Migrants : Trump accroît la pression sur Merkel en Allemagne

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Par Ralf ISERMANN avec Yacine LE FORESTIER à Berlin - Munich (Allemagne) (AFP)
Publié le 18 juin 2018 - 06:00
Mis à jour le 19 juin 2018 - 01:08
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La chancelière allemande Angela Merkel le 30 mai 2018 à Berlin
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© Odd ANDERSEN / AFP/Archives
La chancelière allemande Angela Merkel le 30 mai 2018 à Berlin
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Donald Trump a apporté lundi son soutien à l'aile la plus à droite du gouvernement allemand, qui a fixé un ultimatum de deux semaines à la chancelière Angela Merkel pour obtenir au niveau européen une forte réduction du nombre d'arrivées de migrants.

"Le peuple allemand est en train de se retourner contre ses dirigeants" sur l'immigration, s'est félicité le président américain sur son compte twitter.

Il a affirmé que "la criminalité en Allemagne est très en hausse", alors que les statistiques officielles disent l'inverse.

"Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l'immigration en Europe se passe avec nous!", a encore écrit le chef de l'Etat américain.

Une manière de souffler sur les braises du conflit qui déchire le gouvernement d'Angela Merkel sur la politique migratoire.

- Ultimatum -

Le ministre allemand de l'Intérieur, président du parti très conservateur bavarois CSU, Horst Seehofer, lui a fixé lundi un ultimatum jusqu'à un sommet des dirigeants de l'UE fin juin.

Il a prévenu qu'il serait prêt "en juillet" à "refouler immédiatement" les migrants arrivant aux frontières allemandes en provenance d'un autre pays européen si la chancelière ne parvient pas à une solution "équivalente" à Bruxelles.

"Je suis parfaitement déterminé à mettre cela en oeuvre si les négociations européennes devaient échouer", a-t-il prévenu.

Angela Merkel a de son côté promis de tout faire pour trouver d'ici-là des accords bilatéraux et européens sur la question, mais elle a rejeté l'ultimatum ainsi que toute idée de fermeture "automatique" des frontières en cas d'échec de ses efforts.

"Nous ne voulons pas agir de manière unilatérale, non-concertée et dommageable pour des tiers", a-t-elle dit.

"Pour nous il est clair qu'il y aura un automatisme" et l'évaluation des résultats du sommet sera prise "par le ministre de l'Intérieur", lui a rétorqué lundi soir l'un des dirigeants du parti CSU, Markus Söder.

Après une semaine de polémiques sur le sujet, le risque d'implosion de la fragile coalition au pouvoir depuis trois mois en Allemagne reste plus actuel que jamais.

Car si le ministre de l'Intérieur passe en force pour donner un tour de vis à la politique migratoire nationale, la chancelière, qui préside le parti de centre-droit CDU, n'aura d'autre choix que de le limoger. Ce qui ferait éclater la coalition et provoquerait sans doute de nouvelles élections.

- Négociations européennes -

Sur la question migratoire, Mme Merkel joue la carte de l'UE et considère que la cohésion de l'Europe est en jeu.

Elle a semblé recevoir le soutien de l'Italie dans son bras de fer avec M. Seehofer. En visite à Berlin, le nouveau président du Conseil, Giuseppe Conte, a mis en garde contre les politiques semant "les divisions en Europe".

"Nous devons agir tous ensemble", a-t-il prôné, même si son pays refuse désormais de manière unilatérale l'accès à ses ports aux navires d'ONG secourant des migrants en Méditerranée.

En Allemagne, l'onde de choc politique provoquée par l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016 ne faiblit pas, même si depuis 2017 le nombre des nouveaux arrivants a considérablement baissé.

Cette crise migratoire a d'abord contribué à l'essor de l'extrême droite dans le pays, comme un peu partout en Europe, et est à l'origine du conflit actuel au sein du camp conservateur de la chancelière, entre partisans de la voie nationale et européenne.

La CSU, qui se prépare à de difficiles élections régionales en Bavière en octobre face à l'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), a perdu patience, au risque de faire tomber l'alliance datant de 1949 avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel.

Les deux semaines qui viennent s'annoncent donc décisives et compliquées pour Mme Merkel. Elle s'entretiendra mardi avec le président français Emmanuel Macron et celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Elle doit faire face à un mécontentement croissant de son opinion, exacerbé par des faits divers. Lundi s'est ouvert le procès d'un jeune réfugié afghan accusé d'avoir mortellement poignardé son ancienne petite amie de 15 ans dans un supermarché.

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