Espagne : lycéennes et étudiantes manifestent contre "la meute" disculpée de viol

Auteur:
 
Par AFP - Madrid
Publié le 10 mai 2018 - 18:19
Image
Une banderole avec les mots "Non, c'est non", lors d'une manifestation contre "la meute" le 10 mai 2018 à Pampelune
Crédits
© ANDER GILLENEA / AFP
Une banderole avec les mots "Non, c'est non", lors d'une manifestation contre "la meute" le 10 mai 2018 à Pampelune
© ANDER GILLENEA / AFP

Des milliers de lycéennes et d'étudiantes ont manifesté jeudi à Madrid et dans d'autres villes d'Espagne contre un jugement qui a disculpé de "viol" cinq hommes se surnommant "la meute", les condamnant seulement pour "abus sexuel" sur une jeune fille de 18 ans.

Deux organisations de gauche anticapitaliste - le Syndicat des étudiants et sa plateforme féministe - avaient appelé à faire grève dans les lycées et universités et à manifester dans une quarantaine de villes, deux semaines après le jugement contesté, qu'elles qualifient d'"aberrant" et de "honteux".

Elles exigeaient "l'expulsion de la magistrature des juges ayant prononcé ce jugement".

Des milliers de manifestantes - pour la plupart des lycéennes - ont crié "machistes hors des tribunaux" ou "justice de merde" dans les rues de la capitale. A Barcelone, les manifestants étaient 4.500 selon la police municipale, 30.000 selon les organisateurs.

Les cinq hommes âgés de 24 à 27 ans, qui avaient filmé leurs actes pour s'en vanter, ont été condamnés à neuf ans de prison pour "abus sexuel" aggravé d'"abus de faiblesse", sur sur une femme de 18 ans, pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelone à l'été 2016.

La jurisprudence établit en Espagne que pour conclure au viol, il faut qu'il y ait eu violence ou intimidation, deux éléments que les juges - deux hommes et une femme - n'ont pas constaté dans cette affaire, suscitant une énorme indignation.

Le jugement avait cependant reconnu que les cinq - dont un Garde civil et un ex-militaire - avaient "profité de leur supériorité pour abuser sexuellement de la plaignante qui, de cette façon, n'avait pas donné son consentement librement sinon contrainte par la situation".

Ce fait divers sordide, hypermédiatisé, est devenu une affaire nationale, suscitant de nombreuses manifestations depuis le jugement du 26 avril.

Même l'ONU a critiqué la décision. La porte-parole en matière de harcèlement sexuel, Purna Sen, a écrit lundi dans un communiqué que "la peine légère contre +la meute+ sous-estime la gravité du viol et compromet la claire obligation de défendre les droits des femmes".

"Il faut écouter les Nations unies, le Parlement européen, les associations de femmes, les 1.800 psychologues et psychiatres qui ont dit que nous devons réviser l'orientation de notre législation pour protéger les femmes", a réagi mardi le ministre de la Justice, Rafael Catala, alors qu'une réforme du Code pénal est à l'étude.

Les plaintes pour viol sont en forte hausse en Espagne. 1.382 viols ont été enregistrés l'an dernier, soit 10,6% de plus qu'en 2016, selon le ministère de l'Intérieur.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.