Gabon : apparente tentative de coup d'Etat en l'absence du président convalescent

Auteur:
 
Par AFP - Libreville
Publié le 07 janvier 2019 - 10:39
Image
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, le 5 février 2017 à Libreville
Crédits
© GABRIEL BOUYS / AFP/Archives
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, le 5 février 2017 à Libreville
© GABRIEL BOUYS / AFP/Archives

Un groupe de militaires a appelé lundi à un soulèvement au Gabon, dans une apparente tentative de coup d'Etat, visant la prochaine formation d'un "Conseil national de restauration" de la démocratie en l'absence du président Ali Bongo Ondimba absent du pays depuis plus de deux mois après un AVC.

Des coups de feu ont été entendus au même moment par l'AFP autour de la Radio Télévision Gabonaise (RTG), où les mutins ont fait diffuser à l'aube une proclamation, sur le boulevard Triomphal, dans le centre de Libreville.

Des blindés des forces de sécurité gabonaises bloquaient à 07H00 (06H00 GMT) l'accès à ce boulevard, a constaté un correspondant.

Le message appelant l'armée et la population à se soulever a été lu par un militaire qui s'est présenté comme le lieutenant Ondo Obiang Kelly, commandant-adjoint de la Garde Républicaine (GR). Il s'est dit président d'un Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS), jusque-là inconnu.

Trois militaires, coiffés des bérets verts de la GR et dont deux tenaient un fusil d'assaut, étaient visibles sur une vidéo de leur prise de parole circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP.

Le mouvement "demande à tous les jeunes des forces de défense et de sécurité et à toute la jeunesse gabonaise de se joindre à nous", a déclaré le militaire en annonçant la prochaine formation d'un "Conseil national de restauration" afin de "garantir au peuple gabonais une transition démocratique".

"Nous ne pouvons abandonner la patrie", a-t-il déclaré en jugeant "illégitimes et illégales" les institutions mises en place pendant l'absence du président Bongo.

Victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre dernier en Arabie saoudite, le chef de l'Etat, âgé de 59 ans et dont la famille est au pouvoir depuis 1967, a été transféré ensuite à Rabat, au Maroc, où il poursuit depuis sa convalescence sans qu'aucune date n'ait été fixée pour son retour au Gabon.

- "Levez-vous" -

La vacance du pouvoir n'a pas été déclarée en l'absence du chef de l'Etat. La Cour constitutionnelle a transféré une partie des pouvoirs du président au Premier ministre et au vice-président.

"Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Si vous dormez, réveillez-vous. Réveillez vos voisins (...), levez vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue", a encore déclaré le militaire à la radio.

Il a invité "tous les hommes du rang et les sous-officiers" à se procurer "armes et munitions" et à "prendre le contrôle" des points stratégiques dans tout le pays comme les édifices publics et les aéroports.

Il a appelé la population à les soutenir, lançant "il est temps de prendre notre destin en main" en ce "jour où l'armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple pour sauver le Gabon du chaos".

Depuis plus de deux mois, la communication officielle a été rare et partielle quant à la santé du chef de l'Etat, alimentant les rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux.

Le 31 décembre, le président Bongo avait pris la parole depuis Rabat pour la première fois depuis son hospitalisation. Cette prise de parole pour le nouvel an, peu fluide, a été qualifiée par les militaires du MPJFDS de "honte" pour un "pays (qui) a perdu sa dignité".

Dans son message lu lundi à la radio nationale, le militaire a dénoncé la "confiscation du pouvoir par ceux qui le 31 août 2016 ont fait assassiner nos jeunes compatriotes", en référence aux troubles qui avaient suivi la dernière élection présidentielle qui avait vu la réélection, contestée par l'opposition, d'Ali Bongo.

Le président gabonais a succédé en 2009 à son père Omar, à la mort de ce dernier, et a été réélu en 2016. Omar Bongo a dirigé le Gabon, un pays pétrolier, de 1967 à sa disparition.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.