Sculpture : de vrais faux Rodin de retour devant la justice

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 10 octobre 2017 - 12:20
Image
Le Musée Rodin à Paris le 12 novembre 2015
Crédits
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Le Musée Rodin à Paris le 12 novembre 2015
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

Contrefaçon industrielle ou simples tirages posthumes ? La cour d'appel de Paris juge à partir de mercredi une société et son gérant pour avoir fabriqué et vendu à l'étranger des oeuvres produites à partir de moules originaux d'Auguste Rodin, sans l'autorisation du musée Rodin.

Quatre prévenus, dont Gary Snell, patron américain de la société Gruppo Mondiale, sont poursuivis pour avoir édité et commercialisé des oeuvres du père du "Penseur", sans dire qu'il s'agissait de simples reproductions, à partir de plâtres vendus par la fonderie Rudier utilisée par l'artiste de son vivant.

La justice avait été saisie en mars 2001 d'une plainte pour escroquerie et contrefaçon du Musée Rodin de Paris qui détient les droits moraux de l'artiste.

En novembre 2014, à l'issue d'un premier procès, le tribunal correctionnel de Paris s'était déclaré incompétent, estimant qu'il n'était pas démontré que les sculptures aient été fabriquées, exposées ou vendues sur le territoire français. Le parquet avait fait appel de cette décision et obtenu un nouveau procès.

La société poursuivie, Gruppo Mondiale, aurait produit, selon l'estimation d'un expert judiciaire, quelque 1.700 bronzes tirés à partir de 52 oeuvres d'Auguste Rodin (1840-1917), pour un préjudice estimé à 60 millions d'euros. Lors du premier procès, Gary Snell n'avait reconnu que l'édition d'environ 500 pièces.

Originalité du dossier: les tirages ont été réalisés à partir des authentiques plâtres d'atelier, vendus par la fonderie historique de Rodin, Rudier. Parmi les merveilles reproduites: "Le Baiser", "Le Penseur" ou "La main de Dieu".

Or ces oeuvres, dont certaines ont été exposées à Venise, Genève ou Toronto comme des originaux, ne portaient pas la mention "reproduction". Normal pour la défense de Gary Snell qui rappelle que l'oeuvre de Rodin est tombée dans le domaine public et qui estime que le musée, dûment prévenu du projet de "tirages posthumes", ne veut que "protéger son monopole" sur la vente des produits dérivés.

Au contraire, au nom de la défense du "patrimoine national et universel", le parquet avait dénoncé une "publicité mensongère" et des contrefaçons portant "le cachet de Rodin", avec "un tirage numéroté et un certificat d'authenticité susceptibles de tromper les acheteurs".

En outre, pour un expert, le tirage excessif de bronzes à partir de surmoulages qui ne devaient supporter qu'un nombre limité d'exemplaires aurait également eu pour conséquence de dénaturer la qualité des oeuvres.

La défense du musée, qui s'était offusquée "qu'un +Penseur+ amolli" puisse "circuler partout dans le monde", avait réclamé 68 millions d'euros de dommages et intérêts à Gruppo Mondiale. Une somme alors jugée "extravagante" par le procureur.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.