La politique à Brasilia et le clan Bolsonaro, une affaire de famille

Auteur:
 
Par Pascale TROUILLAUD - Rio de Janeiro (AFP)
Publié le 16 novembre 2018 - 07:51
Image
Les trois fils du président brésilien Jair Bolsonaro. Eduardo Bolsonaro (G), le 14 novembre à 2018 à Brasilia, Carlos Bolsonaro (C) ) Brasilia, le 13 novembre et Flavio Bolsonaro à Rio de Jainero le 7
Crédits
© Sergio LIMA, Mauro PIMENTEL / AFP
Les trois fils du président brésilien Jair Bolsonaro. Eduardo Bolsonaro (G), le 14 novembre à 2018 à Brasilia, Carlos Bolsonaro (C) ) Brasilia, le 13 novembre et Flavio Bolsonaro à
© Sergio LIMA, Mauro PIMENTEL / AFP

Jair Bolsonaro à la présidence, ses fils Flavio au Sénat, Eduardo à la Chambre des députés et Carlos à la chambre municipale de Rio, la vie politique à Brasilia sera aussi à partir de janvier une affaire de famille.

"C'est la première fois que nous aurons un président qui aura un fils à la Chambre et un autre au Sénat", note Sylvio Costa, fondateur du site spécialisé sur le Parlement, Congresso em Foco. "Ils auront bien sûr une influence sur le gouvernement", même sans poste officiel.

La semaine dernière, trois de ses cinq enfants assistaient avec Jair Bolsonaro au Congrès à la célébration solennelle des 30 ans de la Constitution.

Carlos n'était pas à Brasilia, mais Flavio, Eduardo et leur jeune frère Renan, encore étudiant, faisaient partie des rares invités à la rencontre de leur père avec le président de la Cour suprême Dias Toffoli.

Après l'entretien, le salut de M. Toffoli à Eduardo fut glacial: celui-ci avait déclaré pendant la campagne qu'"un soldat et un caporal suffiraient à faire fermer la Cour suprême".

Les trois fils aînés de Bolsonaro -- Flavio, Carlos et Eduardo -- militent sans réserve pour le programme d'extrême droite de leur père et sont omniprésents dans cette période de transition.

Flavio, 37 ans, l'aîné, avocat, s'est fait connaître du pays en reprenant le flambeau de la campagne après l'attentat qui a failli coûter la vie à son père, en septembre. Il vient d'être élu facilement sénateur.

- Soldats Bolsonaro -

Carlos, 35 ans, conseiller municipal de Rio régulièrement réélu et diplômé en sciences aéronautiques, est le stratège 2.0 de Jair Bolsonaro. Il a joué un rôle-clé dans cette élection largement due aux réseaux sociaux.

Carlos passe pour être secret et fantasque. Qu'il ait l'an prochain un poste à Brasilia pour se rapprocher du clan ou non, il continuera de relayer activement la communication de son père sur les réseaux sociaux.

Eduardo, 34 ans, est avocat de formation. Grâce à la vague bolsonariste, il vient d'être réélu député fédéral à Sao Paulo, avec un score historique de 1,84 million de voix. On l'a beaucoup vu auprès de son père à Brasilia et il se rend prochainement aux Etats-Unis en tant qu'émissaire de Jair Bolsonaro.

Flavio, le plus modéré, a publié sur Instagram une photo de lui avec Eduardo et Carlos pour faire taire les rumeurs de conflits au sein de la fratrie: "Moi et mes frères nous sommes unis pour un Brésil meilleur, soldats du même capitaine, notre père Jair Bolsonaro".

Que peuvent faire les soldats Bolsonaro?

"Flavio peut prendre la tête d'une des commissions au Sénat, éducation ou relations extérieures, il peut faire avancer le programme de son père", dit Marcio Coimbra, de l'Université presbytérienne Mackenzie.

Quant à Eduardo, "il aura un mandat fort et prendra probablement la tête d'une des commissions importantes à la Chambre comme celle des relations extérieures ou de la Constitution et de la Justice", prédit-il.

"Ils sont intelligents, ils vont être essentiels" pour mettre en oeuvre le bolsonarisme et "pourront travailler avec le Congrès", assure-t-il.

- "Un gros problème" -

Ce n'est pas l'avis de tout le monde.

"Ces frères pourraient devenir un gros problème", estime Sylvio Costa, "ils parlent trop, ils ne connaissent pas bien les règles de la politique. Ils ont un style très agressif".

A partir de janvier "ils devront parler à ceux qui ne pensent pas comme eux", avertit M. Costa. "Il sera crucial qu'ils aient une bonne relation avec les autres partis politiques".

Déjà l'omniprésence des fils Bolsonaro depuis l'élection fait grincer les dents.

Miriam Leitao, éditorialiste du quotidien O Globo, a déploré que Flavio et Carlos Bolsonaro aient participé au choix du ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araujo, qu'ils ont auditionné.

"Le président Bolsonaro écoutera toujours ses fils, mais il y a une confusion entre famille et gouvernement", a-t-elle regretté jeudi, "ceci n'est pas normal d'un point de vue institutionnel".

La vie politique au Brésil a toujours été dominée par de grandes familles dont certaines ont bâti des fiefs dans des Etats -- Bahia, Maranhao ou Ceara.

"Mais cette dynastie politique est totalement différente", dit Marcio Coimbra, les Bolsonaro "ont pris le pouvoir dans différents Etats", à Rio de Janeiro et à Sao Paulo.

De plus, c'est le premier clan familial d'extrême droite.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.