La libération de Paris racontée par l'AFP en 1944 : le 22 août

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 22 juillet 2019 - 09:04
Mis à jour le 20 août 2019 - 10:22
Image
Des FFI (Forces françaises de l'intérieur) montent la garde près de la place de la Nation
Crédits
© - / AFP
Des FFI (Forces françaises de l'intérieur) montent la garde près de la place de la Nation
© - / AFP

Le 26 août 1944, Paris tout juste libéré, l'AFP diffuse une chronologie des onze jours ayant précédé la capitulation des Allemands, après quatre années d'occupation de la capitale.

Voici la journée du 22 août racontée par le journaliste de l'AFP Jean Le Quiller.

Paris, 26 août 1944 (AFP) - Mardi 22 août - La prétendue trêve continue ; ainsi, on échange les prisonniers FFI (Forces françaises de l'intérieur, Résistance, ndlr) faits à la mairie de Neuilly contre les Allemands pris à l'Hôtel de ville et à la préfecture. Mais les mœurs ne sont pas partout aussi aimables. Près de la gare de Lyon, deux jeunes gens sont fusillés par les Allemands parce que l'un d'eux portait un brassard FFI ; au coin de la rue Lafayette et de la rue Cadet, le porteur du journal "Ce soir", Verdière, est arrêté, emmené au Bois de Boulogne et fusillé ; place St Augustin, tout porteur de brassard est passé par les armes.

Un certain nombre d'assassinats se commettent ainsi dans Paris ; aux abords de la gare de Lyon, un membre de l'"Afrika Korps" (détachement allemand opérant en Afrique du Nord, ndlr) se rend célèbre par sa cruauté ; là où sont tombées toutes ces victimes, il y a maintenant des fleurs et d’émouvantes pancartes manuscrites.

D'ailleurs, il n'y a pas seulement des actes individuels à reprocher aux Allemands : à 9h, ce matin, 3 chars accompagnés de grenadiers, partis du Luxembourg, ont remonté la rue Soufflot et attaqué le poste de police du Panthéon ainsi que la mairie du Vème ; les FFI les repoussent d'abord, mais à 10h, une nouvelle attaque les oblige à se retirer ; ils s'en vont, emmenant les Allemands et les collaborateurs qu'ils retenaient prisonniers.

De même, à l'Hôtel de ville, vers 11h, un engagement a lieu ; des camions allemands voulant forcer les barrages sont attaqués et pris ; leurs occupants sont blessés ou faits prisonniers, des chars surviennent alors, bombardent l'Hôtel de ville, mais doivent bientôt se retirer.

De nombreux monuments publics sont occupés : ministère du Travail, ministère des PTT. Sur les ondes, on peut capter un poste qui commence ses émissions par les mots magiques "Ici, Libre Patrie". Le "Populaire" fait paraître son premier numéro, orné d'un grand portrait de Léon Blum ; dans les rues qui avoisinent l'Hôtel de ville "Combat", "Franc-Tireur", "Défense de la France", "Libération" sont vendus par les camelots : "L'Humanité" connaît une vente brillante place Victor Hugo, en plein XVIème arrondissement : on aura tout vu.

Le général (Marie-Pierre) Koenig (général en chef des FFI, ndlr) est nommé gouverneur militaire de Paris ; il lance un appel à la population que publient les journaux et qui est affiché.

A 15h20, de nouvelles bagarres éclatent rue de Seine et rue St André des Arts ; décidément, la trêve est bien observée. A 16h, elle est officiellement rompue ; la situation est dès lors beaucoup plus nette.

L'Etat-Major des FFI prescrit une action généralisée, conseille de ne pas se concentrer dans les monuments, mais de faire des actions de harcèlement à l'aide de groupes mobiles, d'établir des barrages et de nombreux petits postes, d'éparpiller la guerre en somme. Le soir, il fait passer des notes aux journaux : ce sont des recettes : "comment construire une barricade" ; "comment construire des mines anti-char" ; "comment fabriquer des bouteilles d'essence"... Les Parisiens liront cela demain dans leurs journaux.

De violents combats de déroulent le soir dans le XXème : 30 Allemands tués. Un convoi allemand est attaqué quai de la Tournelle.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.