Attentat de l'Amia en Argentine : le juge condamné pour entrave à l'enquête

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Par Alexandre PEYRILLE - Buenos Aires (AFP)
Publié le 28 février 2019 - 07:45
Mis à jour le 01 mars 2019 - 00:18
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Des policiers et des pompiers fouillent les décombres à la recherche de survivants après l'explosion d'une bombe dans un immeuble abritant les institutions juives du pays, dont la mutuelle Amia, le 18
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© ALI BURAFI / AFP/Archives
Des policiers et des pompiers fouillent les décombres à la recherche de survivants après l'explosion d'une bombe dans un immeuble abritant les institutions juives du pays, dont la
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L'ex-président argentin Carlos Menem a été acquitté mais le juge chargé de l'affaire a été condamné pour avoir fait dévier l'enquête sur l'attentat visant la communauté juive, en 1994 à Buenos Aires.

Après plus de trois ans de procès, la chambre criminelle N.2 du tribunal de Comodoro Py de Buenos Aires a prononcé une peine de 6 ans de prison contre le juge Juan José Galeano, qui a dirigé l'enquête pendant près de 10 ans, et de 4 ans et demi contre l'ancien patron des services secrets argentins Hugo Anzorreguy.

Vingt-cinq ans après, le pire attentat de l'histoire de l'Argentine -85 morts et 300 blessés- n'a toujours pas été élucidé. Israël et l'Argentine affirment que l'Iran a ordonné cet attentat et celui de 1992.

L'impunité perdure aussi en ce qui concerne l'attentat à la bombe contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires en 1992 (29 morts, 200 blessés).

"Je suis en paix. Nous voulions la vérité et qu'il paient pour ce qu'ils ont fait. L'enquête doit se poursuivre", a réagi Jorge Burstein, membre d'une des trois associations de victimes qui étaient partie civile.

Le ministère public avait requis, en décembre 2017, quatre ans de prison contre Carlos Menem, 88 ans, et 13 ans contre le juge Galeano, accusé d'avoir remis 400.000 dollars à Carlos Telleldín, indic de la police, pour qu'il accuse un groupe de policiers. Il a nié avoir agi sur ordre de Carlos Menem.

Tout au long du procès, Menem a refusé de s'exprimer, disant que s'il parlait "cela pourrait affecter les intérêts de l'Argentine et provoquer la rupture d'une coexistence pacifique" avec d'autres pays.

Menem "est soulagé. Il n'y a jamais eu un ordre donné de sa part pour interrompre l'investigation", a déclaré l'avocat de l'ancien président, Omar Daer, à la sortie du tribunal.

- "Piste syrienne" -

Le juge Galeano avait dit lundi pour sa défense que l'enquête sur l'attentat de l'Amia (Association mutuelle israélite argentine) "a été victime des misérables luttes internes au sein des services de renseignement".

Accusé d'avoir remis 400.000 dollars à Carlos Telleldín, indic de la police, pour qu'il accuse un groupe de policiers, M. Galeano s'est défendu en expliquant que "c'était incontournable" pour élucider l'attentat. Il a nié avoir agi sur ordre de Carlos Menem.

Ce dernier, d'origine syrienne, était accusé d'avoir ordonné au juge d'abandonner "la piste syrienne", qui menait au chef d'entreprise Alberto Kanoore Edul et à d'autres entrepreneurs qui achetaient de l'Ammonal, l'explosif utilisé lors de l'attentat.

Outre le juge et l'ex-patron des services de renseignement, deux policiers ont été condamnés (à 3 ans de prison), de même que deux ex-procureurs (2 ans) alors que M. Telleldin écope de trois ans et demi.

Une autre procédure pour entrave à l'enquête sur l'attentat de l'Amia a été ouverte contre l'ex-présidente Cristina Kirchner, qui a été mise en examen en 2017. C'est un accord conclu par Mme Kirchner avec l'Iran qui est mis en cause: il prévoyait l'audition à Téhéran, par des juges argentins, de dirigeants iraniens suspects. Mais l'accord est resté lettre morte.

L'Iran a toujours refusé de livrer les diplomates iraniens soupçonnés d'avoir participé à la préparation de l'attentat

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