Municipales en Turquie : le parti d'Erdogan fait appel à Istanbul et Ankara

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Par AFP - Istanbul
Publié le 02 avril 2019 - 17:16
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Le candidat de l'AKP à Istanbul Binali Yildirim fait une déclaration aux médias, le 31 mars 2019
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© OZAN KOSE / AFP
Le candidat de l'AKP à Istanbul Binali Yildirim fait une déclaration aux médias, le 31 mars 2019
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Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a officiellement contesté mardi le résultat des élections municipales à Istanbul et Ankara, où elles ont été remportées par l'opposition selon des chiffres provisoires.

Des responsables du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) dans ces deux villes ont indiqué avoir déposé des recours auprès des autorités électorales, affirmant avoir relevé des "irrégularités flagrantes".

D'après les résultats provisoires de ces élections municipales qui se sont tenues dimanche, en pleine tempête économique, le bloc d'opposition constitué du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et du Bon parti (droite) a arraché Ankara et Istanbul.

Le candidat de l'opposition à Istanbul, Ekrem Imamoglu, était en tête avec 48,79% des voix, contre 48,52% pour le candidat de l'AKP Binali Yildirim, selon les résultats non officiels publiés mardi par l'agence de presse étatique Anadolu.

Lundi, les instances électorales avaient annoncé que M. Imamoglu devançait de 28.000 voix son rival, après le décompte des voix dans la quasi totalité des bureaux de vote.

Mais mardi, le vice-président de l'AKP Ali Ihsan Yavuz a affirmé lors d'une conférence de presse qu'à présent, seules 20.509 voix séparaient MM. Imamoglu et Yildirim. "La différence va continuer à diminuer", a-t-il assuré, estimant que le scrutin à Istanbul a été "le plus défectueux de l'histoire de notre démocratie. (...) Il y a eu beaucoup d'erreurs, d'irrégularités", a-t-il asséné.

A Ankara, le candidat de l'opposition Mansur Yavas est arrivé en tête avec 50,93% des votes, contre 47,12% pour celui de l'AKP.

Si elle était confirmée, la perte d'Ankara et Istanbul, villes contrôlées depuis 25 ans par l'AKP et ses prédécesseurs islamistes, représenterait un revers cuisant pour M. Erdogan, qui a mis tout son poids dans la campagne pour faire gagner son camp.

Le Haut-comité électoral a dans un premier temps deux jours pour se prononcer sur la recevabilité des recours déposés par l'AKP, mais la procédure pourrait durer une dizaine de jours en comptant les appels possibles.

"Nous avons déposé nos objections auprès des autorités électorales dans l'ensemble des 39 districts d'Istanbul", a déclaré mardi le chef de l'AKP dans la province d'Istanbul, Bayram Senocak.

Il a affirmé que des "irrégularités" avaient été constatées, comme des "écarts exorbitants" entre le nombre réel des suffrages reçus selon lui par M. Yildirim et le comptage transmis aux autorités électorales par certains bureaux de vote.

A Ankara, le représentant de l'AKP, Hakan Han Ozcan, a indiqué que son parti avait contesté les résultats sortis de plus de 3.000 urnes dans les 25 districts de la capitale, affirmant avoir relevé des "irrégularités flagrantes".

Des responsables du parti de M. Erdogan avaient dès lundi contesté les résultats, appelant à recompter des dizaines de milliers de voix selon eux indûment comptabilisées comme nulles, et susceptibles d'améliorer le score de leurs candidats si elles étaient acceptées.

Pendant que l'AKP déposait ses recours, l'opposition célébrait mardi sa "victoire".

Le candidat du CHP à Istanbul, M. Imamoglu, s'est ainsi rendu à Ankara pour se recueillir au mausolée du fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, un geste hautement symbolique que le président Erdogan accomplit lui aussi après chaque victoire électorale.

Le ministère de la Défense a critiqué cette visite. "La cérémonie n'était pas conforme aux procédures", a-t-il affirmé, ajoutant que l'équipe de M. Imamoglu avait reçu des avertissements à cet égard.

M. Imamoglu a appelé l'AKP à reconnaître sa défaite à Istanbul, l'accusant de se "rabaisser" en accrochant des affiches dans la ville proclamant la victoire de son candidat, M. Yildirim.

"C'est une honte", a déclaré M. Imamoglu. "Ils se comportent comme un enfant auquel on aurait arraché son hochet".

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