Immigration : le Mexique va réévaluer sa coopération avec les Etats-Unis

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Par AFP - Mexico
Publié le 10 avril 2018 - 12:37
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Des agents des douanes et de la patrouille des frontières, le 9 avril 2018 à Santa Teresa, à la frontière vec Ciudad Juarez, au Mexique
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© HERIKA MARTINEZ / AFP
Des agents des douanes et de la patrouille des frontières, le 9 avril 2018 à Santa Teresa, à la frontière vec Ciudad Juarez, au Mexique
© HERIKA MARTINEZ / AFP

Le Mexique va réévaluer sa coopération avec les Etats-Unis en raison de divergences "notoires" surgies entre les deux voisins, a annoncé lundi le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, en pleine tension bilatérale sur la question migratoire.

"Conscients du moment que nous traversons et des différends publics et notoires que nous avons actuellement avec le gouvernement des Etats-Unis, le président Enrique Peña Nieto va prendre certaines décisions", a déclaré M. Videgaray lors d'un entretien à la radio Grupo Formula, précisant toutefois que, pour l'heure, "aucune décision n'avait été prise".

"La rhétorique du président Trump, le ton avec lequel il se réfère aux Mexicains... font une différence, marquent la relation et nous ne pouvons rester indéfiniment immobiles face à cela" a expliqué le ministre.

Les dossiers qui devront être réévalués incluent la sécurité et le commerce, a précisé M. Videgaray.

Le président américain Donald Trump a annoncé la semaine dernière le déploiement de 2.000 à 4.000 militaires à la frontière avec le Mexique pour endiguer l'immigration clandestine.

Cette décision a exacerbé les tensions avec le Mexique, le président Enrique Peña Nieto jugeant que les "attitudes irrespectueuses ou menaçantes" de Donald Trump étaient injustifiées.

Visiblement courroucé, le président mexicain - qui a déjà annulé deux déplacements à Washington - avait envoyé une pique à son homologue dans un message vidéo: "Si vos récentes déclarations puisent leur origine dans une certaine frustration liée aux affaires de politique intérieure, de vos lois ou de votre Congrès, adressez-vous à eux, et non aux Mexicains".

Le président Trump avait vivement pris à parti la semaine dernière les autorités mexicaines après la diffusion d'un reportage sur une caravane d'environ un millier de migrants originaires d'Amérique centrale, qui traversait le Mexique avec l'intention d'entrer aux Etats-Unis.

- L'Arizona déploie 225 soldats -

Lors d'un déplacement jeudi en Virginie occidentale, le milliardaire a renoué avec sa rhétorique de campagne sur les "violeurs" mexicains, indiquant que les femmes de cette caravane étaient "violées dans des proportions inédites".

Le Mexique a convoqué l'ambassadeur américain, Mme Roberta Jacobson, pour lui demander de s'expliquer sur les propos du président américain.

"La relation entre le Mexique et les Etats-Unis passe par un moment inédit" a relevé lundi M. Videgaray.

Lundi, l'Arizona a envoyé 225 soldats de sa Garde nationale à la frontière avec le Mexique par "mesure de sécurité", selon un communiqué du gouverneur de cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis, précisant que ces renforts allaient "apporter un soutien aérien, opérationnel, logistique et "contribuer à la "construction d'infrastructures à la frontière".

"Nous devons continuer à collaborer avec les autorités locales, d'Etat et fédérales pour faire ce que Washington a échoué à faire depuis trop longtemps: sécuriser la frontière Sud", a encore tweeté le gouverneur.

Le Texas avait de son côté annoncé vendredi le déploiement de quelque 250 militaires sous 72 heures, au lendemain de l'annonce de Donald Trump de déployer l'armée pour endiguer l'immigration clandestine et le trafic de drogue.

La frontière américano-mexicaine s'étend sur plus de 3.100 kilomètres, dont un millier dispose déjà d'un mur.

- L'Aléna en bonne voie -

En dépit de ces tensions bilatérales, Donald Trump a estimé lundi qu'un accord pourrait être trouvé prochainement dans la renégociation en cours de l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna), confortant des déclarations du ministre de l'Economie et négociateur mexicain, Ildefonso Guajardo.

"Il y a encore beaucoup à faire mais nous avons fait d'incroyables progrès, nous sommes plutôt près (de parvenir à un accord) sur l'Aléna", a-t-il déclaré avant le début d'une réunion de son cabinet.

"Nous avons une chance de conclure un accord sur l'Aléna", a-t-il ajouté alors que la renégociation de ce traité en vigueur depuis 1994, a été entamée il y a 8 mois.

Les déclarations de Donald Trump semblent faire écho aux propos tenus, également lundi, du côté mexicain.

Il y a une "très forte probabilité" que les trois pays --avec le Canada-- parviennent pendant la première semaine de mai à un accord préliminaire,, a déclaré le ministre mexicain de l'Economie.

"Je dirais un 80%. Cela va beaucoup dépendre de la flexibilité", a ajouté M. Guajardo dans un entretien avec la chaîne Televisa.

Signé en 1994, l'Aléna a été qualifié de "désastre" pour les emplois américains par le président Trump.

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