Retraites : avocats, médecins et pilotes défilent en masse à Paris pour conserver leur régime

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Par Gabriel BOUROVITCH, Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 16 septembre 2019 - 06:00
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Des avocats en grève, le 22 mars 2018 à Montpellier
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© PASCAL GUYOT / AFP/Archives
Des avocats en grève, le 22 mars 2018 à Montpellier
© PASCAL GUYOT / AFP/Archives

Opposés au futur "système universel" de retraites voulu par le gouvernement, les avocats ont défilé en masse lundi dans la capitale, accompagnés de professionnels du soin (médecins, infirmiers, etc.) et du transport aérien (pilotes, hôtesses, stewards), soucieux comme eux de conserver leurs "régimes autonomes".

Selon les organisateurs, 20.000 manifestants (10.500 selon la police), essentiellement des robes noires, mais aussi quelques bataillons de blouses blanches et pilotes en uniforme, ont défilé lundi à Paris à l'appel du Conseil national des barreaux (CNB), rejoint par d'autres organisations professionnelles au sein du collectif SOS Retraites.

Parti de l'Opéra peu après 14h00 en direction de la Nation, le cortège, parsemé de pancartes clamant "une retraite, pas la traite" ou encore "retraite plus chère, justice précaire", s'est finalement dispersé à la Bastille, la forte affluence ayant entraîné du retard dans le déroulé du parcours autorisé, d'après les organisateurs.

"Nous n'avons jamais été aussi nombreux", s'est réjouie la présidente du CNB Christiane Feral-Schuhl.

"Nous disons non à la nationalisation de nos régimes autonomes, non au régime universel", a-t-elle résumé.

"Nous ne sommes pas des régimes spéciaux, nos caisses sont bénéficiaires et nous entendons les garder", a de son côté clamé le Dr Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre (UFML), différenciant les caisses de retraites des indépendants de celles de la SNCF, de la RATP et des industries électriques et gazières, déficitaires et renflouées chaque année par l'Etat.

"On sera dehors pendant un an s'il le faut", a prévenu Ghislaine Sicre, la présidente de Convergence infirmière.

Dans leur ligne de mire, le futur "système universel" préconisé par le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, synonyme de forte hausse des cotisations des indépendants.

"Si on double mes cotisations, que va-t-il me rester de mes 50 heures de boulot par semaine ?", s'est interrogée Béatrice, dentiste de 52 ans.

"Le doublement des cotisations n'a jamais été une option", a rétorqué l'entourage de M. Delevoye auprès de l'AFP, rappelant que l'augmentation des cotisations doit être "partiellement" et "significativement compensée" par une baisse de la CSG.

Les manifestants s'inquiètent aussi du sort des réserves financières de leurs caisses, condamnées à disparaître, qui vont de 2 milliards d'euros pour les avocats (une "spoliation" pour le CNB) à 7 milliards pour les médecins (un "hold-up" pour la FMF).

- journée "justice morte" -

Leur défilé était doublé d'une grève des audiences, avec la quasi-totalité des 164 barreaux français "mobilisés", selon la Conférence des bâtonniers.

Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès, comme à Rennes, ou c'était une journée "justice morte".

Pas non plus de commis d'office, de consultations gratuites ni de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire...) est resté assuré.

Pour contenir la fronde, déjà matérialisée vendredi dans des transports parisiens extrêmement perturbés, le Premier ministre Édouard Philippe a chargé M. Delevoye de rencontrer "d'ici le 15 octobre" les représentants des 42 régimes amenés à s'éteindre, pour "dresser un état des lieux" et "fixer un calendrier de travail".

"Il y a des solutions pour chacune des professions", avec "des durées de transition adaptées", assure M. Delevoye qui, avec la garde des Sceaux Nicole Belloubet, recevra mardi à 16H30 les responsables du CNB, de la CNBF et de la Conférence des bâtonniers.

Dans le même temps, la concertation avec les partenaires sociaux, débutée il y a près de 2 ans, va reprendre "jusqu'au mois de décembre" pour tenter de trouver enfin un accord sur l'âge de départ ou la durée de cotisation.

Et des "consultations citoyennes" s'étaleront de fin septembre à "la fin de l'année", le projet de loi devant être adopté "d'ici l'été prochain", d'après M. Philippe.

En attendant, le dialogue passera aussi par la rue: Force ouvrière et la CGT manifesteront respectivement samedi 21 et mardi 24 septembre.

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