Processus de paix en Colombie : l'ELN demande des garanties aux Etats-Unis

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Par Santiago PIEDRA SILVA - Quito (AFP)
Publié le 24 avril 2018 - 10:21
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Le négociateur en chef de l'ELN, Pablo Beltran, lors d'un entretien avec l'AFP à Tababela, le 23 avril 2018 en Equateur
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© Rodrigo BUENDIA / AFP
Le négociateur en chef de l'ELN, Pablo Beltran, lors d'un entretien avec l'AFP à Tababela, le 23 avril 2018 en Equateur
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Avant de quitter l'Equateur pour un autre pays garant, suite à la décision inattendue du gouvernement de ne plus accueillir les pourparlers de paix avec l'ELN, le chef des négociateurs de la dernière guérilla de Colombie demande des garanties aux Etats-Unis.

Dans une interview avec l'AFP lundi, Pablo Beltran a expliqué les préoccupations de l'Armée de libération nationale (ELN) maintenant que Quito, siège des négociations depuis leur début en février 2017, a renoncé à son rôle de garant et d'hôte de ce dialogue visant à mettre fin à plus de 50 ans de confrontation armée.

Cette demande de garanties intervient au moment où les Etats-Unis cherchent à obtenir l'extradition, pour trafic de drogue présumé, d'un ex-négociateur de paix des Farc, la puissante guérilla colombienne qui a déposé les armes et s'est convertie en parti politique, après avoir signé un accord de paix historique fin 2016.

Voici des extraits de cet entretien:

- Comment la décision du gouvernement équatorien affecte-t-elle les négociations?

Le travail qui a été effectué ici a été très productif et très important. Nous avons rédigé une lettre, les deux parties (...), où nous demandons au gouvernement équatorien de reconsidérer son retrait comme garant. Cela implique une interruption (des négociations). Nous avons convenu d'un déménagement très rapide afin de perdre le moins de temps possible (...) Nous espérons pouvoir très vite rejoindre le pays où reprendra le cinquième cycle (des pourparlers). Une partie de la délégation se rend dans nos campements pour des consultations rapides et une autre partie va rester en transit au Venezuela. C'est une brève pause de quelques jours.

- Le nouveau siège des négociations est-il déjà défini?

Pas encore, mais les cinq autres pays garants (Brésil, Chili, Cuba, Norvège et Venezuela) se sont proposés pour en être le siège. Nous sommes en consultations avec le gouvernement pour décider dans lequel des cinq pays va reprendre le cinquième cycle.

- Quelles garanties demandez-vous?

Il y a un facteur très important, qui est la proximité avec la Colombie. Plus c'est proche et plus de gens peuvent interagir avec l'équipe de négociation. C'est un paramètre décisif. Un autre: les Etats-Unis ont décidé d'aller contre le processus de paix en Colombie. Donc, quel que soit le pays où s'installe la table des pourparlers, il doit y avoir des garanties juridiques pour la délégation de l'ELN car sans ces garanties, pas de tranquillité pour négocier.

Nous avons envoyé un courrier au Procureur général à Bogota afin qu'il nous dise quelles charges sont retenues contre nous aux Etats-Unis, qui impliqueraient une future extradition de n'importe quel membre de la délégation de l'ELN. Nous n'avons pas reçu de réponse.

De surcroît, où qu'aille l'avion dans lequel se trouvera la délégation de l'ELN, il faut gérer des autorisations de survol, pays par pays. Les Etats-Unis sont des spécialistes pour arraisonner des avions en plein vol et dire +venez répondre de telle accusation", qui jusque là n'était connue de personne.

- Le changement de siège compromet-il un cessez-le-feu bilatéral avant la présidentielle du 27 mai en Colombie?

Nous allons essayer que cela n'ait pas de conséquence et qu'un nouveau cessez-le-feu puisse être conclu avant cette élection.

Il y a des obstacles à résoudre. Par exemple, les Nations Unies nous ont dit que pour exercer leur tâche de vérification, nous devons leur assurer, les deux parties, que pendant un prochain cessez-le-feu il n'y aura pas de modification des forces sur le plan militaire. Donc il faut établir des règles du jeu qui garantissent qu'aucune des deux parties ne tire d'avantages du cessez-le-feu.

- L'ELN suspendra-t-elle ses attaques contre les infrastructures pétrolières?

Oui, elle va l'inclure (...) en parallèle avec des décisions que doit prendre le gouvernement d'ajustement de sa politique énergético-minière et environnementale.

Il y a des discussions très importantes sur les limitations environnementales, sur les titres miniers, sur le respect de l'avis des communautés quand elles s'opposent à l'extraction minière.

- Le cessez-le-feu pourrait-il durer jusqu'à la prise de fonction du prochain président, le 7 août?

Cela va être envisagé, mais ce n'est pas encore décidé. Il doit durer au minimum autant que le premier (101 jours, d'octobre 2017 à janvier 2018: NDLR). Si nous obtenons de définir un nouveau cessez-le-feu avant le 18 mai, cela voudra dire qu'il ira jusqu'à l'installation du nouveau gouvernement.

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