Bangladesh : l'exode des Rohingyas reprend massivement

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Par AFP
Publié le 03 octobre 2017 - 13:49
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Des réfugiés rohingyas attendent de pouvoir entrer au camp de Balukhali, le 2 octobre 2017 au Bangla
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© FRED DUFOUR / AFP
Des réfugiés rohingyas attendent de pouvoir entrer au camp de Balukhali, le 2 octobre 2017 au Bangladesh
© FRED DUFOUR / AFP

Après quelques jours d'accalmie, l'exode des Rohingyas vers le Bangladesh a repris à grande échelle ces derniers jours, principalement en raison du manque de nourriture dans l'ouest de la Birmanie, où la souffrance est "inimaginable" selon l'ONU.

Plus de 507.000 membres de cette minorité musulmane de Birmanie ont déjà passé la frontière pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane, consécutive à des attaques de la rébellion rohingya.

Cela représente la moitié de cette communauté apatride d'un million de personnes, installée en Birmanie depuis des décennies mais victime d'après l'ONU d'une "épuration ethnique".

Quotidiennement, des dizaines de petites embarcations, dont de nombreux bateaux de pêche arrivent au Bangladesh, avec à leur bord des réfugiés rohingyas, raconte à l'AFP Fazlul Haq, élu bangladais de Shah Porir Dwip, petit village de pêcheurs à l'embouchure du fleuve Naf, qui sert de frontière naturelle entre les deux pays.

"Quelque 4.000 à 5.000 Rohingyas arrivent tous les jours", complète Ariful Islam, garde-côte bangladais.

"Certains Rohingyas pensaient pouvoir rester en Birmanie, mais ils viennent aussi ici maintenant", ajoute-t-il.

Du côté birman, plus de 10.000 Rohingyas se sont rassemblés à un point de passage avec le Bangladesh, ont annoncé mardi les médias officiels birmans.

"Beaucoup fuient actuellement à cause du manque de nourriture et de la peur. Il n'y a plus rien à manger dans certaines zones", explique à l'AFP Chris Lewa, de l'Arakan project, une organisation de défense des droits des Rohingyas.

"La plupart ne survivent que grâce à leurs récoltes, mais ces dernières semaines ils n'osent plus se rendre dans leurs champs, car ils doivent passer près des villages bouddhistes", ajoute-t-elle.

Pour la première fois depuis le début des combats, une délégation internationale, avec des représentants de l'ONU et des ambassadeurs, a eu accès lundi à cette zone, épicentre des troubles depuis le 25 août.

A l'issue de la journée, les Nations unies ont qualifié d'"inimaginable" "l'ampleur de la souffrance humaine" et demandé l'"arrêt des opérations militaires". L'ONU a aussi réclamé un "accès sans restriction pour l'aide humanitaire" et les ONG, pour permettre une "évaluation globale de la situation".

- Trafiquants d'êtres humains -

En effet, la zone est bouclée par l'armée et l'aide humanitaire ne parvient pas aux populations déplacées à l'intérieur de la région.

L'ONU juge que l'armée birmane et les milices bouddhistes se livrent à une épuration ethnique contre la communauté musulmane de cette région qui a déjà connu de nombreux épisodes de violences, mais jamais de cette ampleur.

Sous le feu des critiques, la Birmanie dénonce un parti pris pro-rohingya de la communauté internationale et fait bloc derrière sa dirigeante Aung San Suu Kyi, qui est à la tête du premier gouvernement civil depuis des décennies mais doit composer avec la très puissante armée birmane.

Au Bangladesh, la police a sauvé lundi 20 Rohingyas prisonniers de trafiquants d'êtres humains, qui exigent plus de 250 dollars pour effectuer la traversée du fleuve Naf, un trajet qui coûte normalement autour de cinq dollars.

Des dizaines de personnes se sont noyées ces dernières semaines en tentant cette traversée. Jeudi, quelque 60 personnes ont péri lors du naufrage de leur embarcation, qui a coulé à quelques encablures de la terre ferme, victime des pluies torrentielles et de vents violents.

Cet exode des Rohingyas a pris de court le Bangladesh, nation pauvre d'Asie du Sud à majorité musulmane, et le manque de nourriture des deux côtés de la frontière fait craindre une catastrophe humanitaire de grande ampleur.

Plus de 14.100 enfants souffrent de malnutrition et sont en danger de mort dans les camps misérables du Bangladesh, où la distribution des vivres se fait sans coordination, d'après l'ONU.

Affamés par des journées de marche sans vivre, les réfugiés se pressent aux distributions mais doivent souvent attendre des heures sous un soleil de plomb pour un repas.

D'après les agences humanitaires, 145.000 enfants de moins de cinq ans ont besoin d'une aide d'urgence.

Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde, sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste.

Victimes de discriminations, ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.

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