Près du viaduc de Gennevilliers, la peur de voir tomber "des voitures dans le salon"

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Par Céline AGNIEL - Argenteuil (AFP)
Publié le 16 août 2018 - 21:39
Mis à jour le 17 août 2018 - 14:48
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Capture d'écran d'une vidéo AFPTV du 16 août 2018 du viaduc entre Gennevilliers et Argenteuil, affaissé depuis le mois de mai
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© / AFP
Capture d'écran d'une vidéo AFPTV du 16 août 2018 du viaduc entre Gennevilliers et Argenteuil, affaissé depuis le mois de mai
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Une partie du viaduc qui enjambe la Seine entre Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et Argenteuil (Val d'Oise) s'était affaissée en mai: en contrebas du pont, les habitants retiennent leur souffle après la catastrophe de Gênes, craignant de voir tomber un jour "des voitures dans le salon".

"Ils ont mis un +patch+ pour sécuriser, c'est tout, mais ils n'ont pas réparé", s'inquiète Daniel Perez, en désignant la couche de ciment qui empêche le sable contenu dans des soutènements sous le viaduc de s'échapper davantage. La maison de cet entrepreneur en bâtiment de 37 ans n'est qu'à quelques mètres du viaduc, côté Argenteuil.

Le 15 mai dernier, en pleine nuit, un mur de soutènement s'était effondré sur plusieurs mètres, sans faire de victime.

Trois mois plus tard, la brèche dans le tablier est néanmoins toujours béante, empêchant la circulation sur l'autoroute A15, très fréquentée, sur deux des quatre voies dans le sens province-Paris. Ce qui entraîne en période normale d'"énormes bouchons" qui paralysent le centre-ville, soulignent en outre les riverains interrogés jeudi par l'AFP.

En contrebas, de gros blocs de béton dont émergent des morceaux de ferraille totalement corrodée sont encore visibles.

Cet affaissement, "ça m'a pas surpris", assure Daniel Perez: "quand il y avait de fortes pluies, il y avait du sable qui tombait". La mairie a nettoyé, pris des mesures pour drainer les eaux pluviales. Mais "deux mois plus tard, la fissure s'est créée, "une partie du pont s'est écroulée, tout simplement", souffle-t-il. "Ca met la rage parce que ça aurait pu être évité", estime-t-il.

- "Peur que ça s'effondre" -

"La peur qu'on a aujourd'hui, c'est que ça s'effondre" complètement et que "les voitures commencent à tomber et finissent dans mon salon", résume cet habitant dont la famille ne passe plus jamais sous le pont, alors que l'école des enfants est juste de l'autre côté.

Leur voisine Anna, 37 ans, dont le jardin jouxte l'A15, a pris ses précautions elle aussi: elle fait désormais "tout le tour pour éviter" de prendre le viaduc construit voici quarante-trois ans et fréquenté chaque jour par 200.000 véhicules.

Marc, 59 ans, qui habite le quartier depuis vingt ans, se souvient qu'en 2002, la rue qui passe sous le pont, située à quelques mètres de l'éboulement, s'était déjà "complètement affaissée", à cause de la présence d'anciennes carrières de gypse, désormais enfouies sous l'ouvrage d'art.

"Ils ont réparé la route, mais n'ont rien fait sur le pont", assure le quinquagénaire.

L'ingénieur Alain Monteil, à la tête de la direction des routes d'Ile-de-France (Dirif), se veut pourtant rassurant. "Non, le viaduc de Gennevilliers ne va pas s’écrouler! Il est en parfait état. Le mur de soutènement qui s’est affaissé est un ouvrage indépendant du viaduc" et celui-ci "ne s’appuie par sur cette partie", a assuré le responsable au Parisien mercredi.

Rien à voir non plus, selon lui, avec la situation à Gênes, où une portion d'un pont autoroutier s'est écroulé mardi, faisant une quarantaine de morts.

Outre des "différences de conception et de matériaux", le pont italien "est un tablier suspendu par des haubans en béton", alors que celui de Gennevilliers "est fondé sur des pieux et des piles".

Des inspections ont lieu "tous les cinq ans et des inspections visuelles ont lieu tous les ans", affirme l'ingénieur.

En attendant qu'il ne soit totalement réparé, les riverains doivent désormais prendre leur mal en patience: le viaduc ne devrait rouvrir totalement à la circulation qu'en 2019.

En France, 30% des 12.000 ponts que compte le réseau routier non concédé à des sociétés privées sont à réparer et 7% d'entre eux présentent même un "risque d'effondrement" à terme, selon un récent audit demandé par le gouvernement français.

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