Immigration : Merkel sur la corde raide, en Europe et en Allemagne

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Par AFP - Berlin
Publié le 12 juin 2018 - 15:47
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La chancelière allemande Angela Merkel en train de discuter avec son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer à Berlin le 14 mars 2018
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© Odd ANDERSEN / AFP/Archives
La chancelière allemande Angela Merkel en train de discuter avec son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer à Berlin le 14 mars 2018
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La question migratoire revient hanter Angela Merkel avec une dispute au sein du gouvernement allemand sur l'accueil des demandeurs d'asile au moment même où la chancelière tente d'arracher un plan d'action européen.

Le sujet, sensible en Allemagne depuis que Mme Merkel a ouvert en 2015 et en 2016 les frontières à plus d'un million de migrants, revient régulièrement agiter sa coalition au pouvoir, beaucoup dans son propre camp conservateur lui reprochant sa trop grande générosité.

Lundi, le gouvernement a connu une poussée de fièvre, sous la forme d'un profond désaccord entre la chancelière et son ministre de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer qui voulait présenter une réforme en profondeur et restrictive concernant l'accueil des demandeurs d'asile.

Faute d'un accord avec Angela Merkel, celui-ci a dû reporter sine die son plan et ,selon certains médias allemands, est prêt à lâcher les coups contre sa cheffe.

- "Furax" -

"Grosse engueulade sur l'asile", titre mardi le quotidien populaire Bild. "Seehofer est furax parce que la chancelière ne veut repousser personne à nos frontières", écrit le journal le plus lu d'Allemagne.

Principal point de friction : le refoulement à la frontière allemande réclamé par M. Seehofer des migrants ne disposant pas de papiers vers les voisins de l'Allemagne, une idée catégoriquement rejetée par Mme Merkel au nom de "la primauté du droit européen sur le droit national".

"On ne doit pas agir de manière unilatérale", a-t-elle asséné dimanche au cours d'un talk-show, recadrant son ministre.

Horst Seehofer a rétorqué devant des proches, selon les médias allemands, que son projet devait rester "tel qu'il est" et qu'il refuserait tout "mauvais compromis".

Mais plus qu'un conflit de personnes, la chancelière ne peut pas compter sur le soutien unanime de sa famille politique, échaudée par l'essor de l'extrême droite qui a obtenu un score historique aux législatives de septembre en capitalisant sur les inquiétudes générées par sa politique migratoire.

Membre de la CDU de Mme Merkel, le patron de l'Etat régional de Saxe, Michael Kretschmer, a jugé que les mesures préconisées par le ministre de l'Intérieur devaient "arriver vite".

"Bien sûr qu'ils doivent être repoussés à la frontière, c'est pour cela qu'on a une police aux frontières", a-t-il ajouté.

Le chef de l’exécutif de la puissante Bavière, Markus Söder, a quant à lui demandé que "Berlin soutienne (M. Seehofer) au lieu de se comporter en obstacle", dans le contexte de la préparation des conservateurs bavarois à des élections régionales difficiles à l'automne, le mouvement d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) ayant le vent en poupe.

Au final, ce sont donc les sociaux-démocrates, alliés à contrecœur à la chancelière, qui lui ont signifié un soutien.

- Merkel contestée en Europe -

Pour Mme Merkel, les mesures de M. Seehofer sont inacceptables car elles viendraient menacer la libre-circulation et entraîneraient un effet domino dévastateur pour le principe de solidarité en Europe qu'elle défend.

Sa crainte : que chaque pays fasse porter au voisin la charge de l'accueil des demandeurs d'asile.

Cette nouvelle crise, après les six mois de bisbilles pour former un gouvernement, éclate donc au plus mauvais moment pour la chancelière, qui tente de négocier, en vue du sommet européen du 29 juin, une politique d'asile commune à toute l'UE et un partage du fardeau migratoire.

Or elle doit affronter sur ces questions des vents contraires venant de Pologne, de Hongrie, de République tchèque et désormais aussi d'Italie où un gouvernement réunissant populistes et extrême droite est aux affaires. M. Seehofer cultive à cet égard une proximité affichée avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

"Nous ne devons pas agir de manière unilatérale", a néanmoins martelé dimanche la chancelière, "nous avons besoin d'une norme commune (en matière) d'asile".

"Je vais y jeter toutes mes forces, car sinon l'Europe est menacée", a signifié Mme Merkel.

Elle militera à nouveau mardi soir pour ces principes auprès du très conservateur chancelier autrichien Sebastian Kurz.

Allié à l'extrême droite dans son pays, il sera reçu le lendemain par Horst Seehofer dont il appuie les idées.

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