Indonésie : la campagne électorale démarre sur fond d'inquiétudes sur l'économie

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Par Harry PEARL - Jakarta (AFP)
Publié le 22 septembre 2018 - 15:34
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Les candidats à la présidentielle indonésienne, le président sortant Joko Widodo (d) et l'ancien général Prabowo Subianto, le 21 septembre 2018 à Jakarta
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© BAY ISMOYO / AFP
Les candidats à la présidentielle indonésienne, le président sortant Joko Widodo (d) et l'ancien général Prabowo Subianto, le 21 septembre 2018 à Jakarta
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La campagne pour l'élection présidentielle d'avril en Indonésie démarre dimanche avec à l'affiche le président sortant Joko Widodo et l'ancien général Prabowo Subianto qui s'affrontent pour diriger la troisième plus grande démocratie au monde alors que les électeurs s'inquiètent de la santé de l'économie.

Les sondages donnent une avance confortable à l'actuel président, surnommé "Jokowi", toujours populaire grâce à son style proche des gens et à ses ambitieux projets d'infrastructures.

Mais il va faire face au cours de cette campagne à de nouveaux défis avec un risque élevé de manipulation de l'opinion par des "fake news" omniprésentes sur les réseaux sociaux, et une monnaie nationale, la roupie, au plus bas depuis vingt ans.

Quelque 186 millions d'électeurs sont appelés à voter le 17 avril dans ce pays qui compte la plus importante population musulmane au monde lors d'une élection qui renouvellera aussi le parlement national et les assemblées locales.

La campagne devrait faire la part belle à l'économie, aux inégalités, aux questions de l'identité nationale et de montée de l'intolérance dans l'archipel qui abrite plus de 260 habitants.

- Alliance avec un prédicateur -

Jokowi a surpris en août en choisissant le prédicateur islamiste conservateur Ma'ruf Amin pour être son candidat à la vice-présidence. Une stratégie destinée à rassurer l'électorat musulman conservateur mais qui pourrait faire douter les plus progressistes.

A 75 ans, ce dernier est le président du Conseil des oulémas, la plus haute instance religieuse de ce pays, qui émet des fatwas - des avis religieux dans des domaines très variés - et exerce une influence sur la politique du gouvernement dans les problématiques liées à l'islam.

Connu pour ses positions hostiles à l'égard de certaines minorités, comme la communauté LGBT (lesbienne, gaie, bisexuelle, transsexuelle), M. Amin s'est aussi impliqué dans l'affaire qui a abouti à l'emprisonnement en 2017 de l'ex-gouverneur chrétien de Jakarta, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, pour insulte à l'islam.

Les deux hommes s'opposeront à Prabowo Subianto et à l'ex-vice gouverneur de Jakarta, Sandiaga Uno, un ancien homme d'affaires et riche investisseur.

Prabowo Subianto, candidat malheureux aux présidentielles de 2014 contre Jokowi, a un passé de général aux agissements controversés sous la dictature de Suharto (1967-1998).

Après la chute du régime, il avait reconnu sa responsabilité dans des enlèvements de militants pro-démocratie, mais n'a jamais été traduit en justice.

Un sondage par l'institut LSI (Indonesian Survey Circle) après l'enregistrement des candidatures donnait 52% d'intentions de vote à Jokowi, contre 30% à son adversaire.

- Inquiétudes sur la roupie -

Jokowi, qui a choisi comme directeur de campagne le milliardaire Erick Thohir, président du club de football Inter Milan, apparaît cependant vulnérable sur son bilan économique et sur les inégalités, estiment les analystes.

"L'opposition va utiliser les questions économiques dans cette campagne, notamment la dette extérieure et le contrôle des ressources naturelles par des sociétés étrangères", a noté Syamsuddin Haris, analyste politique pour l'Institut Indonésien des Sciences (LIPI).

Les Indonésiens s'inquiètent de la chute de la roupie, qui a perdu du terrain face au dollar comme les monnaies d'autres pays émergents. La roupie indonésienne a atteint début septembre son point le plus bas depuis la crise financière asiatique de 1998 entraînant aussi les marchés financiers à la baisse.

La campagne s'annonce féroce, alors que les attaques amplifiées par les réseaux sociaux, et les "fake news", se multipliaient avant même son lancement officiel.

"L'influence des réseaux sociaux sera certainement plus importante que lors des précédentes élections", a indiqué Hamdi Muluk, un expert en psychologie politique à l'Université d'Indonésie.

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