Les difficultés du Venezuela pour payer ses dettes se confirment

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Par AFP
Publié le 22 novembre 2017 - 21:20
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Le président vénézuélien Nicolas Maduro au palais présidentiel à Caracas, le 17 octobre 2017
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© FEDERICO PARRA / AFP/Archives
Le président vénézuélien Nicolas Maduro au palais présidentiel à Caracas, le 17 octobre 2017
© FEDERICO PARRA / AFP/Archives

Le Venezuela a été de nouveau sanctionné mercredi pour ses difficultés à rembourser ses dettes: l'agence de notation S&P Global Ratings a constaté son incapacité à payer deux échéances et réaffirmé le statut de défaut de paiement partiel du pays pétrolier.

"Le Venezuela a raté des paiements de 237 millions de dollars sur ses emprunts obligataires à échéance 2025 et 2026", ne parvenant pas à rembourser même à l'issue de la période de grâce de 30 jours, a souligné l'agence dans un communiqué.

S&P n'est pas optimiste pour l'avenir financier du pays, ébranlé par la chute des cours du pétrole qui le prive de liquidités: "il y a une chance sur deux que le Venezuela fasse à nouveau défaut (sur sa dette) dans les trois prochains mois".

Les avertissements des agences de notation se succèdent ces derniers jours, depuis que S&P et Fitch ont constaté un défaut partiel de l'Etat vénézuélien et de sa compagnie pétrolière PDVSA.

Le comité spécial de l'Association internationale des produits dérivés (ISDA) - une instance de créanciers - a lui aussi entériné un défaut de paiement sur trois échéances manquées par PDVSA.

Ces mises en garde pourraient être un prélude à une situation bien plus grave encore: le défaut de paiement général, c'est-à-dire l'impossibilité pour Caracas de ne rembourser aucune de ses dettes.

Et "un défaut n'affecte pas seulement le gouvernement, mais aussi la population, pour qui cela peut être infiniment pire, car nous parlons d'une population fragile", souligne l'économiste Luis Vicente Leon.

Les Vénézuéliens souffrent déjà de graves pénuries d'aliments et de médicaments, faute d'argent pour les importer, ce qui se traduit par une profonde crise politique et humanitaire.

Et le président Nicolas Maduro est aussi soumis à une intense pression de la communauté internationale, dont une grande partie fustige sa radicalisation.

Il n'a désormais pas d'autre choix que de renégocier une dette extérieure estimée à environ 150 milliards de dollars par certains experts.

- Casse-tête financier -

Le gouvernement vénézuélien crie à la persécution des Etats-Unis, qui lui ont infligé de lourdes sanctions financières, et assure être "un bon payeur".

Ces derniers jours, il n'a cessé de démentir les affirmations des agences de notation selon lesquelles il aurait raté des échéances, assurant avoir remboursé comme il le fallait.

Mais pour le cabinet Eurasia, la situation est bien en train d'empirer.

"Le fait que (le gouvernement) continue de laisser expirer les périodes de grâce (d'échéances de dette) fait penser que ses contraintes en termes de liquidités deviennent de plus en plus sévères", soulignait jeudi dans une note Risa Grais-Targow, directrice pour l'Amérique latine du cabinet.

Selon l'analyste, cela aura un impact direct sur PDVSA: "l'aggravation des problèmes financiers du gouvernement et les complications issues des sanctions américaines rendront de plus en plus difficile le paiement des fournisseurs, ce qui accélérera probablement le déclin de la production" de cette entreprise, autrefois le joyau du pays.

De quoi entrer dans un cercle vicieux fatal pour le Venezuela, dépendant à 96% du pétrole pour obtenir des devises.

Dans la perspective de restructurer sa dette, Caracas a récemment obtenu un coup de pouce de la part de la Russie, son deuxième plus important créancier après la Chine, qui a accepté de rééchelonner un crédit de 3,15 milliards de dollars.

Mais même avec ce geste, le Venezuela reste face à un casse-tête financier: il ne dispose plus que de 9,7 milliards de dollars de réserves et doit rembourser au moins 1,47 milliard d'ici à fin 2017, puis 8 milliards en 2018.

Les analystes dans leur ensemble sont pessimistes sur les chances de renégociation avec les créanciers, dont 70% sont nord-américains (Etats-Unis et Canada), selon Caracas.

Car Washington, qui qualifie le gouvernement vénézuélien de dictature, interdit à ses citoyens et banques tout accord avec les autorités vénézuéliennes.

En raison des sanctions, le Venezuela, autrefois pays le plus riche d'Amérique latine, est coupé des marchés financiers, et pourrait devoir affronter des poursuites et la saisie d'actifs et filiales à l'étranger à l'instar de ceux de Citgo, la filiale américaine de PDVSA.

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