Police de sécurité du quotidien : des quartiers difficiles ciblés et un "nouvel état d'esprit"

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Par Gregory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 08 février 2018 - 05:00
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Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, lors d'une visite à la gendarmerie de Libourne le 17 novembre 2017
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, lors d'une visite à la gendarmerie de Libourne le 17 novembre 2017
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Davantage de moyens dans des quartiers difficiles et un "nouvel état d'esprit" qui se veut plus proche de la population: Gérard Collomb a dévoilé jeudi la police de sécurité du quotidien (PSQ), réforme promise par le candidat Macron après la retentissante "affaire Théo" et la grogne inédite dans la police.

Une grand-messe de plus de deux heures à l'École militaire, un jeu de questions-réponses, des intervenants pléthoriques, des vidéos: le ministre de l'Intérieur a soigné la forme pour présenter la PSQ, qu'il définit comme un "nouvel état d'esprit", et même une "révolution".

Sur le fond toutefois, la police de sécurité du quotidien ne met pas en place de nouvelles brigades spécialisées, mais additionne les annonces et promesses. Et recycle aussi pas mal de chantiers déjà ouverts. Des brigades de contact en gendarmerie à la création d'amendes forfaitaires pour certains délits (usage de cannabis notamment), en passant par la prévention des suicides chez les forces de l'ordre ou les "caméras-piétons" pour les contrôles d'identité.

Au chapitre des nouveautés, Gérard Collomb a annoncé que, d'ici à janvier 2019, trente quartiers difficiles bénéficieront de "moyens supplémentaires" - un renfort de 15 à 30 policiers à chaque fois. Trente autres quartiers suivront d'ici 2020. Au total, 1.300 effectifs supplémentaires y seront affectés. "C'est la logique des zones de sécurité prioritaire (ZSP)" lancées sous Manuel Valls, commente l'un des participants au lancement de la réforme.

Ces quartiers de "reconquête républicaine" sont ciblés en zone police: entre autres, Trappes (Yvelines), Gros Saule à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le Mirail à Toulouse, le Neuhoff à Strasbourg, les quartiers nord de Marseille ou Lille-Fives.

La maire PS de Lille, Martine Aubry, a salué une réforme qui va "dans le bon sens". Sa ville faisait partie de la centaine de communes qui s'étaient portées candidates, avec bien souvent l'espoir de glaner des effectifs supplémentaires via les 10.000 créations de postes annoncées au total sur le quinquennat.

Même satisfecit chez les maires LR Jean-Claude Gaudin (Marseille), Christian Estrosi (Nice) et Jean-Luc Moudenc (Toulouse). Colère en revanche de certains élus de banlieue, notamment en Seine-Saint-Denis: le maire PCF de Saint-Denis, Laurent Russier, a déploré "l'opacité et l'absence de critères objectifs" dans les choix.

En zone gendarmerie, 20 départements (essentiellement en Auvergne-Rhône-Alpes et dans l'ouest de la France) disposeront de 500 renforts. Le ministre veut porter le nombre de "brigades de contact" à 250 unités d'ici la fin 2018: expérimentées depuis mars 2017 par la gendarmerie, elles visent aussi à assurer une plus grande proximité avec la population.

- De 'la parole aux actes' -

Proclamant la "fin de la politique du chiffre", le ministre de l'Intérieur propose même "que ce soient les Français qui évaluent leur police, pas uniquement des séries statistiques". Il évoque le recours à des enquêtes de satisfaction.

La PSQ, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, est née dans le contexte brûlant de "l'affaire Théo" - le viol présumé à la matraque d'un jeune homme lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois - et du mouvement de grogne des policiers après une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016.

En octobre dernier, le chef de l'Etat promettait une "nouvelle doctrine, qui constituera notre référence en matière de sécurité publique pour les années à venir".

Avec une volonté: ne pas ressusciter la police de proximité, cette "pol prox" devenue le symbole de l'échec de la politique sécuritaire du gouvernement Jospin et un épouvantail pour la droite.

Les syndicats de police ont réservé un accueil poli aux annonces, en demandant de passer de "la parole aux actes". "Le constat est bon. Les solutions sont bonnes mais on reste dubitatifs", a affirmé Frédéric Lagache, numéro 2 du syndicat Alliance.

Les syndicats sont particulièrement attentifs au résultat final de la réforme de la procédure pénale, considérée à Beauvau comme un "levier de transformation" primordial de la PSQ. Un projet de loi préparé avec le ministère de la Justice doit être présenté au printemps.

Dans ce domaine, comme l'ont montré les résultats du questionnaire adressé aux 250.000 membres des forces de l'ordre lors de la concertation sur la PSQ, les attentes pour une simplification sont très fortes.

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