Gendarme tué en Ariège : la perpétuité requise pour un accusé "cruel"

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Par Marisol RIFAI - Foix (AFP)
Publié le 09 mai 2019 - 20:33
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L'avocat général de la cour d'assises de l'Ariège a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de Loïc Gekiere, pour avoir "volontairement" fauché et tué en 2016 un major de gendarmerie en tentant de fuir lors d'un contrôle routier.

Agé de 55 ans et à un mois de la retraite, le major Christian Rusig a été écrasé par le véhicule que conduisait Loïc Gekiere et traîné sur plusieurs mètres. Il était décédé à l'hôpital quelques heures plus tard.

Au cours de son procès, l'accusé de 33 ans, un délinquant multirécidiviste qui avait au moment des faits déjà passé 12 ans de sa vie en prison pour des atteintes aux biens et aux personnes, a souvent eu une attitude provocatrice, qui lui a même valu une expulsion le premier jour.

Mais il a maintenu n'avoir pas vu ni entendu l'officier lorsqu'il l'a écrasé.

Il "m'a paru extrêmement cruel" et "son attitude m'a révulsé", a affirmé au cours de son réquisitoire le procureur Laurent Dumaine. "Je suis sûr que Loïc Gekiere a vraiment dirigé son véhicule sur le major Rusig, pour le tuer et pour assurer sa fuite", a-t-il affirmé.

Pour cet "homicide volontaire", il a appelé le jury à prononcer "une peine de réclusion criminelle à perpétuité".

Il a également requis une peine de sûreté de 20 années, un suivi socio-judiciaire de cinq ans au moment de sa libération, et a demandé à ce que l'accusé soit privé pendant 10 ans de ses droits civiques.

Pour le procureur, comme pour l'avocat de la partie civile, Me Laurent De Caunes, il ne fait aucun doute que la "haine", maintes fois exprimée, de Loïc Gekiere à l'encontre des forces de l'ordre s'est traduite en acte, ce soir de novembre 2016.

Il a par contre demandé l'acquittement pour son ex-compagne, Sandy, qui se trouvait avec lui dans le véhicule car elle était "sous son emprise".

Quelques secondes avant le drame, l'accusé perd le contrôle de sa Lancia Dedra et se retrouve face au véhicule des gendarmes qui le poursuivent pour avoir tenté d'éviter un contrôle. A ce moment-là, il décide de contourner le véhicule par la gauche.

"Si la Lancia (de l'accusé, ndlr) était passée par la droite, elle aurait fuit plus vite", indique l'avocat général, convaincu que Loïc Gekiere souhaitait sciemment écraser le major Rusig.

- "Lui ou moi" -

A un gendarme il dira juste après son interpellation "je vous avais prévenu que la fois d'après ce serait lui ou moi", indique Me De Caunes, pour qui ces mots sonnent "comme un aveu de culpabilité".

Mais pour son avocate Me Meriem Mendil, photos de la reconstitution à l'appui, M. Gekiere ne pouvait à ce moment-là pas voir qu'un homme se trouvait derrière le véhicule.

Dans sa plaidoirie, elle explique également que l'enquête a montré qu'il n'y avait aucune trace de choc sur le devant du véhicule, ni sur les jambes ou le bassin du gendarme.

L'hypothèse qu'à ce moment-là le major Rusig ait fait une chute en sortant de sa voiture, qu'il ait été à terre, et que Loïc Gekiere ne l'ai pas vu "est tout à fait plausible", soutient-elle, d'autant que "même Guy Garros (l'autre gendarme qui se trouvait sur les lieux, ndlr) dit ne pas avoir vu le choc".

Me Mendil a ainsi plaidé l'acquittement de son client.

Au premier jour de son procès, lundi, une experte avait retracé l'enfance de Loïc Gekiere. "Le père était alcoolique et violent à l'égard de sa femme et de ses enfants", avait indiqué Albane Leroi Gour'Han, soulignant qu'à partir de 12 ans le garçon avait été placé en institution.

Le verdict est attendu vendredi.

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