Algérie : la transition politique, "défi le plus important" entre l'armée et la rue

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Par AFP - Paris
Publié le 03 avril 2019 - 12:23
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Le président démissionnaire algérien Abdelaziz Bouteflika, le 15 février 2007 lors d'un sommet France-Afrique à Cannes, dans le sud-est de la France
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© LIONEL CIRONNEAU / POOL/AFP/Archives
Le président démissionnaire algérien Abdelaziz Bouteflika, le 15 février 2007 lors d'un sommet France-Afrique à Cannes, dans le sud-est de la France
© LIONEL CIRONNEAU / POOL/AFP/Archives

Au lendemain de la démission du président Abdelaziz Bouteflika, la "transition politique" devient le "défi le plus important" pour l'Algérie, souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

A présent, l'armée va en effet devoir éviter le moindre "faux pas" face à une rue propulsée au rang de "nouvel acteur" politique, dit cet expert.

Q: Quel chapitre l'Algérie ouvre-t-elle après la démission du président Abdelaziz Bouteflika?

R: "Le départ de Bouteflika laisse le champ libre à deux acteurs, l'institution militaire et la rue algérienne. Il montre la rupture de confiance entre l'armée et le +pôle présidentiel+ après plusieurs années de caution militaire à Bouteflika et de caution civile à l'armée.

C'est une première victoire (de l'armée) mais elle n'est pas définitive dans la mesure où la transition politique est le défi le plus important.

La rue algérienne est devenue le nouvel acteur dans la vie politique algérienne. Elle ne va pas s'arrêter là. Elle va demander un accompagnement politique de cette démission.

L'armée risque de perdre de son prestige si elle commet des faux pas dans la transition. On ne connaît pas grand-chose de ses intentions concernant la gestion de l'après-Bouteflika. Va-t-elle maintenir le gouvernement actuel, l'idée du président Bouteflika d'une "conférence nationale inclusive" ou a-t-elle sa propre feuille de route?"

Q: Quel processus de transition voyez-vous se dégager?

R: "L'armée veut éviter le vide, confier les rênes du pays à un président à qui il reviendra de piloter la transition. Il me semble que c'est cela le plan.

L'institution militaire (voudra) rester au-dessus de la mêlée et elle n'a pas les compétences nécessaires pour gérer (elle-même) cette transition politique.

Le délai est très court pour proposer certaines réformes du code électoral. En même temps, une volonté politique ferme peut amener à un président élu au suffrage universel et des élections libres. Une présidentielle c'est moins compliqué que des législatives."

Q: Quelle alternative politique, quels acteurs, quels partis peuvent désormais émerger?

R: "Il y a des personnalités politiques intéressées par le poste (de chef de l'État), tous ceux qui ont été candidats déjà lors des élections précédentes, comme Ali Benflis (à la fois ex Premier ministre et ancien rival d'Abdelaziz Bouteflika).

L'avocat Mustapha Bouchachi a les faveurs de la rue et sa déclaration saluant la position de l'armée est de nature à rassurer l'institution militaire.

Tous les partis politiques ont été laminés par Bouteflika, soit complètement évacués de la scène politique ou minés de l'intérieur par le régime. Mais le sursaut démocratique de la rue leur offre une opportunité importante de se ressaisir et d'opérer une mutation. Ils peuvent devenir des partis importants.

Une nouvelle société civile est en train de se construire et c'est un signal fort pour les partis politiques parce que la rue ce n'est pas une offre politique.

Les hommes d'affaires qui étaient très puissants avec leurs médias vont changer de camp ou se retirer pour y voir un peu plus clair.

Il est important pour le nouveau pouvoir, même provisoire, d'essayer de faire une négociation, des compromis importants pour éviter des règlements de compte, un déraillement de ce processus pacifique."

Propos recueillis par Valérie LEROUX

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