Une pluie d'étoiles et des centaines d'admirateurs ont dit adieu à Bocuse

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Par Nicole DESHAYES - Lyon (AFP)
Publié le 26 janvier 2018 - 08:42
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Le restaurant de Paul Bocuse, "L'auberge du Pont de Collonges, le 20 janvier 2018 au Mont-d'Or
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© JEFF PACHOUD / AFP/Archives
Le restaurant de Paul Bocuse, "L'auberge du Pont de Collonges, le 20 janvier 2018 au Mont-d'Or
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"Des hommes comme ça, on ne les pleure pas, on les honore", avait dit l'un d'eux. Des centaines de chefs et d'admirateurs se sont réunis vendredi matin à Lyon pour un dernier hommage au "pape" de la gastronomie, Paul Bocuse.

"Monsieur Paul" aurait voulu une cérémonie "simple" dans "la petite église de Collonges-au-Mont-d'Or", sa commune natale où il est mort à 91 ans dans sa fameuse auberge - trois étoiles Michelin depuis plus d'un demi-siècle, un record - exceptionnellement fermée vendredi midi, pour permettre à la brigade d'assister aux obsèques.

Mais cela "n'a pas été possible" en raison de l'affluence, a expliqué son fils Jérôme. La cérémonie a donc eu lieu à la cathédrale Saint-Jean, à Lyon. "Nous sommes toujours au bord de la Saône, quelques kilomètres en aval", a souri le cardinal Philippe Barbarin, qui présidait à la célébration. "Mais il fallait être réaliste, même la primatiale ne peut pas accueillir tous ceux qui veulent lui rendre hommage."

Plus de mille invités - la famille du défunt, polygame assumé, les proches, les personnalités, les collaborateurs des différents établissements Bocuse, et des centaines de chefs - étaient dans l'édifice, où les vestes blanches, de rigueur en cuisine, l'emportaient sur les costumes sombres du deuil.

Parmi eux, le gotha de la gastronomie, venu saluer celui qui a inspiré et formé des générations. Alain Ducasse, Joël Robuchon, Anne-Sophie Pic, Marc Veyrat, Guy Savoy, Christian Le Squer, Pierre Gagnaire, Régis Marcon, Michel Guérard, Arnaud Donckele, Yannick Alléno, l'Américain Thomas Keller, Daniel Boulud, arrivé de New York, ou Hiroyuki Hiramatsu, à la tête des brasseries Bocuse au Japon... pour n'en citer que quelques-uns.

"Ta rivière chérie est en peine, elle déborde de tristesse mais nous, nous ne serons pas tristes", a dit en introduction Pierre Troisgros, 91 ans, son ami de toujours.

"La fête était votre devise, la fête de votre vie fut belle, riche, généreuse, comme votre cuisine, sans esbroufe, elle a fait rayonner notre métier tout autour du globe", a salué le chef Marc Haeberlin, qui l'a connu à 14 ans, en rappelant l'humour et la malice du défunt, aux yeux "espiègles comme un gamin".

- "Bon appétit et large soif" -

Au "firmament", "j'espère que tous les chefs qui vous ont précédé vous ont préparé une belle mise en place. Adieu Monsieur Paul, la cuisine vous doit tout, soyez le bienvenu pour ce banquet céleste, et comme vous le disiez souvent: bon appétit et large soif", a-t-il ajouté.

Françoise Bocuse-Bernachon et Jérôme Bocuse, les enfants de Paul, ont lu de courts textes religieux. "Je ne m'attendais pas à ces textes, il y en a tellement dans la Bible qui décrivent des repas !", s'est amusé le cardinal Barbarin, en saluant l'assistance "comme des disciples".

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, ancien maire de Lyon, s'est également adressé aux "chefs venus des quatre coins du monde". "Ils sont là pour reprendre votre flambeau (...) Ils savent aussi qu'ils perdent un des plus grands ambassadeurs de la France", a-t-il dit.

A l'extérieur, un chapiteau et des écrans géants permettaient de suivre la cérémonie. "Je n'imaginais pas ne pas venir. Il mérite que tout le monde soit présent. Je l'admirais, c'était quelqu'un de formidable", a confié à l'AFP Jeanine Chanal, 82 ans, une habitante du quartier.

Paul Bocuse, vêtu de sa veste de cuisinier ornée de sa médaille de Meilleur Ouvrier de France (MOF), décrochée en 1961, sera inhumé dans le caveau familial au cimetière de Collonges, aux côtés de ses parents. Une cérémonie réservée à 200 personnes.

Dans une interview posthume, pleine d'humour, réalisée entre 2013 et 2017 par Le Point et diffusée pour les obsèques, il confiait que la mort ne l'a "jamais" effrayé. "Je ne suis pas pressé! J'ai encore le temps. Je vais vivre jusqu'à 100 ans, si Parkinson me laisse tranquille", assurait celui qui souffrait de cette maladie depuis plusieurs années.

Grand amoureux de la vie, il avait alors imaginé finir ses jours sur "un bon pot-au-feu", entre amis et arrosé de bonnes bouteilles. Et concluait qu'il ne regrettait rien, comme Piaf dans sa chanson qui a accompagné la sortie du cercueil, longuement applaudi.

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