Irak : un nouveau mort dans les manifestations à Bassora

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Par AFP - Bassora
Publié le 05 septembre 2018 - 21:49
Mis à jour le 06 septembre 2018 - 02:04
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Un manifestant a été tué mercredi à Bassora, lors d'une nouvelle journée de protestation dans la ville pétrolière du sud irakien, théâtre la veille de la mort de six manifestants.

Les autorités assurent avoir ordonné aux policiers et soldats déployés autour et à l'intérieur du gouvernorat --en partie incendié au cours des récentes nuits-- de ne pas tirer à balles réelles.

Toutefois, des tirs ont bien eu lieu, en l'air et en direction des manifestants au cours de la journée et en soirée, ont rapporté des correspondants de l'AFP.

Mercredi soir, Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil gouvernemental des droits de l'homme dans la province de Bassora, a annoncé qu'"un manifestant avait été tué et 25 autres blessés, dont certains grièvement".

La veille, ce même responsable en première ligne depuis le début il y a deux mois d'un mouvement dénonçant la corruption et la déliquescence des services publics, avait fait état de six morts, accusant les forces de l'ordre d'avoir "tiré directement sur les manifestants".

- "Vandales infiltrés" -

Le commandant des opérations à Bassora, le général Jamil al-Chommari, a de son côté affirmé que dans le même temps "30 membres des forces de l'ordre avaient été blessés par des jets de grenades et d'objets incendiaires", accusant également des casseurs d'être derrière "des assassinats" de manifestants.

Mercredi soir, M. Tamimi a dit dans un communiqué "demander au gouvernement de prendre sérieusement position et de faire rendre des comptes à ceux qui tuent et blessent des manifestants".

Durant l'après-midi, les forces de sécurité, qui quadrillent le centre-ville depuis trois jours, ont tenté de repousser plusieurs milliers de manifestants dont certains lançaient des cocktail Molotov et de bâtons de feux d'artifice sur le gouvernorat. Des bâtiments annexes ont été entièrement ravagés par les flammes.

Ils ont tiré des grenades lacrymogènes, qui ont blessé au moins un manifestant à la tête, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des tirs à balles réelles, en l'air ou en direction des manifestants ont également retenti aux abords de l'imposant bâtiment encerclé de béton, devenu pour les manifestants le symbole des dirigeants corrompus et de l'incapacité de l'Etat à assurer les services de base dans cette région, pourtant riche en pétrole.

Mercredi matin, le représentant de l'ONU en Irak, Jan Kubis, avait exhorté "les autorités à éviter de recourir à une force létale disproportionnée".

La veille, le Premier ministre Haider al-Abadi avait affirmé avoir ordonné qu'"aucune balle réelle ne soit tirée".

Le leader chiite Moqtada Sadr, vainqueur des législatives qui tente de former un gouvernement avec M. Abadi, a dénoncé dans un tweet des "vandales infiltrés" parmi les manifestants, reprenant la thèse défendue par les autorités depuis le début de la contestation.

Au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début le 8 juillet des manifestations qui dénoncent pêle-mêle les services publics déficients, la pénurie chronique d'électricité et d'eau, le chômage endémique, mais aussi l'impéritie de l'Etat et des hommes politiques.

Dans plusieurs cas, les défenseurs des droits de l'homme ont accusé les forces de l'ordre, tandis que les autorités accusent des "vandales" infiltrés parmi les manifestants.

- Appel au "calme" de l'ONU -

Ni l'appel au "calme" de l'ONU dans la matinée ni l'annonce par les autorités centrales à Bagdad de mesures pour mettre fin à la crise sanitaire qui frappe cette région pétrolière n'ont apaisé la colère sociale, déclenchée il y a deux mois.

La province de Bassora est en proie depuis mi-août à une pollution de l'eau qui a conduit plus de 20.000 personnes à l'hôpital.

Cette crise sanitaire a relancé dans la ville une colère sociale née le 8 juillet pour réclamer des services publics et des infrastructures plus performants et qui avait gagné l'ensemble du sud du pays.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nouveau, des manifestants brûlaient des pneus en travers d'importants axes routiers en divers endroits de la province méridionale, s'en prenant en plusieurs endroits à des bâtiments publics, selon des militants et des témoins.

En juillet, le gouvernement avait annoncé un plan d'urgence de plusieurs milliards de dollars pour le sud du pays, épargné par la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) mais délaissé sur le plan des infrastructures.

Mais les protestataires se méfient des promesses faites par un gouvernement sur le départ, alors que les difficiles tractations se poursuivent pour renouveler la direction du pays.

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