Les "Pièces jaunes" ont 30 ans et réfléchissent à de nouveaux modes de collecte

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Par Arnaud BOUVIER - Paris (AFP)
Publié le 09 janvier 2019 - 08:47
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Tirelires de la 22e opération Pièces Jaunes en 2011
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© MARTIN BUREAU / AFP/Archives
Tirelires de la 22e opération Pièces Jaunes en 2011
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Améliorer le quotidien des enfants hospitalisés grâce aux fonds de tiroirs des Français: ce mercredi débute la 30e opération des "Pièces jaunes", qui tente désormais d'élargir ses modes de collecte face à la dématérialisation croissante des échanges.

Comme chaque année, quelque 2,3 millions de tirelires en carton (jaune, comme il se doit) seront disponibles dans les écoles, hôpitaux, bureaux de postes, boulangeries et dans certains hypermarchés pour collecter les petites pièces qui s'accumulent au fond des poches.

Les "pièces jaunes" - souvent associées dans l'esprit du grand public à la figure de Bernadette Chirac, présidente depuis 1994 de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France - fonctionnent suivant le "principe des petits ruisseaux qui font les grandes rivières: chaque centime compte", souligne Danuta Pieter, déléguée générale de la Fondation.

Cette idée de récupérer "la petite monnaie qui traîne au fond des poches, dont on n'a pas forcément l'usage et qui nous embarrasse", a "formidablement bien fonctionné" depuis 1989, se félicite Mme Pieter.

Les fonds récoltés ont permis de créer, dans les hôpitaux publics, des chambres ou des espaces spécifiques pour que les parents restent au côté de leur enfant malade, mais aussi des équipements récréatifs et scolaires, ou même du matériel de lutte contre la douleur. En tout, quelque 8.700 projets de ce type ont ainsi été financés depuis le lancement de l'opération.

Il s'agit de développer la dimension "humaniste" de l'hôpital, et de tout faire "pour que l'enfant puisse être l'acteur de sa propre guérison", explique le Pr Claude Griscelli, pédiatre, fondateur et cheville ouvrière de l'opération "Pièces jaunes".

"Quand j'ai démarré, en 1989, les parents ne pouvaient rendre visite à leur enfant malade que deux heures par jour", explique-t-il pour mieux rappeler le chemin parcouru depuis. Les quelques millions d'euros mobilisés chaque année, "c'est trois fois rien à côté des milliards de l'assurance maladie mais cela peut grandement améliorer la vie des enfants et adolescents malades", ajoute le médecin.

- Didier Deschamps parrain -

Après le judoka David Douillet et le footballeur Christian Karembeu, l'opération est désormais parrainée par le sélectionneur de l'équipe de France championne du monde de football, Didier Deschamps, convaincu que "cette cause est noble et mérite le soutien du plus grand nombre".

Bon an, mal an, quelque 2 millions d'euros sont collectés chaque année dans les petites tirelires en carton. Avec des fluctuations importantes, notamment en 2002, année d'un "pic historique", correspondant à l'arrivée de l'euro. Les Français s'étaient alors massivement débarrassés de leur pièces en francs, au point de déposer l'équivalent de 15 millions d'euros dans les conteneurs en carton.

Depuis longtemps, l'opération "pièces jaunes" ne se résume cependant pas à la collecte de la petite monnaie, qui ne constitue aujourd'hui que la moitié environ des dons. Le reste est récupéré de manière plus classique, par chèque ou virement (qui, eux, sont déductibles fiscalement), ou bien via des legs ou donations.

Des sources alternatives de financement que la fondation entend d'autant plus développer qu'en matière d'argent, "les usages ont changé", observe Mme Pieter. Avec la croissance des paiements sans contact, y compris dans les boulangeries pour de petits montants, "les gens manipulent de moins en moins de monnaie, au point qu'on évoque la disparition future des pièces", relève-t-elle.

En conséquence, la Fondation tente de décliner en mode "dématérialisé" les micro-paiements qui ont fait son succès: elle propose à ses soutiens de donner 5 euros par SMS, ou de rajouter un euro à leur facture lorsqu'ils achètent des billets de spectacles, ou encore expérimente dans certaines entreprises des procédures permettant aux employés d'arrondir leur salaire à l'euro inférieur et de faire ainsi don de quelques centimes.

"Nous vivons une période charnière. Il faut qu'on continue à s'adapter: nous ne pouvons pas laisser tomber les pièces métalliques, mais le relais de croissance, désormais, ça va être des collectes dématérialisées", résume Mme Pieter.

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