Guerre à la corruption : la Chine n'a encore rien vu, prévient Jinping

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Par AFP
Publié le 19 octobre 2017 - 14:10
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"Mouches", "tigres" et autres "renards": en cinq ans, la campagne anti-corruption de Xi Jinping a puni plus de 1,5 million de cadres du Parti communiste chinois (PCC). Et l'opération ne fait que commencer, a promis le président chinois.

Devant plus de 2.300 délégués du PCC réunis en congrès à Pékin, M. Xi a averti mercredi dans son discours-fleuve qu'il réserverait une "tolérance zéro" aux responsables malhonnêtes.

"La corruption est la principale menace pour notre parti", a martelé Xi Jinping d'un air martial, évoquant "un combat sans fin".

Le président chinois devrait obtenir la semaine prochaine à l'issue du congrès un nouveau mandat de cinq ans à la tête du PCC -- et donc de l'Etat. Son discours suivait l'exclusion samedi de 12 membres du Comité central, l'assemblée des 205 personnalités les plus puissantes du Parti communiste. Parmi elles figuraient l'ex-ministre de la Justice, Wu Aiying.

Depuis son lancement fin 2012, la campagne de Xi Jinping lui a apporté une aura considérable qui a grandement consolidé son image auprès de la population... et suscité la crainte parmi les 89 millions de membres du PCC.

Le régime chinois s'est fait fort de s'en prendre autant aux "mouches" (les petits fonctionnaires) qu'aux "tigres" (les hauts responsables), sans oublier les "renards", ceux qui ont fui à l'étranger avec leur butin.

Les membres du parti au pouvoir peuvent dans ce cadre faire l'objet d'une très redoutée procédure disciplinaire interne (appelée "shuanggui"), déconnectée du système judiciaire. Mais cet outil sera progressivement abandonné et remplacé par un mécanisme légal, a assuré mercredi Xi Jinping.

- Une campagne qui divise -

Sa campagne anti-corruption a permis au président chinois d'éliminer des rivaux, comme l'ancien ministre de la Sécurité d'Etat, Zhou Yongkang. Plus récemment, Sun Zhengcai, un temps considéré comme un éventuel dauphin de Xi Jinping, a été exclu du Parti.

Au final, Xi Jinping a éliminé plus du dixième des membres du Comité central du PCC, a calculé Trey McArver, fondateur de l'institut de recherche Trivium China, basé à Pékin. Cela ne représente toutefois que 1,7% de l'ensemble des membres du Parti, laissant une grande marge pour s'attaquer à la prévarication aux niveaux inférieurs.

"La campagne va encore davantage s'institutionnaliser" durant le second mandat de Xi, prédit M. McArver. "Le Parti s'attaque beaucoup plus qu'auparavant aux violations d'un niveau moins grave" et "la croissance du nombre d'enquêtes ne faiblit pas", assure-t-il.

La poursuite de la lutte anti-corruption devrait passer par la création d'une nouvelle instance: la Commission nationale de surveillance. Son rôle sera de coordonner les enquêtes à tous les échelons du pouvoir. Nouveauté: elle s'attaquera désormais également aux non-membres du Parti communiste.

Une question demeure: qui dirigera la nouvelle institution?

Wang Qishan, le bras droit du président chinois, bénéficie d'une légitimité considérable en tant que chef d'orchestre de l'actuelle campagne anti-corruption.

Mais cet ex-maire de Pékin, âgé de 69 ans, pourrait être obligé de quitter son poste, atteint par une limite informelle d'âge de départ à la retraite fixée par le Parti à 68 ans.

Chen Daoying, expert de la politique chinoise basé à Shanghai, se dit cependant persuadé qu'il sera nommé à la tête de l'organisation, une façon d'assurer que la guerre aux pots-de-vin continue à être pilotée depuis le sommet du pouvoir.

Mais malgré ses succès, la campagne anti-corruption a aussi été "très clivante", note Willy Lam, expert de la Chine à l'Université chinoise de Hong Kong, et Xi Jinping s'est fait "un grand nombre d'ennemis au sein du Parti et de l'armée".

L'opération mains propres paralyse également la prise de décision au niveau local, car les fonctionnaires "pèchent désormais par excès de prudence", juge M. Lam.

"Si Xi Jinping devait aller plus loin, cela pourrait avoir un effet boomerang sur lui", avertit-il.

Mais la croisade du président chinois ne lui attire pas que des ennemis, estime Trey McArver. "Pour chaque responsable démis de ses fonctions, un autre est promu."

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