Italie : une "ébauche" de programme Ligue-M5S suscite une vague d'inquiétude

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Par Franck IOVENE - Rome (AFP)
Publié le 16 mai 2018 - 16:01
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Sortie de l'euro, renégociation des traités européens, annulation de 250 milliards d'euros de dette... Une ébauche de "contrat de gouvernement" en Italie entre la Ligue (extrême droite) et le M5S (populiste) publiée par la presse suscite une vague d'inquiétude, même si les deux partis assurent que le document n'a rien de définitif.

Alors que les deux partis négociaient toujours mercredi vue de former le premier exécutif antisystème de l'histoire italienne, la publication par le Huffington Post d'un projet de "contrat de gouvernement de changement" a fait l'effet d'une bombe.

Confirmée à l'AFP par une source proche du M5S, cette "ébauche" datant de lundi matin est toutefois "dépassée" et a été "amplement modifiée", ont rapidement réagi dans un communiqué les deux formations sorties vainqueurs des élections législatives du 4 mars.

Le scrutin n'a toutefois pas permis à chacune d'elles d'obtenir seule une majorité au parlement, les obligeant à s'allier pour accéder au pouvoir.

Parmi les nombreuses mesures énumérées dans le document de 39 pages figurent l'introduction de mesures "techniques de nature économique et juridique qui permettent aux Etats membres de sortir de l'Union monétaire, et donc de retrouver leur souveraineté monétaire".

Un passage évoque aussi la possibilité de demander à la Banque centrale européenne (BCE), dirigée par l'Italien Mario Draghi, d'annuler quelque 250 milliards d'euros de dette italienne détenues sous forme de titres d'Etat par l'institution de Francfort.

Autre mesure préconisée: la création d'un "comité de conciliation", structure liée aux partis et parallèle au gouvernement, chargé de régler les éventuels désaccords entre les deux forces politiques.

Aussitôt publié, le texte a suscité une avalanche de réactions dans la presse, journalistes et experts critiquant en particulier sa "naïveté".

"Détruire l'Italie pour faire du tort à l'Europe", a notamment commenté le quotidien La Repubblica, proche de la gauche.

- Apaiser les esprits -

Les marchés financiers n'ont pas apprécié non plus: la Bourse de Milan était recul de 1,81% à la mi-journée, pire performance des bourses européennes, tandis que le spread - l'écart très observé en Italie entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans s'établissait à 142 points, en nette hausse par rapport aux 131 points de mardi soir

Mardi, les chefs de file des deux partis Matteo Salvini (Ligue) et Luigi Di Maio (M5S) ont une nouvelle fois annoncé l'imminence d'un accord, promettant d'aller l'exposer aux Italiens dès ce weekend sur des stands installés à travers la péninsule.

Les pourparlers, qui avaient semblé sur le point d'aboutir lundi, ont dû être prolongés quand M. Salvini a posé ses conditions en matière de lutte contre l'immigration ou de politique européenne.

Leurs formations respectives ont, quant à elles, tenté d'apaiser les esprits en expliquant que la version du "contrat de gouvernement" sur laquelle il travaillaient ne correspondait "pas à celle qui a été publiée" par la presse.

De nombreux contenus ont "radicalement changé" en particulier sur l'euro, les deux partis ayant "décidé de ne pas mettre en discussion la monnaie unique", ont-ils assuré.

En matière d'immigration, les deux partis estiment dans cette version du texte que la situation actuelle est "insoutenable pour l'Italie" qui doit retrouver "un rôle plus décisif" à la table des négociations européennes.

Ils estiment nécessaire de "dépasser le Traité de Dublin", qui prévoit que l’Etat membre de l'UE par lequel un réfugié entre dans l’Union européenne est compétent pour le traitement de la demande d’asile et l’accueil.

Une règle qui fait que la plupart des réfugiés sont accueillis dans les pays les du sud de l'Europe, comme l'Italie, l'Espagne ou la Grèce.

Pour Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et désormais à la tête du cabinet LC Macro Advisors l'inventaire de mesures révèlent "la bizarrerie, l'inexpérience et le côté décalé des deux formations".

"L'attitude des marché financiers ne sera plus la même dorénavant", ajoute-t-il.

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