Réforme des retraites : la fronde s'organise

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 20 août 2019 - 18:49
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Défilé du 1er Mai 2019 à Marseille
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© CHRISTOPHE SIMON / AFP/Archives
Défilé du 1er Mai 2019 à Marseille
© CHRISTOPHE SIMON / AFP/Archives

La rentrée sociale se fera au rythme des manifestations contre la réforme des retraites, avec d'un côté des syndicats en ordre dispersé, de l'autre des avocats, infirmières et pilotes de ligne prêts à défendre bec et ongles leurs régimes spécifiques.

Après la concertation, place à la confrontation. Depuis que l'exécutif a levé le voile sur son projet de réforme des retraites, ses opposants fourbissent leurs armes.

Car le rapport présenté mi-juillet par le haut commissaire Jean-Paul Delevoye a confirmé leurs principales craintes: la disparition des 42 régimes existants dans un futur "système universel" et une décote pour ceux qui partiront avant un "âge d'équilibre" fixé à 64 ans.

Pour déminer le terrain, le gouvernement veut ouvrir dès la rentrée un nouveau cycle de discussion avec les partenaires sociaux, qui seront reçus les 5 et 6 septembre à Matignon.

Mais trois journées d'action sont d'ores et déjà annoncées. La première, lundi 16 septembre, a été choisie par le Conseil national des barreaux, qui a déterré la hache de guerre et appelé "tous les avocats (...) à une manifestation nationale à Paris".

L'institution s'insurge contre la "hausse conséquente des cotisations" prévue pour aligner ces libéraux sur les salariés du privé, et dénonce une "mise à mort économique".

Elle accuse en outre les pouvoirs publics de vouloir "spolier la profession des réserves constituées" par la Caisse nationale des barreaux français (CNBF), assise sur un butin d'environ 2 milliards d'euros.

- Ralliements -

Deux arguments repris presque mot pour mot par le syndicat Convergence infirmière, qui s'est rallié la semaine dernière à cette date, refusant de laisser "doubler (les) cotisations retraite" et redoutant de voir les réserves "servir à ceux qui ont fait preuve de moins de prévoyance".

La liste des participants s'est encore allongée lundi: le principal syndicat de pilotes de ligne et six organisations d'hôtesses et stewards ont décidé de se joindre au cortège pour défendre le régime complémentaire des personnels navigants (CRPN) et ses 4 milliards d'euros de réserves financières.

D'autres professions pourraient encore venir grossir les rangs, notamment les médecins libéraux. Pour l'heure, seule une organisation (UFML, non représentative) a clairement appelé à une "journée d'arrêt d'activité et de manifestation" le 16 septembre.

Un autre syndicat, la FMF, veut organiser la "fermeture des cabinets" et des "actions avec les autres libéraux" pour empêcher "les tutelles" de "s'emparer des réserves" de la caisse des médecins (Carmf), proches de 7 milliards d'euros.

- Eparpillement -

Cette dynamique d'union tranche avec l'éparpillement des grandes centrales syndicales. Force ouvrière, qui avait dès la fin juin programmé un "rassemblement d'ampleur national à Paris" le samedi 21 septembre, n'a reçu aucun soutien jusqu'à présent.

Pas de quoi décourager pour autant son secrétaire général Yves Veyrier: "S'il faut aller à la grève, nous y sommes prêts", affirme-t-il dans un entretien publié mardi par les quotidiens régionaux du groupe Ebra.

"Une simple journée de manifestation, aussi réussie soit-elle, ne suffira sans doute pas", prédit-il, ajoutant qu'"il faudra viser l'unité d'action syndicale la plus large".

Message transmis à la CGT, qui a choisi le mardi 24 septembre pour battre le rappel contre la réforme des retraites, mais aussi contre les suppressions d'emplois dans des secteurs comme la distribution et l'industrie.

"Il y a vraiment de quoi se mobiliser", estimait avant les vacances son numéro un Philippe Martinez, espérant "une rentrée sociale très forte".

Un mois plus tard, seuls les cheminots de SUD-Rail l'ont rejoint, espérant ainsi "construire une convergence des luttes et un niveau de rapport de force qui fera reculer le gouvernement".

Les autres centrales, CFDT en tête, n'entendent pas engager de bras de fer avec le gouvernement à ce stade, préférant jouer le jeu du dialogue.

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