Réforme de la SNCF : deux semaines pour convaincre sur fond de menace de grève

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Par Elisabeth ROLLAND - Paris (AFP)
Publié le 28 février 2018 - 18:36
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Elisabeth Borne, le 28 février 2018 à l'Elysée
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© ludovic MARIN / AFP
Elisabeth Borne, le 28 février 2018 à l'Elysée
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À la veille du lancement de la concertation sur la réforme de la SNCF, les syndicats de cheminots sont "gonflés à bloc", a dit mercredi la CGT, et se donnent deux semaines pour convaincre le gouvernement d'amender son projet, tout en brandissant la menace d'une grève dure.

Soit cette concertation "sera un dialogue" sur le projet présenté lundi par le Premier ministre Édouard Philippe, soit ce sera "un monologue" et "là, les cheminots se fâcheront", a averti le leader de la CGT, Philippe Martinez.

Le statut spécifique des cheminots, que le gouvernement veut supprimer pour les nouveaux embauchés, n'est "pas négociable", a-t-il prévenu. "Qui peut me faire la démonstration -je mets au défi le Premier ministre et je suis prêt à débattre avec lui- que les problèmes de la SNCF, c'est le statut des cheminots?", a-t-il ajouté.

"Personne n'a intérêt à un mouvement dur à la SNCF. La méthode, c'est la concertation (...) une large concertation", a promis la ministre des Transports Elisabeth Borne. Objectif: "avoir une SNCF plus efficace, moins cloisonnée, qui ait tous les atouts dans un secteur qui va s'ouvrir à la concurrence".

À partir de 08H30 jeudi, Élisabeth Borne recevra les cinq principaux syndicats du groupe public lors de rencontres séparées, la CGT-Cheminots (1ère organisation) ouvrant le bal, avant l'Unsa (2e), SUD-Rail (3e), la CFDT (4e) et FO (5e). Les syndicats participeront aussi à un groupe de travail au ministère lundi matin.

"Il va y avoir deux mois de concertation et trois mois de débat parlementaire" pour définir "avant l'été" un "projet stratégique", a rappelé la ministre. "Les deux vont avancer parallèlement" et "à chaque fois que la concertation aura permis d'avancer sur un sujet, alors on mettra dans la loi les dispositions à la place des ordonnances".

Avec l'enterrement de leur statut, l'annonce lundi d'un recours possible aux ordonnances, permettant au gouvernement de brider le débat parlementaire, avait provoqué la colère des syndicats. Réunis mardi soir, ils ont toutefois décidé d'attendre avant de fixer une éventuelle date de grève, laissant une chance à la concertation.

- 'Après le 22 mars' -

Mais "si le 15 (mars), nous constatons que le gouvernement est dans la logique d'un passage en force, c'est-à-dire qu'il maintient son projet en l'état, alors il y aura grève à la SNCF", expliquait Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, à l'issue de cette réunion. "Ce sera une grève reconductible et dure", prévenait Didier Aubert de la CFDT.

Les syndicats examineront le "contenu" du projet d'habilitation à recourir aux ordonnances que le gouvernement doit déposer "le 14 mars", a indiqué Roger Dillenseger de l'Unsa (2e). "On espère réellement que d'ici au 15, les choses auront bougé. Le gouvernement est prévenu, la balle est dans son camp", a souligné Erik Meyer de SUD-Rail.

Ces quatre syndicats représentatifs devaient envoyer mercredi un courrier à M. Philippe et Mme Borne. Ils devaient aussi déposer dans la soirée une "alerte sociale", préalable obligé avant tout préavis de grève à la SNCF.

La manifestation nationale prévue de longue date à Paris par la CGT-Cheminots, rejointe par l'Unsa et SUD-Rail, est maintenue le 22 mars, jour de mobilisation des fonctionnaires. La CFDT pourrait aussi y participer.

Ce jour-là, "il n'y aura pas d'appel à la grève national", a assuré mercredi Cédric Robert de la CGT, "seulement des préavis locaux pour permettre aux cheminots de venir manifester". S'il y a une "grève nationale illimitée", ce sera "après le 22 mars", a-t-il ajouté.

Concernant l'opinion des Français à l'égard des cheminots, des sondages contrastés sont parus cette semaine. Selon une enquête Harris Interactive, la majorité des Français sont pour la fin du statut et favorables aux ordonnances. Mais un sondage BVA attribue lui une partie de la baisse de la popularité d'Emmanuel Macron à la réforme annoncée de la SNCF et au recours "à tout va" aux ordonnances qui "bafoue le débat démocratique".

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