Indignation aux Etats-Unis face aux égards de Trump pour Poutine

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Par Paul HANDLEY et Francesco FONTEMAGGI - Washington (AFP)
Publié le 16 juillet 2018 - 23:28
Mis à jour le 17 juillet 2018 - 01:58
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Le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump avant leur première rencontre bilatérale à Helsinki en Finlande, le 16 juillet 2018
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© Aleksey Nikolskyi / SPUTNIK/AFP
Poignée de main entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 16 juillet 2018 à Helsinki
© Aleksey Nikolskyi / SPUTNIK/AFP

Les propos de Donald Trump aux côtés de Vladimir Poutine ont scandalisé lundi la classe politique américaine jusque dans les rangs républicains, où l'on s'inquiète de la "faiblesse" affichée par le président des Etats-Unis, accusé de traiter son homologue russe en allié plutôt qu'en adversaire.

Comme souvent, l'un des plus virulents a été le sénateur républicain John McCain. Cet élu respecté a dénoncé l'"un des pires moments de l'histoire de la présidence américaine".

"Il est clair que le sommet d'Helsinki était une erreur tragique", a-t-il estimé dans un communiqué au vitriol, jugeant que la conférence de presse commune des deux hommes au terme de leur rencontre dans la capitale finlandaise était l'une "des performances les plus honteuses d'un président américain".

Debout face aux journalistes avec le maître du Kremlin, le locataire de la Maison Blanche s'en est pris à l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe dans la présidentielle de 2016. Il a semblé mettre sur le même plan les conclusions du renseignement américain en ce sens et les dénégations de Vladimir Poutine.

Une telle attitude n'a pas trouvé beaucoup de défenseurs à Washington, au sein d'une classe politique globalement hostile à Moscou. D'autant que l'issue du sommet était scrutée à la loupe, tant planait sur le milliardaire républicain le soupçon de vouloir se réconcilier à tout prix avec le président russe, pour concrétiser une promesse électorale qui butait jusque-là sur l'enquête Mueller et sur les soupçons de collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin.

"Il n'y a pas moralement d'équivalence entre les Etats-Unis et la Russie, qui demeure hostile à nos idéaux", a réagi le chef de file des républicains au Congrès, Paul Ryan, appelant Donald Trump à "réaliser que la Russie n'est pas notre alliée". Le président de la Chambre des représentants a tenu à écarter tout "doute": "la Russie a interféré dans notre élection et continue à tenter de fragiliser la démocratie ici et dans le monde".

- "Incroyable capitulation" -

Pour le sénateur républicain Lindsey Graham, souvent en phase avec Donald Trump, ce dernier a "raté une occasion" de "lancer un avertissement ferme au sujet des prochains scrutins", et cela "sera considéré par la Russie comme un signe de faiblesse".

D'autres membres du Sénat sont allés plus loin, qualifiant ses propos de "honte" comme Jeff Flake, ou, comme le président de la commission des Affaires étrangères Bob Corker, estimant que Vladimir Poutine était sorti "largement gagnant" de ce sommet.

De manière plus attendue, l'opposition démocrate a aussi vivement condamné le comportement du président des Etats-Unis.

"C'est de la folie", a attaqué l'ex-secrétaire d'Etat John Kerry, dénonçant une attitude "indéfendable". "Irréfléchi, dangereux et faible", a renchéri le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.

"Qu'est-ce qui peut bien pousser Donald Trump à mettre les intérêts de la Russie au-dessus de ceux des Etats-Unis ?", a-t-il questionné. Selon lui, "des millions d'Américains vont continuer à se demander si la seule explication possible à ce comportement dangereux est la possibilité que le président Poutine possède des informations nuisibles au président Trump".

Mais au-delà d'Helsinki, c'est toute la tournée présidentielle en Europe, au cours de laquelle Donald Trump a étalé ses critiques vis-à-vis de ses alliés avant d'afficher une certaine entente avec Vladimir Poutine, qui "a été un doigt d'honneur géant" à l'égard "de son propre pays", de l'avis du sénateur démocrate Chris Murphy.

La communauté du renseignement est aussi montée au créneau.

L'actuel directeur du renseignement Dan Coats a défendu dans un bref communiqué les évaluations "claires" de ses services sur une ingérence russe dans la présidentielle de 2016 et sur les "efforts en cours" de Moscou pour "saper" la démocratie américaine.

Son prédécesseur James Clapper a lui carrément dénoncé sur CNN "une incroyable capitulation" du président des Etats-Unis, qui "semblait intimidé par Vladimir Poutine".

Quant à l'ex-patron de la CIA John Brennan, en poste sous la présidence démocrate de Barack Obama, il a estimé que la "performance" de Donald Trump à Helsinki n'était "rien de moins qu'un acte de trahison".

Lors de son vol de retour d'Helsinki, le président américain a tenté d'apaiser la controverse en clamant sur Twitter son "IMMENSE confiance" dans les agents du renseignement, tout en réaffirmant sa volonté de tourner la page.

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