Quel impact pour la rébellion des joueurs de football américain face à Trump ?

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Par AFP
Publié le 29 septembre 2017 - 12:28
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Des joueurs de football américain un genou à terre pendant l'hymne national avant un match à New Yor
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© Brett Carlsen / Getty/AFP/Archives
Des joueurs de football américain un genou à terre pendant l'hymne national avant un match à New York, le 23 septembre 2017
© Brett Carlsen / Getty/AFP/Archives

La vague de protestations chez les joueurs de football américain face aux insultes du président Trump est décrite comme un des actes militants les plus importants chez les sportifs depuis des décennies, mais les experts doutent de son efficacité.

Plus de 150 joueurs de la NFL, la Ligue professionnelle de football américain, en majorité noirs, ont choisi dimanche de mettre un genou à terre, voire de s'asseoir, pendant l'hymne national, avant leurs matches, pour réagir aux propos acerbes de Donald Trump.

Le président américain avait provoqué la colère des joueurs en reprochant un manque de patriotisme à ceux s'agenouillant pendant l'hymne -un moyen de symboliquement dénoncer le racisme aux Etats-Unis- et en les qualifiant notamment de "fils de pute".

Mais, à l'approche de la prochaine grosse journée de rencontres dimanche, la question se pose de savoir si cette vague de contestation va prendre de l'ampleur ou si elle va s'éteindre à petit feu.

Plusieurs joueurs ont déjà prévenu qu'ils ne comptaient pas de nouveau s'agenouiller.

"Je ne vais pas le faire la semaine prochaine. Je ne voulais pas le faire la dernière fois. C'était juste à cause des commentaires du président Trump", a ainsi expliqué à des journalistes Donald Penn, des Oakland Raiders.

- 'Ce pays est divisé' -

A l'inverse, Rishard Matthews, des Tennessee Titans, a prévenu qu'il continuerait de mettre genou à terre "jusqu'à ce que le président s'excuse".

Ces positions opposées remettent en cause l'efficacité de ce mouvement lancé par l'ancien "quarterback" des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick, en 2016. Pour plusieurs experts, le sens de son geste est en train de se perdre.

Selon Orin Starn, professeur d'anthropologie à l'université Duke, M. Trump a détourné le débat en en faisant une affaire de patriotisme, alors que cette marque de protestation s'inscrivait dans la lignée de la tradition militante lancée par les athlètes noirs dans les années 1960, à l'époque du mouvement des droits civiques.

"Il y a une connexion entre Tommie Smith et John Carlos (qui ont levé un poing ganté aux jeux Olympiques de Mexico, NDLR) en 1968 et ce qu'on a vu dimanche: des athlètes noirs qui utilisent le sport pour dénoncer les injustices raciales et dire à l'Amérique qu'elle n'a pas réglé ce problème", a-t-il expliqué à l'AFP.

Mais reste à savoir si la mobilisation des joueurs de football américain sera aussi efficace que celle des deux athlètes qui avaient marqué l'histoire en faisant ce salut lié au mouvement Black Power.

"Je doute que beaucoup de personnes aient changé d'avis après le geste de Kaepernick, ou après le week-end dernier", a poursuivi M. Starn.

"Ce pays est divisé. Une partie pense qu'on est trop conciliants avec les Noirs, et l'autre pense qu'on a des problèmes de racisme et de brutalités policières. Mais je ne suis pas sûr que ce statu quo va évoluer", a-t-il estimé.

- Peu de blancs à genoux -

Pour Mary-Frances Winters, qui dirige une société de conseils spécialisée dans les questions relatives à la diversité, ces manifestations restent "symboliques".

"Maintenant il faut passer à l'étape suivante. Les gens doivent s'asseoir autour d'une table et dialoguer. Quand vous regardez l'histoire, les gens qui protestent sont souvent persécutés. Ce n'est que 50 ans plus tard qu'on les regarde différemment", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Le sens initial du geste de défiance de Kaepernick, qui protestait contre le meurtre de plusieurs Noirs non armés par des policiers, a été oublié, a-t-elle estimé.

Selon elle, "il y a malentendu. Ca n'a rien à voir avec le drapeau, ça n'a rien à voir avec l'hymne, ça a à voir avec les inégalités raciales".

De plus, ajoute M. Starn, la division raciale est visible, même pendant la protestation sur le terrain.

"Les propriétaires (des équipes, en grande majorité des Blancs, NDLR) se sont tenus bras dessus bras dessous avec les joueurs, mais seulement avec ceux qui n'étaient pas agenouillés. Il semble y avoir une division ethnique claire. Je n'ai pas vu beaucoup de joueurs blancs s'agenouiller", a-t-il relevé.

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