Jeune tué à Nantes : le parquet requiert la mise en examen du policier
Le parquet a requis la mise en examen du policier qui a tiré sur Aboubakar Fofana mardi soir lors d'un contrôle de police à Nantes, provoquant sa mort, a annoncé vendredi le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès.
"J'ai requis le placement sous contrôle judiciaire du mis en cause ainsi que la saisine de deux magistrats instructeurs" dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a précisé le magistrat au cours d'une conférence de presse.
Placé en garde à vue jeudi midi, le CRS a reconnu avoir menti lors de sa première audition mercredi, avait annoncé un peu plus tôt son avocat. Il affirme désormais avoir tiré "par accident" sur le jeune homme de 22 ans, originaire de Garges-lès-Gonnesse (Val-d'Oise).
Il a indiqué "qu'en réalité il a tenté de se pencher dans l'habitacle du véhicule pour saisir le volant et essayer d'arrêter la manœuvre", a relaté le procureur. "C'est à ce moment là, indique-t-il, dans le cadre de ce qu'il appelle un corps-à-corps, que le coup de feu est parti accidentellement pour toucher mortellement le conducteur."
"Il ne m'appartient pas (…) d'arbitrer ce soir entre ces différentes versions. Je m'en tiens à la qualification pénale des faits que j'ai visés dans mon réquisitoire introductif", a ajouté M. Sennès.
Initialement, les cinq collègues du policier auteur du coup de feu, entendus le soir des faits, avaient affirmé que le conducteur avait fait une marche arrière à "très vive allure", au point de risquer de renverser deux des quatre enfants qui jouaient sur la chaussée derrière la voiture.
Le policier auteur du coup de feu avait lui-même indiqué "avoir tiré en raison de la dangerosité du conducteur et pour protéger les personnes qui pouvaient se trouver à proximité sur la trajectoire du véhicule", selon M. Sennès.
Une version contredite par des habitants du quartier interrogés par l'AFP.
Aboubakar Fofana, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour "vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs", a été touché au cou par le tir du policier mardi vers 20H30. Il est mort à l'hôpital deux heures plus tard.
Dès la mort du jeune homme des violences urbaines ont éclaté dans les quartiers "sensibles" de Nantes et se répètent chaque nuit, provoquant de nombreux dégâts dont des incendies de bâtiments, commerces et voitures.
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