Brexit : aux portes du Royaume-Uni, la ville de Douvres s'impatiente

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Par Rosie SCAMMELL - Douvres (Royaume-Uni) (AFP)
Publié le 27 mars 2018 - 10:54
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Douvres, porte d'entrée au Royaume-Uni pour les nombreux ferries qui accostent quotidiennement Ci-contre vue sur le port de Douvres le 20 août 2013
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Douvres, porte d'entrée au Royaume-Uni pour les nombreux ferries qui accostent quotidiennement
Ci-contre vue sur le port de Douvres le 20 août 2013
© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives

Port de transit britannique sur la Manche, la ville de Douvres et ses habitants attendent impatiemment le Brexit, malgré les embouteillages monstres que pourraient créer le retour des contrôles aux frontières.

A 35 kilomètres des côtes françaises, Douvres est une porte d'entrée au Royaume-Uni pour les nombreux ferries qui accostent quotidiennement et déversent leurs flots de poids-lourds et de passagers.

Ils sont accueillis, non loin du terminal, par une fresque de l'artiste Banksy réalisée en 2017 représentant un homme en train de casser une étoile du drapeau européen à coups de burin.

Les habitants ont voté ici à 62% pour quitter l'Union européenne. Mais la volonté du gouvernement britannique de se retirer également de l'union douanière et du marché unique pourrait faire apparaître des embouteillages massifs, si de nouveaux contrôles douaniers sont instaurés.

Chaque jour, 10.000 poids-lourds traversent la ville, générant des échanges commerciaux représentant 140 milliards d'euros annuels.

"Même si cela ne prenait que deux minutes supplémentaires de faire passer un camion, cela provoquerait des bouchons sur plus de 27 kilomètres" avait mis en garde le Port de Douvres, en septembre.

- "Un grand moment" -

A un an de la sortie officielle du pays de l'Union européenne, le 29 mars 2019, aucune solution n'a encore été trouvée pour éviter le chaos. La période de transition, dont Londres et Bruxelles ont fixé l'échéance au 31 décembre 2020, ne fait que retarder le problème. Malgré cette difficulté, les habitants attendent le Brexit avec optimisme.

"Ca va bouchonner pendant un moment, mais on finira bien par trouver une solution", estime Micheal O'Leary, un sexagénaire occupé à décharger une camionnette devant sa maison. Il espère surtout que le Brexit entrainera un accroissement des échanges avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Assise sur un banc dans l'un des squares de la ville, Sofia Cairns estime que ces changements, aussi délicats soient-ils, sont nécessaires pour "bâtir des fondations solides" pour l'avenir.

"C'était une bonne chose de voter pour le Brexit, c'était une question d'intégrité pour le pays", déclare la sexagénaire, arrivée de Pologne il y a 37 ans. "Dieu a établi des frontières pour chaque pays, il faut les maintenir", estime-t-elle.

Au sein de l'Union européenne, les frontières se sont pourtant effacées il y a plus de 25 ans. Ancien officier des douanes, Derek Leach, 79 ans, se souvient du jour de la naissance du marché unique européen, le 1 janvier 1993.

"Au débarcadère du premier ferry après minuit, les chauffeurs de poids-lourds étaient en smoking, les camions arboraient des guirlandes lumineuses, c'était un grand moment", raconte-t-il à l'AFP.

Président d'une association de préservation du patrimoine de la ville, le Dover Society Community group, il reconnaît qu'il est "très nerveux" à l'approche du Brexit. Face aux risques d'embouteillages, il a suggéré la création de points de contrôle des douanes plus loin, à l'intérieur des terres, afin de soulager les alentours du port.

"J'ai l'impression que les gens se rendent compte, de plus en plus, des difficultés potentielles, mais espèrent seulement que quelqu'un, quelque part, puisse les résoudre", soupire-t-il.

- 'Cauchemar bureaucratique' -

La proximité avec le continent européen a ici aiguisé les arguments pendant la campagne du Brexit, que ce soit pour défendre le maintien dans l'UE comme pour promouvoir le retrait.

Depuis le référendum du 23 juin 2016, les négociations entre Londres et Bruxelles sont scrutées attentivement.

John Angell, 62 ans, président d'une association de chefs d'entreprises locaux, la Dover Town Team, s'inquiète de ne pas voir les discussions sur la future relation progresser plus rapidement.

"D'un point de vus entrepreneurial, on préfère toujours pouvoir planifier, mais il y a énormément d'incertitude ces temps-ci, on ne sait pas ce qui va se passer", déplore-t-il, dans son magasin de montres et de bijoux.

S'il souhaite que la liberté de circulation soit maintenue, il s'imagine parfois le pire. "Les Français qui campent sur leurs positions d'un côté, les Britanniques de l'autre, et des camions partout à travers le nord de la France et le Kent : un cauchemar bureaucratique !"

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