Mort d'un enfant in utéro dans la Drôme : l'enquête pointe des dysfonctionnements

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Par Sandra LAFFONT - Valence (AFP)
Publié le 07 juin 2019 - 16:25
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Pas de miracle, les autorités de santé ne rouvriront pas la maternité de Die après l'enquête sur la mort d'un bébé in utero en février, mais elles relèvent néanmoins des dysfonctionnements dans la prise en charge de la maman.

La maternité de Die a fermé en janvier 2018, après 33 ans de contestation des habitants. La mort le 18 février du petit Aimé avait fortement ému cette sous-préfecture de 4.500 habitants, nichée au pied du Vercors dans la Drôme et devenue un des symboles de la fuite des services publics.

Sa mère, qui était à la fin de son 8e mois, souffrait, comme pour sa précédente grossesse, d'un décollement placentaire. Habitant à plus de 01H20 de route de la première maternité, les pompiers l'ont d'abord transférée aux urgences de Die, avant d'être héliportée à Montélimar.

L'Agence régionale de santé (ARS), qui avait déclenché une enquête, a exceptionnellement communiqué ses conclusions à trois médias, dont l'AFP, en présence du préfet Hugues Moutouh.

Les deux médecins inspecteurs indépendants soulignent une prise en charge erratique, insuffisamment coordonnée pendant la grossesse avec 10 professionnels différents, en 5 lieux dont le CH de Montélimar.

Face à une grossesse à haut risque, "il faut une prise en charge par un professionnel". Là "il n'y avait pas de pilote" avec d'un côté des échographistes hospitaliers, de l'autre des sage-femmes libérales, explique Jean-Yves Grall, directeur général de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

"Même si la maternité de Die avait été ouverte, cette personne aurait dû être transportée à Valence (maternité de niveau 2B quand Die était seulement de niveau 1) dès la viabilité de l'enfant", insiste Jean-Philippe Gallat, l'un des deux médecins inspecteurs.

- Audit aux urgences de Valence -

Dans le déroulé de la prise en charge le soir du drame, la famille avait souligné "le manque de réactivité des secours", le défaut de prise en charge du bébé aux urgences de Die et la lenteur de l'arrivée de l'hélicoptère en provenance de Valence.

Son mari a appelé le 18 à 20H01. La patiente est prise en charge par les pompiers à 20H12, et à 20H57 elle arrive aux urgences de Die. En pleine hémorragie, elle est alors "intouchable" avec "un ventre de bois" et un risque de déclencher un accouchement fatal pour la maman, explique le médecin inspecteur.

L'hélicoptère lui n'arrive qu'à 22H00. La sage-femme embarquée constate le décès du bébé. Il redécolle et la maman n'arrive finalement à Montélimar qu'à 22H47, soit près de 03H00 après l'alerte où elle accouchera selon ses mots "d'un magnifique petit garçon, mort né".

Pour l'ARS, rien est à reprocher aux pompiers ou à l'urgentiste de Die.

En revanche, elle va mener un audit sur le fonctionnement de la régulation médicale aux urgences de Valence, qui gèrent le déclenchement de l'hélicoptère dans le cadre de la procédure de prise en charge censée pallier l'absence de maternité à Die.

"Il n'y pas eu de bonne appréciation de la disposition de l'hélicoptère", qui était pourtant tout près, en exercice, reconnaît M. Grall.

Un audit qui pourrait raviver les tensions dans ce service, en grève illimitée depuis plus de deux mois comme des dizaines d'autres en France.

Pour le Collectif de défense de l'hôpital de Die, l'ARS ne prend pas en compte "la spécificité du Diois" et "ne respecte pas le libre choix des femmes".

"On a ici le plus fort taux d'accouchement à domicile de France donc la prise en charge doit être conforme à ce contexte", explique à l'AFP Philippe Leeuwenberg, président du collectif qui regrette "la perte de chance" des femmes du Diois.

Et il souligne la défiance locale vis-à-vis du centre périnatal mis en place à la place de la maternité avec de nombreuses femmes qui préfèrent être suivies par une sage-femme libérale. L'ARS a promis vendredi de mieux communiquer sur le fonctionnement de ce centre.

Outre Die, le débat sur les maternités de proximité a été alimenté ces derniers mois par des fermetures contestées à Bernay (Eure), Creil (Oise) ou encore au Blanc (Indre).

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