Force ouvrière en passe d'avoir enfin à nouveau un secrétaire général

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 19 novembre 2018 - 10:52
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Pascal Pavageau en mai 2018
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP/Archives
Pascal Pavageau en mai 2018
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP/Archives

Cinq semaines après la démission de Pascal Pavageau de la tête de Force ouvrière, la confédération doit élire mercredi ou jeudi son remplaçant entre trois candidats, une première dans l'histoire du syndicat.

Le choix va se faire entre - dans l'ordre alphabétique - Patrice Clos, 53 ans, numéro un de la fédération des transports et de la logistique, Christian Grolier, 52 ans, secrétaire général de la fonction publique, et Yves Veyrier, 60 ans, membre du Bureau confédéral (la direction).

Le Comité confédéral national (CCN), sorte de Parlement de FO réunissant notamment les dirigeants des fédérations et des unions départementales, mais aussi les instances dirigeantes, dont le Bureau confédéral, composé de près de 200 personnes, va se réunir à Paris, au siège de la confédération, rue du Maine (XIVe arrondissement).

La rencontre va être tendue, pensent les dirigeants qui doivent s'y rendre, mais la direction a prévu de laisser les responsables exprimer tout leur soûl en tribune.

"Depuis le début de la crise, le Parlement ne s'est pas réuni. C'est normal qu'on laisse la possibilité aux camarades d'échanger", souligne un dirigeant de fédération, qui s'attend à des "discussions passionnées".

"On sait s'engueuler à la tribune, mais à la fin, il y aura un secrétaire général", prédit le numéro un d'une union départementale.

En fonction de la longueur des échanges, le vote doit intervenir mercredi soir ou jeudi matin, selon les responsables.

Avant le scrutin, les cadres devront se mettre d'accord sur un point crucial: faudra-t-il organiser un second tour?

Les statuts de FO ne prévoient pas un tel scénario, car en 70 ans d'histoire, l'organisation n'a compté que deux cas où deux candidats s'étaient présentés pour devenir secrétaire général: en 1989, lorsque Marc Blondel (numéro un de FO de 1989 à 2004) l'avait emporté devant Claude Pitous, dauphin d'André Bergeron (numéro un de 1963 à 1989), puis en 1996, lorsque Blondel a battu Jacques Mairé - qui, deux ans plus tard, rejoindra l'Unsa, critiquant l'influence croissante des trotskistes au sein de FO.

- "Champ de bataille" -

Il n'y a jamais eu trois candidats pour le poste de secrétaire général à Force ouvrière.

Selon un membre de la direction, les discussions vont porter sur deux options possibles: soit décider que le candidat avec le meilleur score l'a emporté (c'est ce qui s'est passé pour les deux cas précédents), soit opter pour un deuxième tour, une option qui n'est pas favorisée par le Bureau.

En outre, il se pourrait que la composition du Bureau, choisie par Pascal Pavageau lors de son élection en avril, soit mise sur la table. Il est actuellement composé de 13 membres, hormis le secrétaire général. Les militants ont salué le fait que le Bureau n'ait pas éclaté avec la crise et ait continué de fonctionner.

Depuis la révélation par le Canard enchaîné début octobre de l'existence d'un fichier controversé sur les dirigeants de FO, et la démission, le 17 octobre, de Pascal Pavageau, à peine six mois après son élection comme secrétaire général, les dissensions sont réapparues au sein de ce syndicat, composé d'une base hétéroclite, entre militants sans étiquette, proches de l'extrême gauche - avec des trotskistes et des anarchistes - ou de l'extrême droite.

"La situation est difficile. On est dans des complots à tous les étages. On peut suivre les mouvements des troupes mais on n'a aucune vision du champ de bataille", résume un dirigeant.

Les révélations dans la presse d'articles sur les rémunérations et notes de frais des dirigeants ont ajouté aux crispations internes.

Les cadres ont hâte de tourner cette page, alors que les élections professionnelles dans la fonction publique approchent et qu'il n'y a plus de leader identifié pour porter publiquement la parole de la confédération sur la réforme des retraites ou l'assurance chômage.

Trop occupée à gérer la crise interne, la confédération n'a pas non plus dit ce qu'elle pensait de la mobilisation des "gilets jaunes".

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