L'Assurance maladie vise 2 milliards d'euros d'économies en 2019

Auteur:
 
Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 28 juin 2018 - 19:19
Image
La réforme sera détaillée "dans le courant de l'été", a assuré lundi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ancienne présidente de l'Institut national du cancer
Crédits
© ludovic MARIN / AFP/Archives
La réforme sera détaillée "dans le courant de l'été", a assuré lundi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ancienne présidente de l'Institut national du cancer
© ludovic MARIN / AFP/Archives

Moins d'hospitalisations, de prescriptions et de fraudes: l'Assurance maladie compte sur ses recettes habituelles pour économiser un peu plus de 2 milliards d'euros en 2019, et propose de lier certaines dépenses à la qualité des soins, comme le veut le gouvernement.

Un simple renouvellement d'ordonnance, avec un dosage ajusté: la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) vise 2,01 milliards d'euros d'économies en 2019, contre 1,94 milliard cette année, selon le rapport annuel "sur l'évolution des charges et produits" présenté jeudi à son Conseil, où siègent notamment syndicats, organisations patronales, mutuelles et associations de patients.

Ce document, dont l'AFP a obtenu copie, liste les mêmes "actions" et "leviers" de réduction des dépenses que les années précédentes.

La Cnam entend surtout serrer la vis sur la "pertinence" des soins, avec un objectif d'économies relevé de 510 à 655 millions d'euros, notamment sur le transport sanitaire (ambulances et taxis) et certains actes techniques (biologie et imagerie).

En revanche, pour les médicaments et dispositifs médicaux, la cible est légèrement abaissée, de 750 à 725 millions d'euros, malgré un nouveau "plan d'actions" visant les antidiabétiques et un recours accru aux génériques.

"Ces économies n'incluent pas les actions sur les prix des produits de santé liées aux négociations" avec les industriels, souligne la Cnam.

Du côté des hôpitaux, l'objectif est aussi réduit, de 470 à 410 millions, en dépit d'une "accélération" de la chirurgie ambulatoire (sans nuitée) et des retours "précoces" à domicile, après un accouchement ou une opération.

Enfin, 220 millions d'euros d'économies sont attendus de la lutte contre "la fraude et les abus", un montant modéré au regard des 270 millions récupérés en 2017.

Ces mesures doivent permettre à l'Assurance maladie de limiter la progression de ses dépenses à 2,3% en 2019, soit environ 200 milliard d'euros, conformément aux prévisions du gouvernement.

- mieux et moins cher -

La Cnam ouvre par ailleurs quelques pistes pour rémunérer médecins libéraux et établissements de santé en fonction de critères de qualité.

Par exemple, pour la chirurgie du cancer du sein, en relevant de 30 à 150 opérations par an et par établissement le seuil minimum pour obtenir une autorisation d'activité, quitte à la répartir entre plusieurs hôpitaux et cliniques.

A l'appui de cette proposition, un constat implacable: plus un établissement pratique cet acte, plus ses patientes voient augmenter leurs chances de survie.

Cela vaut aussi pour la chirurgie du cancer de l'ovaire, pour laquelle l'Assurance maladie propose d'instaurer un seuil de 20 actes par an.

Des suggestions opportunes alors que l'exécutif a fait de la qualité des soins une des priorités de sa future "transformation" du système de santé, annoncée en février.

"Une réforme en profondeur pour répondre aux difficultés", qui sera détaillée "dans le courant de l'été", a assuré lundi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ancienne présidente de l'Institut national du cancer.

L'occasion aussi pour la Cnam de relancer la réflexion sur les antidépresseurs, "probablement trop fréquemment prescrits de manière inadéquate".

En 2016, 2,6 millions de Français sans maladie psychiatrique lourde ou chronique en ont consommé au moins trois fois, pour un coût total de 2,4 milliards d'euros.

"Beaucoup de cas correspondent à des épisodes dépressifs légers pour lesquels le traitement médicamenteux ne doit pas être systématique", affirme l'Assurance maladie, qui teste depuis fin 2017 la prise en charge de séances de psychothérapie dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan).

Sans attendre les résultats de cette expérimentation au long cours, la Cnam souhaite pousser les médecins à mieux prescrire les antidépresseurs: pour éviter les traitements inutiles, les praticiens recevraient une prime financière en fonction du nombre de patients respectant la durée recommandée de traitement, d'au moins 6 mois.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.