Gaza : une opération israélienne qui tourne mal remet en cause les efforts d'apaisement

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Par Sakher ABOU EL OUN - Jérusalem (AFP)
Publié le 12 novembre 2018 - 12:17
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Un immeuble détruit après une frappe israélienne à Khan Younès dans la bande de Gaza, le 12 novembre 2018
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© SAID KHATIB / AFP
Un immeuble détruit après une frappe israélienne à Khan Younès dans la bande de Gaza, le 12 novembre 2018
© SAID KHATIB / AFP

Une opération des forces spéciales israéliennes à Gaza s'est conclue dimanche par la mort d'un officier et de sept Palestiniens, menaçant les efforts menés depuis des mois pour empêcher une nouvelle guerre dans l'enclave.

La mort d'un lieutenant-colonel israélien et de plusieurs membres des forces armées du Hamas, dont un commandant local, ainsi que le retour prématuré de Paris du Premier ministre Benjamin Netanyahu confèrent une acuité accrue aux évènements de dimanche soir.

Même si l'Etat hébreu et le mouvement islamiste qui gouverne sans partage à Gaza ont, à plusieurs reprises ces derniers mois, paru proches d'un quatrième conflit en dix ans, le calme est revenu au moins provisoirement lundi matin dans et autour du territoire éprouvé coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée.

L'officier, dont l'identité n'a pas été divulguée officiellement, est le deuxième soldat israélien tué depuis la montée des tensions entre Israël et la bande de Gaza fin mars.

Au moins 228 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date, principalement lors de manifestations et de heurts avec l'armée le long de la frontière, mais aussi dans des frappes israéliennes en réponse à des tirs de roquettes.

- Incursion risquée -

Le Premier ministre israélien doit réunir lundi le cabinet de sécurité, forum restreint chargé des questions les plus sensibles, ont rapporté les médias.

Malgré les crispations des derniers mois, les violences de dimanche soir sont survenues de manière inattendue, rappelant la volatilité de la situation même dans une période de relative accalmie. Les circonstances en demeurent obscures bien que l'origine paraisse résider dans une incursion risquée de soldats israéliens en territoire gazaoui.

Les forces spéciales israéliennes menaient une opération de renseignement à l'intérieur de la bande de Gaza, a indiqué l'armée israélienne. Elle a démenti qu'il s'agissait d'assassiner ou de capturer des Palestiniens, comme l'a dit le Hamas. Mais l'unité israélienne semble avoir été repérée.

La branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, ont affirmé que les soldats israéliens avaient tenté de s'infiltrer à bord d'un véhicule civil.

Un lieutenant-colonel israélien a été tué dans l'échange de coups de feu, et un autre officier blessé, a dit l'armée. Il souffre de blessures modérées, a-t-elle précisé.

- Netanyahu rentre de Paris -

Sept Palestiniens ont été tués, a indiqué le ministère gazaoui de la Santé, sans qu'il apparaisse clairement s'ils ont perdu la vie dans l'affrontement ou dans les frappes israéliennes consécutives à celui-ci.

Parmi eux figurent un responsable local des brigades Ezzedine al-Qassam, identifié comme Nour Baraka, ainsi que cinq autres membres des forces armées du Hamas, ont indiqué des sources de sécurité.

Fait exceptionnel, l'armée israélienne a indiqué que tous ses soldats, vivants et mort, avaient été exfiltrés, tant la capture par les Palestiniens d'un militaire en vie ou tué aurait compliqué la donne, constituant potentiellement un casus belli.

Un porte-parole du Hamas a dénoncé une "attaque israélienne lâche".

Dix-sept roquettes ont été tirées de la bande de Gaza vers Israël, a indiqué l'armée israélienne. Trois ont été interceptées par le système de défense anti-missiles, a-t-elle ajouté. Aucune victime n'a été rapportée.

Les cours ont été annulés lundi dans les écoles israéliennes autour de la bande de Gaza.

Benjamin Netanyahu a décidé quant à lui d'interrompre sa visite à Paris, où il s'était rendu pour prendre part à la commémoration du centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale.

Ces échanges de tirs surviennent alors que les signes d'une possible détente se sont succédé ces dernières semaines dans et autour de Gaza.

Les autorités israéliennes ont ainsi récemment autorisé le Qatar à acheminer 15 millions de dollars afin de payer les salaires des fonctionnaires dans la bande de Gaza.

M. Netanyahu avait justifié cette décision en arguant que cela contribuerait à ramener le calme.

"Je fais ce que je peux, en coordination avec les services de sécurité, pour que le calme revienne dans les localités du sud (d'Israël), mais aussi pour éviter une crise humanitaire", avait-il dit.

"Je ne reculerai pas devant une guerre nécessaire mais je veux l'éviter si elle n'est pas indispensable", avait-il dit.

Au total, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six mensualités de 15 millions, selon le Hamas, principalement pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du mouvement qui ne sont plus rétribués que sporadiquement depuis des mois.

L'opération s'inscrit plus largement dans les efforts déployés, notamment par le voisin égyptien et les Nations unies, en vue d'une trêve durable entre Israël et le Hamas.

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