Policiers brûlés à Viry-Châtillon : l'heure du verdict pour les 13 accusés

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Par Alexandra DEL PERAL - Évry (AFP)
Publié le 04 décembre 2019 - 05:00
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Cette photo prise le 8 octobre 2016 montre un véhicule de police incendié à Viry-Châtillon après l'attaque de la voiture de patrouille par des individus qui ont lancé des cocktails Molotov, faisant de
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Cette photo prise le 8 octobre 2016 montre un véhicule de police incendié à Viry-Châtillon après l'attaque de la voiture de patrouille par des individus qui ont lancé des cocktails
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

L'attaque avait provoqué une onde de choc dans les rangs de la police: les 13 jeunes jugés depuis un mois et demi à huis clos à Evry (Essonne) dans l'affaire des quatre policiers brûlés au cocktail Molotov à Viry-Châtillon en 2016 sont fixés mercredi sur leur sort.

Jugés par la cour d'assises de l'Essonne pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique, ces jeunes, aujourd'hui âgés de 19 à 24 ans, encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Parce que trois d'entre eux étaient mineurs en 2016, le procès, qui s'est ouvert le 15 octobre sous haute protection policière, s'est tenu à huis clos.

Le 8 octobre 2016, deux voitures de police stationnées à proximité de la Grande Borne, considérée comme l'une des cités les plus sensibles d'Île-de-France, sont prises d'assaut par une vingtaine de jeunes.

 

Corps en flamme 

En quelques secondes, ils parviennent à briser les vitres et jettent dans l'habitacle des cocktails Molotov.

Dans une première voiture, les deux sièges avant s'enflamment. Un adjoint de sécurité, aujourd'hui 31 ans, et une gardienne de la paix, 42 ans, prennent feu.

Le haut du corps en flammes, cette dernière parvient à s'extirper de la voiture, transformée en torche. "J'ai des enfants, aidez-moi", entendra l'un des suspects, qui confiera à une amie avoir ressenti "un pincement au coeur".

Son collègue, lui, ne parvient pas tout de suite à ouvrir la portière. A-t-elle été bloquée par un ou plusieurs accusés ? L'enquête ne l'a pas déterminé.

Une fois dehors, l'adjoint de sécurité se roule par terre pour éteindre les flammes, puis sent une "vive chaleur" au niveau du visage - un autre cocktail Molotov selon lui. Il sera admis à l'hôpital entre la vie et la mort, le corps brûlé à 25%.

Dans l'autre voiture de police, les deux agents parviennent à sortir malgré le cocktail Molotov tombé sur la banquette arrière. Ils seront blessés plus légèrement.

Pendant ce temps, les agresseurs, eux, repartent vers la Grande Borne.

- "Haine anti-flics" -

Il s'agit d'"une attaque barbare, sauvage, qui était destinée à tuer", avait réagi le ministre de l'Intérieur d'alors, Bernard Cazeneuve, promettant que les "sauvageons" seront "rattrapés".

Des mots qui n'ont pas suffi à apaiser la colère de toute une profession. Pendant un mois, une série de manifestations eurent lieu dans toute la France avec à chaque fois des centaines de policiers dans la rue venus crier leur malaise face à "la haine anti-flics".

 

Procès de la haine des policiers? 

Une émotion encore vive trois ans après une attaque qui a bouleversé le travail et le moral des policiers: "Pour nous, ce n'est pas seulement le procès de quatre policiers gravement blessés mais aussi celui de la haine des policiers, une haine qui va jusqu'à la tentative de meurtre", explique Guillaume Roux, secrétaire départemental du syndicat SGP Police.

L'enquête a été longue et laborieuse. A l'image de ce chiffre: malgré les 1.000 personnes entendues, les investigations n'ont pas permis de faire toute la lumière sur cette affaire, en raison de la "loi du silence" selon les enquêteurs.

D'ailleurs, sur les 19 silhouettes qui apparaissaient sur les images captées par une caméra de surveillance, seuls 13 jeunes sont actuellement jugés. La plupart appartiennent à une même bande : celle de la "S" comme "Serpente", du nom de la rue où ils avaient l'habitude de se rassembler.

 

Volonté de tuer? 

Pour la défense, le dossier, fondé sur des "témoignages anonymes, des rumeurs et des revirements", demeure "extrêmement fragile". Pas pour les parties civiles dont l'un des avocats, Me Thibault de Montbrial, soutient que "la volonté de tuer ne faisait aucun doute".

Comme lors de l'ouverture du procès, un important dispositif policier sera mis en place au tribunal d'Evry au moment du verdict pour éviter tout débordement.

"En solidarité" avec leurs collègues, les syndicats de police Alliance et Unité SGP ont appelé à un rassemblement devant le tribunal, en début de soirée.

Le verdict devrait être rendue dans la nuit de mercredi à jeudi.

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