Mort de deux jeunes à Grenoble : nouveaux incidents après la marche blanche

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Par AFP - Grenoble
Publié le 06 mars 2019 - 18:25
Mis à jour le 07 mars 2019 - 00:24
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Une marche en hommage à Adam Soli and Fatih Karakuss, à Grenoble le 6 mars 2019
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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Une marche en hommage à Adam Soli and Fatih Karakuss, à Grenoble le 6 mars 2019
© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Le quartier du Mistral à Grenoble a connu mercredi un bref moment d'apaisement, le temps de rendre hommage aux deux jeunes du quartier tués en scooter volé en tentant d'échapper à la police, avant que les violences ne reprennent en soirée.

Les troubles ont débuté vers 21h00 quand plusieurs voitures ont été retournées et incendiées tandis que des pierres et des cocktails molotov étaient lancés depuis les toits des immeubles sur les forces de l'ordre, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

Plusieurs fourgons de police étaient sur place. Interrogée par l'AFP, la préfecture de l'Isère a indiqué qu'elle fournirait "plus tard" un bilan des troubles.

Dans l'après-midi, une "marche blanche" silencieuse avait rassemblé quelque 1.500 personnes pour rendre hommage aux deux jeunes gens.

L'imposant cortège s'était ébranlé vers 16H30 derrière une banderole portée par des proches et sur laquelle était inscrit "Adam et Fatih, plus jamais ça!". De nombreux participants tenaient des roses blanches et certains portaient des tee-shirts en hommage aux défunts.

Leur décès avait déjà entraîné de trois nuits consécutives de troubles dans ce quartier sensible avant un retour relatif au calme mardi. De nombreux habitants de cette cité tiennent les policiers pour responsables de l'accident ayant coûté la vie aux deux garçons de 17 et 19 ans. "Que justice soit faite!", réclamait une banderole dans la foule.

Avant le départ de la marche, la cousine de Fatih avait remercié les participants de s'être déplacés, au nom des membres de sa famille restés en Turquie. Ces derniers appellent "à ce que cesse ce qui se passe et à laisser reposer en paix" les deux jeunes gens, avait-elle déclaré sous des applaudissements nourris.

Présents en nombre, les journalistes avaient été tenus de ranger leurs micros pendant la procession.

Après avoir parcouru le quartier, le cortège avait rejoint le début du pont de Catane, à proximité du lieu de l'accident, laissant les famille se recueillir seules à l'endroit exact du drame.

Revenues au sein de la foule, elle avaient été accueillies par une haie d'honneur et des applaudissements. De retour dans le quartier, des proches des deux jeunes avaient alors remercié les habitants de les "avoir accompagnés dans (leur) peine".

"Je souhaite remercier tous ceux qui les ont rendus heureux jusqu'au bout", avait souligné la cousine de Fatih, le plus âgé des deux jeunes, dont le corps a été rapatrié en Turquie où il sera inhumé jeudi.

Adam et Fatih circulaient sans casque sur un scooter de grosse cylindrée, volé et dépourvu de plaques, lorsqu'ils ont trouvé la mort samedi soir en percutant un autocar, tandis qu'un véhicule de la brigade anticriminalité les suivait.

Une information judiciaire a été ouverte pour éclaircir les circonstances du drame, mais le parquet évoque pour l'heure "un accident". Les deux jeunes étaient connus des services de police pour des faits de petite délinquance.

"Les interrogations des familles - qui se sont constituées parties civiles - sont nombreuses", a souligné leur avocat Me Florent Girault lors d'une conférence de presse à l'issue de la marche blanche.

"Qu'est-ce qui a pu conduire des services de police à prendre en chasse un scooter avec un mineur et un jeune majeur ? (...) Qu'est-ce qui pouvait fonder une telle prise de risques ? C'est sur les circonstances exactes de ce soi-disant accident que les familles attendent des réponses", a-t-il poursuivi, évoquant des vidéos plus éclairantes sur le déroulement des faits que les vidéos officielles.

"Jusqu'à quel point l'autorité de police peut faire prendre des risques à deux usagers, et conduire un quartier dans un tel état d'émoi ? Ces réactions de colère, on peut les comprendre", a estimé l'avocat.

Pour Karim, l'oncle d'Adam, "on a ôté la vie de deux enfants parce qu'ils n'avaient pas de casques. C'est de la douleur, du chagrin et de la solidarité qui s'exprime aujourd'hui" avec cette marche blanche qui a été "d'un grand réconfort", a-t-il dit devant la presse.

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