Le Venezuela prend des mesures draconiennes contre les coupures de courant

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Par Margioni BERMÚDEZ - Caracas (AFP)
Publié le 01 avril 2019 - 06:31
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Un manifestant proteste contre les coupures d'électricité à Caracas, le 31 mars 2019
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© Yuri CORTEZ / AFP
Un manifestant proteste contre les coupures d'électricité à Caracas, le 31 mars 2019
© Yuri CORTEZ / AFP

Le gouvernement vénézuélien a annoncé dimanche des mesures draconiennes pour tenter de venir à bout des coupures de courant géantes qui paralysent le pays depuis début mars, et qui ont déclenché de nouvelles manifestations.

Alors que de nombreux Vénézuéliens sont descendus dans la rue, bravant la répression de la police et des groupes armés proches du pouvoir, pour exprimer leur exaspération en tapant sur des casseroles, les autorités ont décrété un rationnement de l'électricité pour 30 jours, la suspension des cours dans les écoles et la réduction de la journée de travail.

"J'ai approuvé un plan de 30 jours" pendant lesquels l'électricité sera rationnée afin de tenter de rationaliser la production, le transport, la distribution et la consommation, "avec une attention particulière à garantir la distribution d'eau", a déclaré le président chaviste Nicolas Maduro à la télévision nationale, flanqué de ses ministres et du haut commandement des forces armées.

Les coupures sont dues à des "attaques terroristes" dans le cadre d'une "guerre électrique déclenchée pour rendre fou le pays", a-t-il de nouveau accusé. Ce sont ces sabotages qui, selon lui, affectent la centrale hydroélectrique de Guri, qui fournit au Venezuela 80% de son électricité.

M. Maduro a toutefois relevé que de nombreux Vénézuéliens ne pourraient pas entendre son message, puisqu'ils étaient une nouvelle fois sans électricité dimanche soir.

La journée de travail dans les entreprises privées et les administrations se terminera à deux heures de l'après-midi, a par ailleurs annoncé le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, sans préciser la durée de ces mesures.

Caracas et 20 Etats vénézuéliens sur 23 ont été de nouveau plongés dans le noir vendredi soir et de nombreuses régions sont restées sans courant depuis. Des coupures avaient déjà paralysé le pays du 7 au 14 mars, puis du 25 au 28 mars.

- "Comme à l'âge des cavernes" -

"Voilà six nuits entières que nous sommes sans lumière, nous vivons comme à l'âge des cavernes", s'est lamentée Chiquinquirá Bermúdez, une habitante de Los Puertos de Altagracia, près de la ville pétrolière de Maracaibo.

"Pour le petit-déjeuner j'ai mangé des céréales, pour le déjeuner du pain et pour le dîner du pain", a raconté à l'AFP une autre habitante de la ville, Daniela Pirela. "Et il ne nous reste que quinze litres d'eau", a-t-elle ajouté.

"Nous n'avons pas d'eau, nous n'avons pas de lumière, nous n'avons pas internet, nous n'avons pas de téléphone, nous sommes coupés du monde, nous sommes arrivés à la pire situation que nous puissions imaginer", s'est lui aussi plaint Joaquin Rodriguez, un avocat de 54 ans, alors qu'il manifestait son mécontentement en tapant sur un bidon en plastique dans le quartier de Los Palos Grandes à Caracas.

Certains rassemblements spontanés ont été réprimés par des groupes civils armés, ont rapporté des témoins.

"Il y a une forte répression de la part des +colectivos+ (hommes armés qui s'en prennent à l'opposition), la capuche sur la tête", a indiqué une habitante de Cotiza, un secteur populaire de Caracas.

"Les colectivos ont agressé mon papa. Ils l'ont frappé à l'aide d'un tube et lui ont tiré dessus à bout portant. Une balle lui a frôlé la tête. Les colectivos étaient aux côtés de la police", a raconté un autre manifestant, Brian Vargas, selon qui une jeune femme de 18 ans a par ailleurs été blessée d'une balle dans la jambe.

L'opposant Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, avait appelé samedi ses partisans à "transformer l'indignation en mobilisation" à chaque coupure d'électricité.

L'opposition et des experts du secteur estiment que ces coupures de courant à répétition sont dues au manque d'investissements dans les infrastructures.

"On le voyait venir", a expliqué Miguel Lara, un responsable du système électrique vénézuélien jusqu'en 2004, attribuant les coupures au défaut de maintenance et à la corruption.

Outre les coupures d'électricité, le Venezuela souffre de graves pénuries de toutes sortes, que Nicolas Maduro attribue aux sanctions financières imposées par Washington. Selon l'ONU, près d'un quart des 30 millions de Vénézuéliens ont besoin d'une aide humanitaire "urgente".

L'opposition, elle, accuse le gouvernement d'être responsable de la grave crise économique qui a contraint le pays a diminuer drastiquement ses importations, par manque de liquidités après l'effondrement de la production pétrolière (96% des revenus du pays).

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