama d'une multitude d'enveloppes colorées, volant à différentes altitudes, au coucher du soleil.

C'est en 1986 "que j'ai plongé dans le bazar lors d'une compétition entre grandes écoles", alors qu'il était étudiant ingénieur en électronique, se souvient-il. Il rencontre à cette occasion Philippe Buron Pilâtre, qui a créé le Gemab en 1989, pour le bicentenaire de la Révolution française, avec l'idée de doter la France d'une manifestation aéronautique internationale.

- "On suit le vent" -

"Tous les bazars qui volent ont leur philosophie. Avec un ballon, on apprend l'humilité par rapport à la nature, aux éléments. Pour voler, on suit le vent. S'il y a trop de vent, s'il pleut ou s'il fait trop chaud, on ne vole pas", détaille-t-il.

"On prend les éléments tels qu'ils viennent", ajoute le pilote, casquette et chasuble rouge foncé, floquées du nom de la manifestation.

Depuis cinq ans, il a son ballon - "tout rouge" - après avoir récupéré plusieurs fois des toiles auprès de pilotes. "Il y a un beau marché d'occasion", affirme-t-il, sans pouvoir donner le prix d'une enveloppe de seconde main, qui doit néanmoins être en parfait état pour des raisons de sécurité.

"Il y a des pilotes qui ont des attelages rutilants avec des sponsors et d'autres non. Ce n'est pas un sport réservé aux élites", affirme-t-il.

L'aérostier, détenteur d'une licence de pilote depuis 1990, participe deux ou trois fois par an à des meetings, mais uniquement en "fiesta", c'est-à-dire "pour faire le spectacle avec du public dans la nacelle".

Pendant deux ans, il a volé en compétition: "C'est un autre plaisir, on maîtrise les éléments mais on ne regarde plus par terre".

Au-dessus d'un pré où paissent des vaches noires et blanches, il actionne plusieurs fois le brûleur pour reprendre de l'altitude. "Les vaches peuvent s'effrayer de voir ces gros ballons colorés arriver sur elles", dit-il.

Après 35 minutes de vol au-dessus de champs moissonnés, forêts et cours d'eau, avec un panorama à 360° sur les paysages de la Lorraine, l'aéronef atterrit presque en douceur sur des chaumes.

Commencent alors le rangement de la toile et les appels téléphoniques pour être localisé et récupéré par son équipe - un couple de quadragénaires et leurs trois enfants, qui l'accompagnent très souvent.

"Tout seul, je ne peux rien faire. Le ballon, c'est un partage", résume le prêtre-pilote.

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