Les écoles Diwan, 40 ans d'enseignement bilingue, mais la lanque bretonne reste menacée

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Par AFP
Publié le 26 octobre 2017 - 13:31
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La rentrée scolaire dans une école de Quimper (Bretagne), le 4 septembre 2017
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© FRED TANNEAU / AFP/Archives
La rentrée scolaire dans une école de Quimper (Bretagne), le 4 septembre 2017
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Les écoles Diwan, qui proposent un enseignement bilingue breton-français, fêtent cette année leurs 40 ans, mais si les bons résultats des élèves prouvent leur réussite, l'avenir de la langue bretonne semble lui toujours menacé.

Avec 97,3% de réussite au bac général en 2017 contre 90,7% dans l'Hexagone, le réseau d'écoles associatives bretonnes affiche un joli palmarès, 40 ans après sa création pour tenter de sauver la langue bretonne.

Fondé sur l'enseignement "immersif" du breton, le projet pédagogique de Diwan ("germer", NDLR) n'introduit le français dans l'enseignement qu'à partir du CE1.

Laïques et gratuites, les écoles sont majoritairement des établissements privés sous contrat même si leurs fondateurs revendiquent le modèle de l'école publique.

"Diwan se porte bien sur le plan des résultats et, ce qui est plus important, de la capacité à accompagner les élèves jusqu'au bac", se félicite Anna-Vari Chapalain, directrice du réseau.

Avec 4.318 élèves dans 47 écoles, 6 collèges et un lycée, et des effectifs en constante progression (+17% en cinq ans), Diwan s'agrandit d'une nouvelle école chaque année et prévoit d'ouvrir un second lycée.

A sa création en 1977, le réseau a d'abord répondu aux besoins d'une génération de Bretons à qui la langue n'avait pas été transmise par leurs parents, pensant qu'elle ne leur serait d'aucune utilité. En plein réveil de l'identité bretonne, quand fut popularisé le slogan "Vivre et travailler au pays", ils ont souhaité que leurs enfants puissent de nouveau apprendre le breton, langue véhiculaire chez Diwan.

- 'Locomotive' linguistique -

Selon Léna Louarn, vice-présidente du conseil régional de Bretagne chargée des langues, nul doute que Diwan a joué un rôle de "locomotive dans la réappropriation de la langue" tout en favorisant le développement cognitif des enfants grâce au bilinguisme. "Partenaires" des établissements, les parents plébiscitent aussi la liberté pédagogique des écoles, qui offrent une large place aux pédagogies alternatives.

Quant à ceux qui jugent artificiel l'apprentissage du breton pour les non-bretonnants, la présidente de Diwan Stéphanie Stoll répond: "Une langue ne se réduit pas à son utilité économique, tout ce qu'on vit avec une langue relève de l'émotion".

Pourtant, après quatre décennies, les écoles Diwan ne représentent qu'environ 2% des élèves des cinq départements de la Bretagne historique, si l'on inclut les classes bretonnantes du public et du privé catholique.

Avec 180.000 locuteurs estimés, selon l'Office public de la langue bretonne (OPLB), contre 1,3 million au début du 20ème siècle, le breton reste menacé. "Nous perdons 5.000 à 6.000 locuteurs chaque année tandis qu'environ un millier sont formés", rappelle Meriadeg Vallerie, de l'OPLB.

Le réseau associatif est par ailleurs confronté à une crise de croissance. Porté depuis l'origine par l'énergie de ses membres, notamment bénévoles, qui assurent la gestion et le bon fonctionnement des écoles, il peine à recruter des enseignants bilingues et s'interroge sur son statut.

Le budget s'élève à 4,7 millions d'euros, mais repose à 53% sur l'autofinancement, essentiellement par dons, le reste provenant de subventions. "Il est difficile avec un statut associatif et peu de moyens de remplir notre mission de service public", juge Anna-Vari Chapalain. "Même gratuite, une école a un coût. Il en faut des crêpes pour trouver des financements !"

De plus, la loi n'impose pas aux communes de résidence de verser à Diwan le forfait scolaire, une obligation pour le public, alors que les recettes permettraient de financer les postes périscolaires. Or Diwan emploie 150 contrats aidés dont les deux tiers étaient menacés cet été, jusqu'à ce que l'État accepte de les financer jusqu'en juillet 2018.

Le soutien des collectivités est par ailleurs souvent "juridiquement à la limite de la légalité", constate Stéphanie Stoll, qui souhaite voir l'action des élus locaux "sécurisée par la loi".

Un souhait entendu par le député Paul Molac (LREM), qui compte déposer une proposition de loi garantissant un meilleur statut aux écoles associatives laïques et gratuites de langue régionale.

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