Journal de bord d'un réanimateur : "Une certaine routine est installée à l'hôpital"

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Par Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 24 novembre 2020 - 09:00
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Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne depuis janvier pour traiter les patients atteints de formes graves du Covid-19, un anesthésiste-réanimateur livre chaque semaine po
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© Martin BUREAU / AFP/Archives
Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne depuis janvier pour traiter les patients atteints de formes graves du Covid-19, un anesthésiste-réanimateur liv
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Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne depuis janvier pour traiter les patients atteints de formes graves du Covid-19, un anesthésiste-réanimateur livre chaque semaine pour l'AFP, sous couvert d'anonymat, son journal de la crise sanitaire.

"Une certaine routine est désormais installée à l'hôpital. Les unités Covid font partie du paysage. On ne s'étonne plus de voir des lits d'hospitalisation standard fermés et transformés en unités Covid. On se renseigne simplement sur le nombre de patients qui y sont hospitalisés. Et on attend que ça passe".

"Depuis quelques semaines, et comme au cours de la première vague, nous tentons d'établir des stratégies de priorisation des patients en cas de dépassement complet des capacités de lits de réanimation. Comme au cours de la première vague, ces stratégies sont impossibles à établir parce qu'aucune n'est entendable ni applicable en tant que telle. Et fort heureusement, comme au printemps, nous n'en avons pas eu besoin jusqu'à présent".

"Je ne sais pas si cela a à voir avec la seconde vague ou non mais nous avons accumulé les décès cette semaine. Certains patients comme au cours de la première vague, intubés pendant plusieurs jours voire quelques semaines et qui finissent par devenir complètement réfractaires aux traitements et à la ventilation.

- "Plus de sérénité" -

Et il y a eu d'autres patients chez qui la décision de ne pas recourir à l'intubation avait été prise. Il s'agit de patients âgés avec des maladies chroniques et souvent peu d'autonomie dans la vie de tous les jours chez qui on sait maintenant que l'intubation et les semaines de réanimation qui suivraient seraient vaines.

C'est probablement mieux d'un point de vue médical et éthique mais toujours aussi difficile à annoncer aux proches et parfois aux patients eux-mêmes qui, j'imagine, attendent la mort arriver. On ne les abandonne pas pour autant. On s'occupe d'eux jusqu'au bout, de leur confort, de la douleur et de leurs proches. Il y en a eu deux en début de semaine..."

"Heureusement, nous avons pu assouplir les règles de visites des proches depuis le début de cette seconde vague. Ils peuvent venir quasiment tous les jours, sous couvert de précautions d'hygiène importantes. Les règles ne sont pas toujours bien respectées mais on s'acharne à les répéter encore et encore.

On se demande souvent comment et pourquoi nous avons été contraints d'imposer un confinement strict à l'hôpital pendant tout le temps de la première vague. On s'en doutait à ce moment-là. Maintenant nous en sommes persuadés. Cela avait réellement quelque chose de cruel. Il y a probablement des risques mais pas plus que lorsque les gens vont faire leurs courses au supermarché".

"L'accalmie actuelle laisse espérer que nous pourrons prendre des congés à la fin de l'année. Tout le monde en a besoin. Même si il est vrai que cette seconde vague est moins difficile à vivre pour l'ensemble des soignants. Les gens expriment une certaine lassitude mais il y a également un peu plus de sérénité au quotidien. Le fait de savoir où on va y est pour beaucoup".

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