Prison avec sursis requise contre un "gilet jaune" qui avait injurié Finkielkraut

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Par AFP - Paris
Publié le 22 mai 2019 - 22:50
Mis à jour le 23 mai 2019 - 00:12
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Dénonçant "un antisémitisme qui se cache derrière un antisionisme", le parquet de Paris a requis mercredi six mois d'emprisonnement avec sursis à l'encontre d'un "gilet jaune" qui avait injurié le philosophe Alain Finkielkraut en marge d'une manifestation parisienne.

Le 16 février, au cours de l'"acte 14" du mouvement à Paris, l'académicien avait été violemment invectivé par un groupe de manifestants, aux cris notamment de "Palestine!" ou "rentre chez toi".

Sur les vidéos de la scène, qui avaient suscité moult condamnations au sein de la classe politique, un homme semble très énervé: "Espèce de sioniste !", crie-t-il, "grosse merde", "elle est à nous, la France !", "sale race", "t'es un haineux et tu vas mourir !", "le Créateur il va te punir !".

Reconnu par un policier de sa ville, Mulhouse, il s'est retrouvé mercredi devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour répondre d'injures antisémites.

Au cours d'une après-midi de débats parfois confus, le prévenu s'est défendu d'avoir tenu des propos antisémites et a tenté de justifier ses injures en accusant Alain Finkielkraut d'être un "sioniste" et un raciste. Face à lui, le philosophe, qui n'a pas porté plainte, a assuré s'être trouvé face à un "nouvel antisémitisme" s'exprimant sous couvert d'antiracisme.

"L'antisionisme peut dans certains cas être une forme d'antisémitisme", a estimé l'académicien. "On veut coudre sur la poitrine des juifs non plus l'étoile jaune mais la croix gammée" et, ce jour-là, "c'est une espèce de mini pogrom qui se préparait".

S'il se considère comme "sioniste" au sens large du terme, l'académicien a précisé militer "depuis 1981 pour la solution à deux Etats", israélien et palestinien.

"Je ne demande pas réparation car ce n'est pas moi individuellement qui suis visé, je suis un représentant parmi beaucoup d'autres d'une +sale race+, les Juifs", avait-il déclaré en préambule.

- "Démonstration de haine" -

Le prévenu, un père de famille de 36 ans, a expliqué avoir été aiguillonné par sa "cause de coeur", "la cause palestinienne", en tombant sur l'académicien alors qu'il défilait "par solidarité" avec le mouvement des "gilets jaunes".

"Je voulais lui dire mes prises de position", mais "je me suis mal exprimé", s'est justifié le trentenaire, qui a une entreprise de téléphonie en Alsace mais a perdu un emploi en Suisse en raison de cette affaire.

Au sein des "gilets jaunes", "il y a des gens d'extrême gauche, d'extrême droite", a-t-il affirmé, mais ils "sont aussi contre le lobby sioniste" dont l'académicien est, selon lui, une figure de proue. "Le sionisme, c'est du racisme, ça fait du mal à tout le monde".

A la diffusion des vidéos de la scène, ce musulman décrit en février comme "proche de la mouvance salafiste" par une source proche du dossier a caché son visage dans ses mains. Avant d'assumer avoir parlé "avec énervement et passion".

Il n'y avait là ni débat ni "discours passionné", a corrigé la procureure, mais une "véritable et rapide démonstration de haine et d'antisémitisme".

Dénonçant comme le philosophe "un antisémitisme qui se cache derrière un antisionisme", la représentante de l'accusation a requis six mois de prison avec sursis contre le trentenaire.

Les conseils du prévenu ont plaidé sa relaxe, demandant au tribunal de consacrer "la liberté d'expression d'un citoyen engagé face à un personnage public extrêmement provocateur", membre avec "Eric Zemmour et Renaud Camus" d'un "triumvirat" des "néoconservateurs en France".

En début d'audience, ces avocats avaient soulevé plusieurs recours, notamment une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) jugeant trop imprécis le sens du terme "race" dans la loi réprimant l'injure raciale. L'un d'eux avait invoqué les expressions des "d'jeuns", "je kiffe ta race", "je nique ta race".

Le jugement, sur ces recours et sur le fond, sera rendu le 12 juillet.

Selon le parquet, des investigations sont en cours pour identifier d'autres auteurs des injures.

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