En Ukraine, pour ou contre le pouvoir, on vote en espérant la paix

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Par Evguenia KUZNETSOVA et Olga SHYLENKO à Kiev - Marioupol (Ukraine) (AFP)
Publié le 31 mars 2019 - 15:00
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Des soldats ukrainiens votent dans un bureau installé près de la ligne de front, à Avdiivka, dans la région de Donetsk, le 31 mars 2019
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© Anatolii STEPANOV / AFP
Des soldats ukrainiens votent dans un bureau installé près de la ligne de front, à Avdiivka, dans la région de Donetsk, le 31 mars 2019
© Anatolii STEPANOV / AFP

Qu'ils optent pour le président sortant ou pour un nouveau visage, ce sont des Ukrainiens "fatigués" par cinq ans de guerre qui votaient dimanche dans l'espoir de donner un nouvel élan aux effort de paix.

A Marioupol, un port industriel situé à seulement une vingtaine de kilomètres de la ligne de front, Serguiï, 22 ans, a voté dans une grande tente verte aménagée en bureau de vote pour militaires. Ces derniers espèrent la fin de la guerre. "Le pays en est fatigué, les gens aussi", a déclaré à l'AFP ce soldat ukrainien, refusant de dévoiler le nom de son candidat.

Elu en 2014, au début de la guerre avec les séparatistes prorusses qui a fait depuis 13.000 morts et porteur des aspirations pro-occidentales des Ukrainiens, le président Petro Porochenko se trouve menacé d'élimination dès le premier tour dimanche.

Dans les sondages, il est devancé par le comédien Volodymyr Zelensky, 41 ans, qui incarne un professeur d'histoire devenu subitement président dans une série télévisée, et au coude à coude avec l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko.

"Le pouvoir ukrainien ne fait que mentir et arnaquer", tranche à Marioupol Oleg, un ouvrier dans la métallurgie de 40 ans, qui a voté pour le comédien qui représente selon lui "un nouveau souffle".

Signe de tension dans cette grande ville de l'Est contrôlée par Kiev, un blindé et des patrouilles de la Garde nationale étaient postés devant le bureau de vote.

Plus loin de la ligne de front, l'espoir de paix est aussi exprimé par des électeurs interrogés par l'AFP à Lviv, bastion nationaliste dans l'ouest du pays et à Kiev, la capitale.

Dans un quartier historique de Kiev, Olena Selizovska, une retraitée de 75 ans, veut que ses "enfants et petits-enfants vivent mieux, pour qu'il n'y ait plus de guerre". Elle fait confiance pour cela au président actuel malgré les critiques: "Il est arrivé au pouvoir dans une situation difficile, bien sûr que tout n'a pas marché".

"J'ai voté pour que la guerre finisse enfin, je veux du calme pour l'Ukraine", a déclaré Irina, une fonctionnaire de 48 ans à Lviv, qui a aussi opté pour M. Porochenko.

- "Contre Porochenko" -

Dans son bureau de vote en périphérie de la ville, une icône accrochée à l'entrée incite beaucoup d'électeurs à se signer, voire à se recueillir. Plusieurs membres de la commission électorale ont mis des chemises brodées traditionnelles en signe de patriotisme.

Accusé de n'avoir pas fait assez pour lutter contre la corruption, M. Porochenko a cependant à son actif d'avoir redressé l'armée, ruinée au début du conflit, oeuvré au rapprochement avec l'Union européenne et obtenu la reconnaissance d'une Eglise orthodoxe indépendante de Moscou.

Mais la fulgurante ascension de M. Zelensky reflète la défiance des électeurs ukrainiens envers leurs élites éclaboussées par des scandales de corruption à répétition et leur déception cinq ans après le soulèvement pro-occidental du Maïdan, qui a porté au pouvoir M. Porochenko.

"J'ai essayé Zelensky, peut-être qu'il réussira", explique à l'AFP Roman, 52 ans, un habitant de Lviv. "Les autres ont eu leur chance, mais n'ont rien fait".

Irina, 35 ans, employée d'un salon de manucure à Kiev, a un avis opposé: "Je ne sais pas encore pour qui je voterai, mais sûrement pas pour Zelensky. Chacun doit faire ce en quoi il est compétent". A côté d'elle, Vadim, un entrepreneur, a voté "contre Porochenko".

"Il nous a trompés! Vous savez bien ce qu'il nous promettait et ce qu'il a fait. Je ne lui fait plus confiance", lance Olga, 40 ans, venue voter à Lviv avec sa fille de cinq ans.

Volodymyr, un retraité de 79 ans à Kiev, est "pour Ioulia" comparant Mme Timochenko à la chancelière allemande Angela Merkel et l'ex-Première ministre britannique Margaret Thatcher.

"Une femme pourra mettre terme à la guerre", lui fait écho un autre retraité, Edouard.

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